Inculpation d’un réseau d’espions de Jérusalem-Est ; le dirigeant aurait reçu 7 000 $ de l’Iran
Les suspects, âgés de 19 à 23 ans et presque tous israéliens, sont accusés de complot en vue d'assassiner un scientifique nucléaire israélien et un élu municipal

Les procureurs ont inculpé mercredi sept habitants de Jérusalem-Est soupçonnés d’espionnage pour le compte de Téhéran et de préparation d’attaques en Israël et donné quelques détails sur ce qui constitue le cinquième complot iranien déjoué en Israël en l’espace d’un peu plus d’un mois.
Les suspects, des hommes âgés de 19 à 23 ans originaires du quartier de Beit Safafa, dans la capitale, n’avaient pas d’antécédents judiciaires criminels ou liés à des questions de sécurité. Ils auraient fomenté un complot pour assassiner un scientifique israélien spécialiste du nucléaire et le maire d’une grande ville du centre d’Israël, expliquent les autorités dans un communiqué diffusé mardi.
Six des suspects sont des ressortissants israéliens et le dernier est un résident permanent. Le chef du réseau, un jeune homme âgé de 23 ans nommé Rami Alian, a été recruté par un agent iranien, et il a à son tour trouvé six complices, ajoutent les autorités.
Les suspects « travaillaient dans le cadre d’une cellule organisée au sein de laquelle chacun avait un rôle bien défini », explique un membre des autorités de la sécurité, ajoutant que les suspects se connaissaient d’avant et entretenaient des relations qui les aidaient à bien coordonner leurs activités.
Selon l’acte d’accusation, l’agent iranien a contacté Alian via Telegram en se présentant comme un homme âgé de 38 ans travaillant pour le ministère iranien du Renseignement.
Avec les amis qu’il avait recrutés, Alian a, moyennant finances, effectué diverses tâches à la demande de l’agent iranien : il aurait ainsi mis le feu à deux voitures pour 2 000 shekels dans le quartier d’Ein Kerem à Jérusalem et il a installé des affiches dans la capitale en faveur de la libération des otages pour 90 shekels par affiche.
Alian et ses partenaires auraient parfois tenté de faire croire à leur recruteur qu’ils avaient effectivement accompli les tâches demandées. Ainsi Alian aurait enterré une grenade à l’endroit prévu avant de la récupérer un peu plus tard : par ailleurs, le groupe aurait fait mine d’attaquer la maison d’un soldat israélien en se filmant en train de lancer une grenade assourdissante, en fait sur une maison palestinienne de Cisjordanie.
L’acte d’accusation indique par ailleurs qu’Alian s’est procuré une fausse plaque d’immatriculation de la police afin d’organiser une attaque contre une voiture de police.

La fausse plaque d’immatriculation de la police a été découverte lors d’une perquisition au domicile des suspects au moment de leur arrestation, ainsi que 50 000 shekels et 10 cartes de crédit.
Les procureurs estiment qu’Alian a converti en espèces 26 000 shekels en crypto-monnaies lors de son contact avec l’agent iranien.
L’accusation la plus grave de l’acte d’accusation fait état d’un complot en vue de l’assassinat d’un scientifique israélien spécialisé dans le nucléaire. Au titre des préparatifs de l’assassinat, la cellule d’Alian a pris des photos de l’Institut Weizmann tard dans la nuit pour 5 000 shekels, mais uniquement depuis l’extérieur de l’enceinte, les services de sécurité les ayant empêchés d’entrer sur le campus.
Alian a finalement reçu la photo et l’adresse du scientifique en question dont la République islamique voulait se débarrasser : on lui aurait dit qu’il toucherait 200 000 shekels s’il réussissait, expliquent les autorités israéliennes.
Il se serait préparé à l’action en se procurant des informations sur sa cible – habitudes et informations personnelles – mais la cellule a été arrêtée avant de pouvoir passer à l’acte.
Les suspects sont accusés d’avoir aidé l’ennemi en temps de guerre, d’avoir contacté un agent étranger, d’avoir fourni des informations à l’ennemi sans oublier les charges d’association de malfaiteurs en vue de commettre un assassinat terroriste, d’utilisation d’une arme à des fins terroristes, d’incendie criminel et d’entrave à la justice.
Selon la police, Alian aurait déclaré aux enquêteurs qu’il savait pertinemment qu’il travaillait pour les Iraniens et qu’il voulait effectivement porter atteinte à la sécurité israélienne en raison de la guerre à Gaza. « Je suis fier qu’un Iranien soit venu me trouver », aurait-il dit.

Il semblerait que ce soit le premier cas récent d’espionnage en réseau à motivation nationaliste et non purement pécuniaire – même si les détails sur d’autres potentiels cas sont rares.
Les membres de ce réseau présumé auraient été en contact direct avec leurs gestionnaires iraniens. « Ils n’ont pas été aidés par un intermédiaire turc, comme ce fut le cas dans d’autres affaires récentes ; ils ont utilisé d’autres moyens que nous ne pouvons pas révéler », explique un haut responsable de la police.
L’enquête sur le réseau a commencé en septembre dernier et la police a interpelé les suspects le 19 septembre. Les procureurs ont requis la détention pendant toute la durée de leur procès.
Ces derniers mois, le Shin Bet a évoqué l’existence de plusieurs complots iraniens, dont certains ont eu pour but de recruter des Israéliens en ligne pour leur faire effectuer des missions.
En janvier de cette année, les autorités ont découvert que des Israéliens avaient été recrutés pour recueillir des renseignements sur des personnalités de tout premier plan.
En septembre, un habitant d’Ashkelon, dans le sud du pays, a été interpelé après s’être rendu clandestinement en Iran à deux reprises et avoir reçu de l’argent pour effectuer des missions pour le compte de Téhéran. On lui aurait demandé d’assassiner le Premier ministre israélien, le ministre de la Défense ou le chef du Shin Bet.

Puis, le 14 octobre, un homme et sa compagne de 18 ans, tous deux originaires de Ramat Gan, ont été interpelés pour sabotage et vandalisme pour le compte d’un agent iranien.
Le 16 octobre, la police israélienne et les services du procureur de l’État ont annoncé l’arrestation d’un habitant du centre d’Israël qui se serait procuré une arme afin de tuer un scientifique israélien sur ordre d’un agent iranien, après avoir effectué plusieurs tâches mineures pour le compte de ce dernier.
Et ce lundi, on a annoncé l’arrestation de sept ressortissants israéliens – des olim originaires d’Azerbaïdjan – déjà interpelés le mois dernier et soupçonnés d’espionnage pour le compte de l’Iran depuis deux ans. Ils auraient effectué des centaines de tâches à la demande de la République islamique contre des centaines de milliers de dollars.
Les suspects sont accusés d’avoir pris des photographies et collecté des informations sur les bases militaires et infrastructures de Tsahal, notamment sur le quartier général de la Défense Kirya, à Tel Aviv, et les bases aériennes de Nevatim et Ramat David, attaquées par l’Iran et le Hezbollah depuis le déclenchement de la guerre l’an dernier.
Les suspects dont l’interpellation a été annoncée lundi sont par ailleurs accusés d’avoir recueilli des informations sur le Dôme de fer – batteries et infrastructures énergétiques – et notamment sur la centrale électrique de Hadera. Leurs gestionnaires leur auraient en outre remis des cartes de sites stratégiques.