Smotrich et la fin de la démolition des constructions illégales en Cisjordanie ?
Le ministre aurait bloqué la quasi-totalité des demandes de démantèlement de bâtiments israéliens non autorisés depuis qu'il a compétence sur les questions civiles de Cisjordanie
Selon une information publiée dimanche, la démolition de bâtiments illégaux construits par des résidents d’implantations israéliens en Cisjordanie est au plus bas depuis que le chef du parti HaTzionout HaDatit, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, a reçu compétence sur les questions civiles dans ce territoire.
Selon le journal Haaretz, les autorités israéliennes ont démoli en moyenne 25 bâtiments par mois en 2022 dans les implantations et avant-postes. Depuis février, date à laquelle Smotrich a reçu compétence sur la question, le bilan est tombé à deux démolitions autorisées par mois.
« Depuis quelque temps, il n’y a plus vraiment de démolitions », aurait déclaré un responsable du ministère de la Défense cité par Haaretz. « Autrefois, l’application de la loi était un problème interne à Tsahal. Dorénavant, la quasi-totalité des questions sont renvoyées sur l’Administration des implantations. »
L’Administration des implantations a été créée en février lorsque Smotrich a été nommé second ministre au ministère de la Défense et a reçu compétence sur certaines questions auparavant dévolues au coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) et à l’Administration civile, agences du ministère de la Défense chargées des affaires civiles dans la zone C de Cisjordanie où Israël a un contrôle total des questions civiles et de sécurité.
Dans le cadre de cet arrangement, l’Administration des implantations a été créée au sein du ministère de la Défense sous l’autorité de Smotrich, pour « gérer et diriger » ces activités de l’Administration civile et du COGAT.
Selon cette source, Smotrich aurait non seulement refusé les autorisations de démolition de bâtiments, mais il aurait également tenté de s’opposer aux démolitions et évacuations déjà en cours.
Ces dernières semaines, un certain nombre de nouveaux avant-postes illégaux ont été établis en Cisjordanie suite à un attentat terroriste palestinien qui a coûté la vie à quatre Israéliens aux abords de l’implantation d’Eli, dans la partie nord du territoire.
Ces avant-postes ont été mis en place avec l’autorisation explicite du gouvernement, malgré les pressions de la communauté internationale, et notamment celle des États-Unis, pour limiter la construction des implantations.
Le ministre d’extrême droite de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, s’est rendu à l’avant-poste d’Evyatar, demandant aux résidents d’implantations israéliens juifs de « courir vers les collines », un appel à établir de nouveaux avant-postes.
Evyatar a été créé sans autorisation, en 2013, dans le sillage d’un attentat terroriste aux abords du carrefour Tapuah, qui a coûté la vie à Evyatar Borovsky. L’avant-poste a par la suite été démoli, mais en 2021, l’organisme spécialisé dans les implantations Nachala y a organisé le retour de plusieurs familles et militants.
Le précédent gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu s’était engagé, il y a de cela plusieurs années, à trouver une solution pour les résidents d’Evyatar, en échange de quoi ils avaient de leur plein gré quitté l’avant-poste sans que les structures du site ne soient démolies.
Le nouveau gouvernement Netanyahu, entré en fonctions en décembre, s’est engagé, dans le cadre d’accords de coalition avec Smotrich, à légaliser Evyatar, qui est probablement construit sur des terres appartenant palestiniennes, même si cette question n’a pas été entièrement réglée par les tribunaux.
L’article de Haaretz précise que même avant l’arrivée de Smotrich aux affaires, les démolitions de constructions israéliennes illégales en Cisjordanie avaient déjà sensiblement diminué, comparées à celles des constructions palestiniennes illégales.
Haaretz souligne qu’en 2019, sur 187 ordres de démolition émis en Cisjordanie, 159 ont été délivrés à l’encontre de Palestiniens et 28 seulement à l’encontre de résidents d’implantations.