Selon Tom Nides, Trump poussera Netanyahu a mener à bien la phase 2 de l’accord
Selon l'ex-ambassadeur américain, outre Gaza et l'Iran, le Premier ministre et le président discuteront de questions économiques, notamment des règles relatives aux puces IA

Le président américain Donald Trump devrait faire pression sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour que l’accord de cessez-le-feu à Gaza passe à la phase 2, a déclaré l’ancien ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, avant la rencontre de mardi entre les deux dirigeants à Washington, qui, selon lui, sera cruciale pour déterminer la probabilité d’obtenir la liberté des otages encore en vie.
« M. Netanyahu va devoir parler à M. Trump de la procédure à suivre pour mener à bien la deuxième phase, et ce ne sera pas facile car il va se rendre compte que M. Trump veut conclure cet accord », a déclaré Nides lors d’une interview lundi.
« C’est maintenant l’accord de libération des otages du président Trump. »
Netanyahu sera le premier dirigeant étranger à se rendre à la Maison Blanche depuis le retour au pouvoir des républicains le mois dernier. Cette rencontre survient le lendemain de l’ouverture prévue des pourparlers sur la deuxième phase du cessez-le-feu. Trump, qui s’enorgueillit de sa capacité à conclure des accords, a revendiqué le mérite d’avoir scellé l’accord de cessez-le-feu après quinze mois de guerre.
La première phase de l’accord de cessez-le-feu, qui en est à sa troisième semaine, prévoit la libération de 33 otages – dont huit seraient morts – contre près de 2 000 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, dont beaucoup sont des terroristes endurcis. La deuxième phase vise à obtenir la libération des otages encore en vie, le retrait des troupes israéliennes et la fin de la guerre.
« J’espère que cette réunion donnera le coup d’envoi des négociations sur la deuxième phase, mais je m’inquiète de savoir quelle sera la marche à suivre pour y parvenir, car M. Netanyahu aura toutes sortes de défis politiques internes à relever », a averti Nides.

Netanyahu est soumis à de fortes pressions de la part de ses alliés politiques de droite au sein de son cabinet pour qu’il renonce à l’accord et reprenne la guerre afin de vaincre totalement le groupe terroriste palestinien du Hamas, qui a tenté de réaffirmer son pouvoir dans la bande de Gaza depuis l’arrêt des combats le 19 janvier.
« Il s’agit d’une réunion d’une importance cruciale pour Netanyahu, qui aura plusieurs objectifs lors de ce voyage », a déclaré Nides.
« Ramener les otages et s’assurer que Netanyahu a un plan pour Gaza figureront en bonne place à l’ordre du jour. »
S’adressant au Times of Israel lors d’une visite en Israël, Nides a déclaré que les deux dirigeants passeraient également du temps à discuter de la manière de faire face à l’Iran et à ses mandataires.
« Étant donné que l’Iran est beaucoup plus faible qu’auparavant, Netanyahu va essayer d’encourager le président à poursuivre dans cette voie », a estimé Nides.
« Netanyahu essaiera de pousser le président à présenter un plan concernant l’Iran. »
Nides, qui a été ambassadeur des États-Unis en Israël sous l’administration de Joe Biden, s’est dit convaincu que l’aide militaire et l’assistance des États-Unis à Israël se poursuivront.
« L’engagement envers l’État d’Israël est un engagement bipartisan », a-t-il affirmé.

