Shaked: Israël plafonnera l’accès aux Ukrainiens non éligibles à la Loi du retour
La ministre de l'Intérieur refuse de préciser le nombre de réfugiés non éligibles à la citoyenneté et affirme que la priorité d'Israël est d'intégrer la vague prévue d'olim

La ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked a déclaré lundi qu’Israël plafonnera le nombre de réfugiés ukrainiens autorisés à entrer et qui ne sont pas éligibles pour immigrer dans l’État juif – mais n’a pas indiqué à combien s’élèverait ce chiffre.
« Nous allons approuver une sorte de plafond humanitaire pour les personnes qui ne sont pas éligibles en vertu de la Loi du retour », a déclaré Shaked à la radio publique Kan lundi matin. « Dans les prochains jours, je formulerai une politique organisée, car nous devons mettre de l’ordre dans cette situation. »
Shaked a refusé de préciser le nombre de réfugiés ukrainiens non éligibles à devenir citoyens qu’Israël sera prêt à accepter. Elle serait favorable à un plafonnement des entrées aussi bas que possible, tandis que le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid souhaiterait qu’Israël en accepte un plus grand nombre.
Les autorités chargées de la population et de l’immigration ont déclaré lundi matin que depuis le déclenchement de la guerre le 24 février, 2 792 ressortissants ukrainiens sont arrivés en Israël ; 129 d’entre eux se sont vu refuser l’entrée pour des raisons non précisées.
Au cours du mois de février, 3 226 Ukrainiens ont atterri en Israël ; 248 d’entre eux se sont vu refuser l’entrée et 2 134 en sont ressortis, a indiqué le ministère.
En vertu de la Loi du retour, toute personne ayant au moins un grand-parent juif a le droit de devenir un citoyen israélien.
Selon la ministre Shaked, seulement 10 % des personnes entrées en Israël depuis le début de la guerre peuvent prétendre à la citoyenneté. Elle a déclaré que l’objectif premier d’Israël est d’absorber les réfugiés juifs et toute autre personne qui a le droit de devenir citoyen, et non pas tous les réfugiés.
« Israël a un énorme défi à relever pour absorber ceux qui sont éligibles en vertu de la Loi du retour », a-t-elle déclaré. « Nous nous attendons à des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers si un grand nombre se décidait à venir de Russie et d’autres anciennes nations soviétiques. C‘est cela notre mission principale. »
Alors que l’Ukraine se targue d’avoir une importante communauté juive, il n’est pas certain qu’un tel chiffre se matérialise, et l’Agence juive a indiqué qu’il ne semble pas y avoir de vague d’immigration russe en préparation.

Alors qu’Israël anticipe une vague de nouveaux immigrants, la ministre a déclaré que « bien sûr, en tant que nation occidentale, nous accueillerons également des réfugiés de manière générale « .
Shaked a déclaré qu’une nouvelle politique sera annoncée dans les prochains jours, et en attendant, tout réfugié ukrainien qui se présentera en Israël sera autorisé à entrer avec un visa touristique après une brève inspection. Actuellement, les réfugiés ukrainiens qui n’ont pas de parents au premier degré en Israël doivent verser une caution de 10 000 shekels, qui devrait leur être restituée à leur départ.
Cette caution est considérée comme une garantie pour que les Ukrainiens ne restent pas en Israël, car le pays accorde rarement le statut de réfugié aux non-Juifs et leur permet plutôt une entrée temporaire en tant que touristes. Le ministre des affaires de la diaspora, Nachman Shai, qui s’est rendu en Pologne lundi, a appelé à l’annulation de la caution, la qualifiant d' »illogique et d’inhumaine ».
« Nous constatons que la plupart des personnes qui viennent ont de la famille [en Israël], et c’est compréhensible « , a déclaré Shaked. « Mais dans les jours à venir, nous devrions formuler des critères particuliers, pour fournir des visas de travail à un certain nombre d’individus. La situation évolue de jour en jour. »
De 2018 à 2021, plus de 15 000 Ukrainiens se sont vus refuser l’entrée sur le territoire, souvent en raison de craintes d’immigration illégale, selon Haaretz. À la veille de la guerre, les Ukrainiens représentaient près d’une personne sur quatre en Israël avec un visa expiré, selon le quotidien.
Shaked a affirmé qu' »il n’existe aucun pays qui puisse ouvrir ses portes à quiconque le souhaite de manière illimitée, et surtout pas un pays aussi petit qu’Israël ».
Le Premier ministre Naftali Bennett a déclaré pour sa part que les réfugiés ukrainiens ne devraient pas être freinés par la bureaucratie israélienne, et a souligné que le pays mettra l’accent sur l’absorption de nouveaux immigrants juifs.
« Les conséquences de la guerre s’étendent partout, y compris chez nous. L’État d’Israël a absorbé, à ce jour, des centaines de réfugiés, certains juifs, la plupart non », a-t-il déclaré à la commisssion ministérielle de l’alyah et de l’intégration. « Naturellement, l’État d’Israël accordera la priorité aux réfugiés juifs. »
« Il est inconcevable que notre bureaucratie interne crée des obstacles. Nous devons mettre tout en œuvre afin de couper à travers la bureaucratie pour mener à bien cette mission historique », déclare Bennett.
Les commentaires du Premier ministre interviennent alors que l’on rapporte que des réfugiés sont obligés d’attendre pendant des heures à l’aéroport Ben Gurion, le temps que les formalités administratives soient réglées
Environ 400 nouveaux immigrants d’Ukraine – dont une centaine d’orphelins – ont atterri en Israël dimanche sur des vols en provenance de Pologne, de Moldavie et de Roumanie.
L’ONU estime que plus de 1,5 million de personnes ont fui l’Ukraine depuis que la Russie lancé son invasion le mois dernier. La grande majorité d’entre elles sont passées par la Pologne, mais beaucoup ont poursuivi leur route depuis.