Selon une ministre Likud, la Treizième chaine veut la fin de la coalition
Critiquée par la chaîne d’information pour ses propos provocants sur la Shoah, Distel Atbaryan a déclaré que la chaine « voulait » la mort des membres de la coalition
![La ministre de la Diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan, réagissant lors d'une session plénière pour le 74e anniversaire de la Knesset, dans la salle d'assemblée de la Knesset, à Jérusalem, le 6 février 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90) La ministre de la Diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan, réagissant lors d'une session plénière pour le 74e anniversaire de la Knesset, dans la salle d'assemblée de la Knesset, à Jérusalem, le 6 février 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2023/02/F230206YS179-1-640x400.jpg)
La ministre de la Diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan, a déclaré jeudi que la Treizième chaine voulait la mort des ministres du gouvernement et qu’elle boycotterait désormais la chaine suite aux critiques à l’antenne de la part d’un de ses présentateurs.
Cette affaire fait suite aux propos provocants tenus par Distel Atbaryan, mardi, lorsqu’elle s’en est prise à l’opposition en suggérant que Juifs séfarades et ashkénazes ne devraient pas parler de la même manière de la Shoah.
« Je ne serais pas très surprise de découvrir que la Treizième chaine guette le moment où l’un d’entre nous va être assassiné, parce que c’est ce qu’ils veulent au fond », a déclaré Distel Atbaryan dans une interview accordée à la Quatorzième chaîne, alignée à droite.
Distel Atbaryan a tenu ces propos après s’en être prise à la présentatrice de la Treizième chaine, Hila Korach, qui avait critiqué la ministre, la veille, pour ses propos sur la Shoah.
La Treizième chaine a réagi en disant qu’il « s’agit d’une grave incitation à la haine envers les médias israéliens, qui doit être condamnée avec la plus grande fermeté ».
Distel Atbaryan avait ouvert la controverse, mercredi, à l’occasion d’un discours enflammé à la Knesset, s’élevant contre les comparaisons, formulées par certains de ses détracteurs, entre les dirigeants du Likud – elle y compris – et les nazis.
« Ils disent que je suis la ministre de la propagande. Goebbels par ci, Goebbels par là », a-t-elle dit, évoquant Joseph Goebbels, dont le titre officiel était ministre de l’Instruction publique et de la Propagande du Reich.
« Les [comparaisons] nazies sont aussi nombreuses que des confettis. J’en ai treize à la douzaine. Cela ne me choque même plus. »
S’adressant à ses détracteurs, elle a poursuivi : « J’ai une mauvaise nouvelle pour vous : pendant des années, j’ai lutté pour que soit conservée la mémoire des victimes de la Shoah. J’ai combattu la banalisation de la Shoah. Mais rien de tout ça ne me choque plus. Ce sont vos propres familles qui ont été brûlées là-bas. Comment pouvez-vous faire une chose pareille ? »
La plupart des victimes de la Shoah sont des Juifs ashkénazes européens, mais en Israël, la Shoah est présentée, et vécue, comme une tragédie de tout le peuple juif, incluant les Séfarades, originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, qui représentent près de la moitié de la population juive du pays.
Le discours de Distel Atbaryan portait, pour l’essentiel, sur la réforme judiciaire radicale du Premier ministre Netanyahu et son parti, le Likud, qui a surfé, lors de la campagne, sur un sentiment de délaissement démocratique de la part des électeurs séfarades.
Le Likud est majoritaire dans de nombreuses municipalités fortement séfarades.
Certains ministres du gouvernement parlent de l’opposition et du pouvoir judiciaire comme d’une élite privilégiée dominée par l’establishment ashkénaze.
La journaliste Korach, de la Treizième chaine, a dénoncé les propos de Distel Atbaryan lors d’un monologue, dans l’émission du soir.
« Quelque chose, dans votre discours, ne peut que choquer quiconque entend vivre ici au sein d’une nation unie », a déclaré Korach, adressant son monologue à Distel Atbaryan.
« Cette banalisation de la Shoah devrait vous inquiéter parce qu'[on a dit] « vos » familles ont brûlé. »
עומדת שרת ההסברה מעל דוכן הכנסת ואומרת שזילות השואה צריכה להטריד ״אתכם״ כי המשפחות ״שלכם״ נשרפו בשואה. למי בדיוק התכוונת? מי אלה הם ואנחנו? אולי שווה לברר מה המשרד שלך אמור להסביר ובעיקר – איך עושים את זה נכון
הילה קורח על נאום ״נאצים כמו נצנצים״ של גלית דיסטל-אטבריאן@HKorach pic.twitter.com/WAMCmNIfNi
— חדשות 13 (@newsisrael13) March 16, 2023
« De qui parliez-vous ? » a demandé Korach.
« Avez-vous voulu insinuer, par erreur ou non, que la Shoah est un « problème de gauchistes », c’est-à-dire « des Ashkénazes forcément de gauche » ? »
Suite à ce monologue, Distel Atbaryan a écrit sur Twitter: « Je boycotte désormais complètement la Treizième chaine », l’accusant de « déformer injustement » ses propos.
« Cette chaine est devenue un foyer d’incitation à la haine et de venin. Je n’y remettrai pas les pieds », a-t-elle déclaré dans une publication avant son interview sur la Quatorzième chaine.
Les propos de Distel Atbaryan n’ont pas manqué de susciter également un tollé sur les réseaux sociaux.
Pour certains, les propos de la ministre signifient qu’elle peut se moquer ouvertement de la Shoah parce que la plupart de ses victimes ont été des Juifs ashkénazes de gauche, dont les actuelles générations s’opposent à la réforme.
Sur Facebook mercredi, Distel Atbaryan a balayé les critiques d’un revers de main.
« Je maintiens ce que j’ai dit hier soir. Cela ne me choque plus d’entendre mon nom associé au titre de ‘ministre de la propagande’ », a-t-elle écrit, répétant que ce titre la comparait à Goebbels.
Dans une interview, plus tard, avec le Times of Israel, Distel Atbaryan a expliqué ne pas vouloir faire de distinguo entre séfarades et ashkénazes, mais simplement protester contre le manque de respect à la mémoire des victimes de la Shoah, se disant « atterrée par de telles interprétations ».
« Ce n’est pas ce que je voulais dire et, avec le recul, je regrette d’avoir utilisé des termes qui peuvent laisser entendre que j’établis une distinction entre les différents groupes d’Israéliens et la manière dont ils peuvent ou non évoquer la Shoah. Personne ne devrait faire de comparaisons nazies », a-t-elle déclaré.
« C’est inexcusable. Ce que je voulais dire, c’est que cela me fait mal, surtout quand je vois que cela vient de personnes dont les proches ont péri dans le génocide. C’est incompréhensible ».