« Je suis sûr que certaines voix s’élèveront, mais je ne doute pas que la grande majorité des membres du Sénat et de la Chambre des représentants soutiendront la prolongation de l’aide à Israël – c’est ce qui me préoccupe le moins. »
Nides a souligné qu’un accord de cessez-le-feu durable et un plan pour Gaza seraient nécessaires pour faire avancer l’objectif longtemps convoité par Trump et Netanyahu : la conclusion d’un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.
« Nous avons un long chemin à parcourir, car la première chose à faire est de mettre fin à la guerre à Gaza, ce qui permettra aux Saoudiens de normaliser leurs relations avec Israël », a-t-il déclaré.
« La normalisation saoudienne changerait la donne pour Israël, comme l’ont été les Accords d’Abraham – c’est de cela qu’il faut s’inspirer. »
En janvier 2024, Nides, ancien cadre de Morgan Stanley, a rejoint le gestionnaire d’actifs alternatifs Blackstone, basé à New York, qui gère 1 100 milliards de dollars d’actifs et a ouvert un bureau à Tel Aviv en avril 2021 afin de tirer parti de la croissance des entreprises technologiques du pays.
À la question de savoir si la nouvelle administration Trump sera favorable à l’économie et à l’industrie technologique israéliennes, Nides s’est montré optimiste, estimant que le nouveau président « sera excellent pour Israël, comme l’a été Joe Biden ».
« M. Trump se soucie d’Israël, de son économie et de sa sécurité », a déclaré Nides.
« Je n’ai aucun doute sur le fait que Donald Trump sera bon pour Israël. »
L’ancien ambassadeur américain a fait savoir qu’il pensait que Netanyahu et Trump discuteraient également de questions économiques, notamment des nouvelles règles d’exportation américaines visant à limiter l’accès aux puces et de processeurs d’intelligence artificielle (IA) avancées, proposées au cours des derniers jours de l’administration Biden. Israël fait partie des 150 pays de la catégorie de deuxième niveau – avec le Mexique, le Portugal et la Suisse – qui, en vertu de ce cadre, pourraient importer des puces IA des États-Unis, mais avec des limites strictes en matière de puissance de calcul.
« C’est un processus d’élaboration de règles que Biden a mis en place, ce qui signifie qu’il y aura une période de discussions et qu’il se passera un certain temps si l’administration Trump décide d’apporter des amendements et de le changer », a-t-il fait remarquer.
« Je ne pense pas qu’ils vont essayer d’éliminer la capacité d’Israël, notre allié le plus important au Moyen-Orient, à développer la technologie pour laquelle il est si réputé. »
« Quand on veut, on peut. Je ne fais pas partie de l’administration, mais je suppose qu’une solution sera trouvée », a-t-il déclaré.

Ce professionnel de Wall Street a déclaré avec enthousiasme que la perspective d’une normalisation des relations avec l’Arabie saoudite, « en plus des Accords d’Abraham, fera d’Israël un lieu d’investissement incroyablement intéressant ».
« Israël est plus sûr aujourd’hui qu’il ne l’a été en vingt ans, étant donné la diminution des capacités de l’Iran, du [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah, du Hamas et des Houthis », selon Nides.
« Je ne pense pas avoir été aussi optimiste qu’aujourd’hui sur Israël comme lieu d’investissement et pour son avenir économique. »
« L’économie israélienne a connu une croissance remarquable pour un pays qui a connu l’enfer et en est revenu », a-t-il ajouté.
Au plus fort de la guerre sur plusieurs fronts, Blackstone a conclu sa plus grosse opération depuis l’ouverture de son bureau à Tel Aviv en 2021. En mai, le géant de l’investissement a pris une participation majoritaire dans la société israélienne de logiciels d’entreprise Priority Software, pour une valeur de 800 millions de dollars.
« Le fait que Blackstone intervienne en 2024 et fasse un très gros chèque à une entreprise dont la grande majorité des activités sont centrées sur Israël est un événement majeur », a déclaré Nides.
« Nous avons conclu un accord en pleine guerre […] Il y aura beaucoup de contrats quand il n’y aura plus de guerre – nous sommes très enthousiastes à ce sujet. »
Interrogée sur les perspectives d’investissement sur le marché israélien cette année, Yifat Oron, directrice générale principale de Blackstone, qui dirige le bureau de Tel Aviv, a répondu que le gestionnaire d’actifs envisageait « un rythme d’un ou deux investissements par an ».
« Parce que nous ne sommes pas une société de capital-risque, nous n’essayons pas d’en faire beaucoup, mais nous essayons de réaliser des opérations intelligentes », a déclaré Oron.
« Lorsque nous investissons, il s’agit d’entreprises matures, en phase finale de développement. »
Nides a indiqué que les appels qu’il reçoit de la part de cadres du secteur de la haute technologie, d’entrepreneurs et d’investisseurs qui créent des fonds témoignent de « l’enthousiasme, de la motivation et de l’attention que suscite l’économie israélienne ».
« Le nombre d’entreprises de capital-investissement qui ont augmenté leurs effectifs en Israël, le nombre d’entreprises de capital-risque, le nombre de start-ups qui ont été créées et le nombre de personnes qui m’appellent pour essayer de lever des capitaux aux États-Unis – c’est une véritable tendance statistique », a-t-il déclaré.
« En tant que personne ayant passé la moitié de sa carrière à Wall Street, je suis convaincu que si vous voulez gagner de l’argent, c’est en Israël qu’il faut investir, car ce pays dispose de la technologie, de la résilience et de l’innovation nécessaires. »
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