7 Israéliens accusés d’espionner pour l’Iran auraient effectué 600 missions
Les suspects sont accusés d'avoir photographié pendant deux ans des centaines de sites - bases de Tsahal, ports, Dômes de fer, un stade de foot et une ville du sud
Sept citoyens juifs israéliens ont été inculpés après avoir été arrêtés le mois dernier, soupçonnés d’avoir espionné l’État juif pour le compte de la République islamique d’Iran pendant deux ans en échange de centaines de milliers de dollars.
L’acte d’accusation, déposé au tribunal de Haïfa, accuse Azis Nisanov, 43 ans, d’avoir dirigé un réseau d’espionnage organisé qui a sciemment fourni au régime iranien des photos et d’autres informations sur des installations sensibles, notamment des sites civils, des bases militaires et des batteries de défense anti-missile , et d’avoir espionné un chercheur de l’Université de Haïfa, dans ce que les procureurs ont qualifié d’une des affaires d’espionnage les plus accablantes de l’Histoire du pays.
L’affaire présumée, qui a été révélée par les autorités israéliennes la semaine dernière à la suite de l’arrestation des sept suspects en septembre, est l’un des nombreux complots iraniens présumés impliquant des citoyens israéliens que la police dit avoir découverts ces derniers mois, mettant en lumière les efforts apparents de Téhéran pour nuire à Israël dans le contexte d’une guerre au Moyen-Orient qui s’intensifie.
Les sept personnes ont été accusées d’avoir aidé un ennemi en temps de guerre, l’un des rares chefs d’accusation en Israël passible de la peine de mort ou de la prison à vie, ainsi que d’avoir transmis des informations à un ennemi. Deux suspects ont également été accusés d’obstruction à la justice.
« Il s’agit de l’un des cas les plus graves d’infraction à la sécurité qui ait été découvert dans l’État d’Israël, et qui a été mené par des citoyens israéliens qui savaient très bien qu’ils agissaient contre la sécurité du pays et pour l’Iran, à un moment où Israël était engagé dans une guerre difficile sur plusieurs fronts », a déclaré un porte-parole du ministère de la Justice dans un communiqué.
Les suspects, qui résident tous à Haïfa et dans le nord du pays et qui ont émigré d’Azerbaïdjan, comprennent un soldat qui a déserté l’armée, ainsi que deux mineurs âgés de 16 et 17 ans. Ils ont effectué quelque 600 missions sur deux ans, selon les autorités.
Selon l’acte d’accusation de vingt pages, Nisanov a été contacté pour la première fois par un agent de renseignement iranien nommé dans l’acte d’accusation comme Alkhasan Agayev dans la seconde moitié de 2022 par l’intermédiaire d’une connaissance commune et a accepté de prendre des photos de sites sensibles en échange d’argent, en raison des difficultés financières qu’il traversait.
Alors que le groupe était principalement géré par Agayev, ils étaient également en contact avec un deuxième agent, nommé seulement comme « Orkhayan », allèguent les procureurs.
« Les deux agents étaient en contact permanent avec les suspects et les recrutaient pour effectuer diverses tâches dans le but de recueillir des renseignements pour le régime iranien, notamment en photographiant et en recueillant des informations sur les infrastructures civiles, les bases militaires, les systèmes de défense et les armes de l’armée israélienne, ainsi qu’en pistant diverses personnes », indique le communiqué du ministère de la Défense.
Les procureurs affirment que Nisanov a d’abord recruté Vyacheslav Gushchin, un ancien employé de 46 ans, pour l’aider à prendre des photos et à collecter des informations. En 2023, des problèmes de santé ont contraint Sadykov à limiter ses activités d’espionnage, ce qui a conduit Nisanov à intégrer d’autres personnes dans la cellule, notamment Alexander Sadykov, 58 ans, qui est devenu son adjoint.
Ont également été amenés son fils, Yigal Nisan, 20 ans, qui servait comme soldat enrôlé dans l’armée de l’air à l’époque, Evgeny Yoffe, 47 ans, qui était un ami de Sadykov, et les deux mineurs qui n’ont pas été nommés, selon les procureurs. L’acte d’accusation note que Nisan a été déclaré absent le 4 décembre 2023.
Selon l’acte d’accusation, l’activité d’espionnage s’est poursuivie après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, bien qu’en novembre le groupe ait adopté une couverture – se faisant passer pour des guides touristiques – pour faire face à la sécurité accrue au lendemain des massacres et du déclenchement de la guerre à Gaza qui s’en est suivie.
Parmi les lieux photographiés par le groupe figurent des dizaines de sites militaires dans tout le pays, y compris des bases aériennes qui ont été prises pour cible par l’Iran lors d’attaques de missiles balistiques contre Israël en avril et le 1er octobre.
À la suite de l’attaque du 13 avril contre la base aérienne de Nevatim, dans le sud d’Israël, l’un des suspects anonymes a été chargé de photographier ce qu’il pouvait des dégâts causés à la base, ont indiqué les procureurs.
