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Refonte judiciaire : Un ex-chef de la commission atomique écrit à Netanyahu

Zeev Snir note que le projet de réforme nuira à la lutte contre l'Iran, soulignant qu'il ne figurait pas dans les objectifs prioritaires du Premier ministre

Des techniciens travaillent sur le rédacteur Arak en Iran, situé au sud-ouest de la capitale de Téhéran, le 23 décembre 2019. (Crédit :Atomic Energy Organization of Iran via AP)
Des techniciens travaillent sur le rédacteur Arak en Iran, situé au sud-ouest de la capitale de Téhéran, le 23 décembre 2019. (Crédit :Atomic Energy Organization of Iran via AP)

Un ancien dirigeant de la Commission de l’énergie atomique israélienne a mis en garde dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu contre l’avancée de la réforme du système judiciaire actuellement envisagée par le gouvernement, laissant entendre que les divisions intérieures profondes suscitées par ces mesures controversées pourraient rendre le pays vulnérable face aux attaques.

Zeev Snir, nommé à la tête de la commission atomique par Netanyahu – il devait la diriger entre 2015 et 2022 – a envoyé un courrier au Premier ministre en rappelant à ce dernier les quatre objectifs prioritaires que Netanyahu avait fixés pour son gouvernement lors de la toute première réunion du cabinet, au mois de décembre : Empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire ; restaurer « la sécurité et la gouvernance » au sein de l’État juif ; lutter contre le coût élevé de la vie et contre les prix du logement en hausse et normaliser les liens avec d’autres pays dans le cadre des Accords d’Abraham, soutenus par les États-Unis, qui avaient été conclus en 2020.

« La réforme judiciaire n’avait même pas été mentionnée », a écrit Snir, selon une copie de la lettre qui a été obtenue par le site d’information Ynet.

Il a ajouté que cette focalisation sur la nécessité de mener à bien les changements envisagés dans le système judiciaire israélien sapera les capacités du Premier ministre à atteindre les objectifs fixés par ailleurs, en particulier en ce qui concerne la question iranienne.

« La concurrence stratégique avec l’Iran exige de recruter toutes les ressources de l’État d’Israël et de développer la puissance du pays aux niveaux militaire, économique, diplomatique et social. L’Iran est en train de renforcer sa position et ses capacités pour ce qui est de son programme nucléaire, de ses liens établis avec la Russie et la Chine et dans sa gestion des sanctions, entre autres », a-t-il fait remarquer. « Tout cela alors que l’Occident, avec les États-Unis en tête, s’affaire à la concurrence avec la Chine, se préoccupe de la guerre en Europe, du combat contre la Russie et d’une crise énergétique ».

Snir a raillé le gouvernement qui consacre son énergie à faire avancer des projets de loi qui viendront aider Netanyahu et son allié Aryeh Deri, du parti orthodoxe Shas, à venir à bout de leurs déboires judiciaires, évoquant également l’allocation de fonds publics en faveur de la résidence et des vêtements de la famille du Premier ministre au moment où l’Iran cherche à acheter des avions de chasse à la Russie.

« Les développements qui surviennent au sein de l’État d’Israël en raison de la préoccupation intense qui est suscitée par la réforme judiciaire entrave notre capacité à faire face à l’Iran et à relever d’autres défis à court-terme, à moyen-terme et à long-terme », a-t-il écrit, affirmant que la résilience israélienne était en train de s’éroder et avertissant que le pays devra faire face à de sérieuses conséquences en matière d’image, de pouvoir de dissuasion, d’économie et de relations étrangères.

Zeev Snir, ancien directeur de la commission israélienne de l’Énergie atomique. (Crédit : Wikipedia CC BY/IAEA image bank)

L’ancien chef de la commission de l’énergie atomique s’en est ensuite pris à Netanyahu et à sa coalition de droite, d’extrême-droite et religieuse qui a qualifié les manifestants de « gauchistes », « d’anarchistes » et même de « terroristes ».

« Ce genre d’étiquette… ne fera pas avancer les choses et ne résoudra pas les problèmes. Les dirigeants doivent, de manière sérieuse et courageuse, regarder la réalité en face, assumer leurs responsabilités et faire face aux difficultés ; ils ne doivent pas chercher de bouc-émissaire ou trouver des excuses », a ajouté Snir.

Il a évoqué avec colère les personnalités de la coalition qui ont utilisé une rhétorique condamnant les soldats réservistes opposés à la réforme judiciaire, faisant remarquer qu’il avait cessé lui-même son activité basée sur le volontariat auprès d’une entreprise du secteur de la Défense en résultat.

« Il n’y a pas ‘deux parties’ ici et il n’y a pas de notion de ‘dialogue’ : en réalité, il y a un gouvernement élu dont vous êtes à la tête », a poursuivi Snir. « Sans changement substantiel, nous allons très rapidement nous retrouver dans une situation dans laquelle nous ne devrions pas nous trouver, et dans une situation dont il sera impossible de nous extraire ».

Parlant des changements proposés, Snir a averti qu’ils allaient saper l’équilibre des pouvoirs entre les différentes branches du gouvernement, laissant la majorité de coalition « sans aucune limitation ».

« Je veux rappeler à tout le monde que le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument », a-t-il continué, fustigeant la coalition pour son « arrogance » et son « aplomb excessif ».

« Les Iraniens et nos autres ennemis regardent avec sidération ce qui est en train d’arriver. Pas besoin d’une arme nucléaire pour nous anéantir. Tout ce qu’ils ont à faire, c’est attendre et nous regarder nous détruire. Il est clair pour moi qu’en écrivant ce courrier, je suis automatiquement devenu ‘un ennemi du peuple’ et ‘un gauchiste’. Ce que je ne suis pas », a-t-il indiqué.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le ministre de l’Intérieur et de la Santé Aryeh Deri, à gauche, et le ministre de la Justice Yariv Levin, à droite, pendant l’investiture du nouveau gouvernement israélien à la Knesset, le 29 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Cette lettre a été écrite après une interview qui avait été accordée par Snir au site d’information Ynet, dans laquelle il avait appelé Netanyahu à stopper l’avancée de la réforme judiciaire. Il avait aussi mis en garde contre les progrès réalisés par l’Iran dans son programme nucléaire.

Avec ces propos, Snir avait rejoint une liste importante d’anciens responsables qui avaient été nommés par Netanyahu et qui ont lancé des avertissements concernant les possibles conséquences sécuritaires, économiques et diplomatiques de la réforme judiciaire.

Le plan du gouvernement israélien, tel qu’il se présente actuellement, permettra à la Knesset de passer outre les jugements de la Haute-cour avec la majorité la plus mince, de soustraire de manière préemptive des textes de loi de tout réexamen judiciaire des tribunaux, et il placera la nomination des juges sous le contrôle des politiciens de la coalition au pouvoir.

Les opposants à ces changements affirment qu’ils porteront préjudice à la démocratie israélienne, qu’ils élimineront un contre-pouvoir déterminant et qu’ils laisseront les minorités sans protection. Leurs partisans évoquent une réforme nécessaire pour freiner une Cour qu’ils considèrent comme « trop activiste ».

Un certain nombre de sondages ont révélé que la refonte était très impopulaire auprès du public israélien. Toutefois, une enquête d’opinion a laissé entendre, vendredi, que les Israéliens étaient divisés sur les autorités que devraient suivre les officiels de la sécurité israéliens si une crise constitutionnelle devait survenir – les jugements de la Haute cour ou les décisions gouvernementales.

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