Réforme: Human Rights Watch dénonce un « déchaînement » contre les droits humains
La nouvelle directrice espère que les USA demanderont des comptes ; le ministère des Affaires étrangères israélien lui reproche d'être partiale

La nouvelle directrice de Human Rights Watch a accusé jeudi le gouvernement israélien de se « déchaîner » contre les droits humains, signalant notamment sa ferme opposition à la réforme judiciaire.
« La conformation du gouvernement israélien et ses attaques contre le système judiciaire attestent qu’il n’est pas respectueux des droits humains », a déclaré à Reuters Tirana Hassan, avocate spécialisée dans les demandes d’asile et directrice exécutive de HRW.
« En Israël, le gouvernement se déchaîne contre les droits de l’homme contre sa propre population », a ajouté Hassan.
Lundi, après des mois de manifestations de grande ampleur dans tout le pays, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accepté de mettre en suspens le projet de loi de réforme judiciaire pour tenir des pourparlers avec l’opposition.
En l’état actuel des choses, le paquet législatif permettrait – entre autres – à la Knesset d’invalider les décisions de justice avec une courte majorité, de mettre des lois à l’abri de toute forme de contrôle de légalité et de confier la sélection des juges au gouvernement.
Les partisans de cette réforme assurent qu’elle a vocation à rééquilibrer les pouvoirs d’une Cour par trop activiste, là où ses opposants disent qu’elle fera disparaitre les contrepouvoirs pourtant essentiels sur l’exécutif et le législatif, au péril de la démocratie et des droits de nombreuses personnes.

Hassan espère que les États-Unis « utiliseront » leurs relations pour demander des comptes à Israël en matière de violations des droits de l’homme et amener le gouvernement à reconsidérer sa position.
Elle craint que le projet de réforme judiciaire se révèle un vrai « désastre » pour les droits de l’homme.
La relation bilatérale entre les Etats-Unis et Israël est aujourd’hui au plus mal depuis le retour de Netanyahu au pouvoir : le président américain Joe Biden a, pour la première fois mardi, publiquement exprimé son mécontentement envers la réforme judiciaire et répondu « non » à la question de savoir s’il inviterait Netanyahu à la Maison Blanche, ajoutant : « Pas dans l’immédiat ».
« Nous espérons que les États-Unis (…) demanderont des comptes à Israël pour les violations [des droits de l’homme] avec la même rigueur qu’ils appliquent à la Chine en la matière », a déclaré Hassan.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lior Haiat, a critiqué la nouvelle directrice de HRW, qualifiant ses propos d’« exemple surprenant de sa partialité et de celle de son organisation ».
« Israël est une démocratie forte et dynamique. Les manifestants qui se relaient depuis des mois en sont un exemple frappant. Des centaines de milliers de personnes manifestent dans les rues. Sans violences. Protégés par la police. C’est ainsi que fonctionne une vraie démocratie », a-t-il déclaré.
« Voilà encore une organisation qui s’en prend à Israël pour n’importe quel motif, sans chercher à comprendre et sans le moindre souci d’équité. C’est très triste », a ajouté Haiat.
Les militants des droits humains sont reconnaissants à HRW de son action, mais ses sévères critiques envers Israël – comme les accusations de crimes de guerre et d’apartheid à l’encontre des Palestiniens – sont mal acceptés par les autorités israéliennes et les organisations pro-israéliennes.
Jacob Magid a contribué à cet article.