D’autres sites photographiés par le groupe, tels qu’une base du Directorat des Renseignements militaires sur le mont Meron et Glilot au nord de Tel Aviv, où l’agence de renseignement du Mossad et l’unité d’élite 8 200 du Corps de Collecte de Renseignements sont basées, ont été pris pour cible par des groupes terroristes mandataires iraniens tels que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au cours des derniers mois, ont indiqué les procureurs.
À Haïfa et à Eilat, le groupe a envoyé à de multiples reprises des photos des bases navales et des ports civils des deux villes. Ils ont également photographié le port civil d’Ashdod, les batteries du système de défense anti-missile du « Dôme de fer » déployées en Israël, les centrales électriques près de Hadera et à côté de la base militaire d’Elyakim en Basse Galilée, ainsi que d’autres installations cruciales.
Le groupe a également recueilli des informations sur un professeur anonyme de l’Université de Haïfa qui fait des recherches sur les gisements de gaz fossile, et plus particulièrement sur le Caucase, selon l’acte d’accusation.
Ils sont également accusés d’avoir tenté de recueillir des informations sur des sites étrangers, notamment en affrétant un bateau pour Chypre afin de photographier le port de l’île et la piste d’atterrissage des vols entre l’île et Israël. Ils ont également été chargés de photographier un port jordanien depuis Eilat.
« Notre évaluation est que les activités de ce réseau ont causé des dommages à la sécurité d’Israël », a déclaré un responsable de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet lors de l’annonce des arrestations lundi.
À la mi-septembre, le groupe a été chargé de fournir des photographies de matchs de football au stade Turner de Beer Sheva, ainsi que d’entraînements de ligues de jeunes. Le groupe était également chargé d’espionner la ville voisine de Lahav. Plusieurs membres ont été arrêtés par les autorités alors qu’ils prenaient des photos de la communauté le 19 septembre, et Gushchin et Yaffe ont été arrêtés quelques jours plus tard.
En échange de leurs actions, les suspects ont reçu 300 000 dollars, y compris une compensation pour les dépenses d’équipements tels que des caméras et des téléphones, selon l’acte d’accusation. L’argent a d’abord été transféré par l’intermédiaire d’agents de change avant d’être envoyé sous forme de crypto-monnaie. Aucun intermédiaire n’est cité dans l’acte d’accusation.
Les autorités ont déclaré qu’elles demandaient une ordonnance du tribunal pour maintenir les sept personnes derrière les barreaux jusqu’à la fin de la procédure judiciaire.
Après que la nouvelle des arrestations a éclaté plus tôt cette semaine, le ministre de la Culture et des Sports, Miki Zohar, a appelé Israël à imposer la peine de mort aux personnes reconnues coupables de trahison en temps de guerre.
« Le phénomène des traîtres à la patrie qui nuisent à la sécurité d’Israël pour de l’argent alors que nous luttons pour notre avenir dans une guerre existentielle exige les mesures les plus sévères, y compris une loi autorisant la peine de mort pour avoir aidé l’ennemi en temps de guerre. C’est la seule façon de créer une dissuasion claire qui empêchera d’autres cas similaires », a affirmé Zohar dans un communiqué.
Le code pénal israélien prévoit déjà la peine capitale, mais uniquement pour des cas extrêmement rares, dont la trahison.
Ces derniers mois, le Shin Bet a annoncé une série de complots iraniens présumés, dont certains dans lesquels Téhéran avait tenté de piéger des Israéliens en ligne pour qu’ils effectuent des missions.
Mardi, les autorités ont annoncé avoir arrêté un autre réseau d’espionnage iranien composé de sept personnes, cette fois à Jérusalem-Est, qui aurait cherché à assassiner un scientifique nucléaire israélien ainsi que le maire d’une grande ville du centre d’Israël.
En septembre, un habitant d’Ashkelon, dans le sud du pays, a été interpellé après s’être rendu clandestinement en Iran à deux reprises et avoir reçu de l’argent pour effectuer des missions pour le compte de Téhéran. On lui aurait demandé d’assassiner le Premier ministre israélien, le ministre de la Défense ou le chef du Shin Bet.
Puis, le 14 octobre, un homme et sa compagne de 18 ans, tous deux originaires de Ramat Gan, ont été interpelés pour sabotage et vandalisme pour le compte d’un agent iranien.
Le 16 octobre, la police israélienne et les services du procureur de l’État ont annoncé l’arrestation d’un habitant du centre d’Israël qui se serait procuré une arme afin de tuer un scientifique israélien sur ordre d’un agent iranien, après avoir effectué plusieurs tâches mineures pour le compte de ce dernier.
Ces affaires font suite à la découverte par les autorités, en janvier, d’un système impliquant des Israéliens qui auraient été recrutés pour recueillir des renseignements sur des personnalités de premier plan.
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