Saintes rend hommage à ses 19 habitants juifs déportés à Auschwitz
À l’initiative d’Édouard Matarasso, ancien instituteur de 96 ans, une stèle commémorative a été inaugurée le 27 avril pour honorer la mémoire de 19 habitants juifs déportés et exterminés à Auschwitz entre 1942 et 1944

Âgés de 2 à 68 ans, ils étaient dix-neuf. Hommes, femmes, enfants, vieillards. Tous originaires de Saintes, une commune de l’est de la France. Entre 1942 et 1944, ils ont été raflés, déportés vers le camp d’extermination d’Auschwitz, où ils ont péri, victimes de la politique génocidaire du régime nazi. Jusqu’à ce printemps 2025, aucun monument ne rappelait leur existence, ni leur tragique disparition.
Depuis le 27 avril, une stèle érigée dans le village leur rend désormais justice. Gravée de ces mots simples : « Hommage aux 19 Juifs saintais exterminés à Auschwitz, 1942-1944 », elle a été dévoilée lors d’une cérémonie émouvante rassemblant des élus, des habitants, des descendants de victimes et des élèves.
À l’origine de ce projet, Édouard Matarasso, 96 ans, ancien instituteur et champion de tennis de table. Lui-même juif, il a échappé à la déportation en fuyant avec ses parents. Plusieurs des 19 déportés, il les connaissait personnellement.
« Cette stèle est là pour perpétuer la mémoire des Juifs de Saintes, mais aussi pour tirer un coup de chapeau à cette population qui n’a jamais désavoué ses Juifs », a-t-il déclaré, visiblement ému. Pour lui, il s’agit autant d’un devoir de mémoire que d’un acte de reconnaissance envers les habitants de Saintes, qui, à l’époque, n’ont pas cédé à la haine ou à l’indifférence.
Lors de la cérémonie, des élèves du village ont lu les noms des disparus. D’anciens élèves d’Édouard Matarasso et des descendants des familles déportées étaient présents, certains venus de loin pour ce moment symbolique. Les regards humides, les voix posées, chacun a exprimé une même volonté : que l’histoire ne tombe pas dans l’oubli.
La barbarie du IIIe Reich a marqué à jamais l’histoire locale. Cette stèle, modeste en apparence, incarne un engagement collectif : celui de se souvenir, de transmettre, et de faire face à la montée des discours de haine, soixante-dix-neuf ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.