Suisse : Un élu accusé de « complicité de génocide » pour avoir réclamé la fin de l’aide à l’UNRWA
Surpris par la plainte pénale qui le vise, David Zuberbühler est cependant convaincu qu'elle « restera sans effets », alors que sa motion déposée au Parlement pourrait bien être adoptée

Un député d’extrême-droite suisse, à l’origine d’une motion déposée auprès du Parlement pour demander de « suspendre immédiatement les contributions » de la Confédération helvétique à l’UNRWA, est visé par une plainte pour « complicité de génocide » à Gaza, selon la Radio Télévision Suisse (RTS).
Le Ministère public de la Confédération, la plus haute instance du pays en matière de justice pénale, a confirmé avoir reçu un signalement par des personnes pro-palestiniennes au sujet du député David Zuberbühler, membre de l’Union démocratique du centre (UDC). Pour l’heure, aucune procédure pénale n’a été ouverte.
Dans le texte de la motion déposée par Zuberbühler, le député affirme que « l’UNRWA est infiltré par des sympathisants du Hamas ». Faisant référence aux accusations qui pèsent sur l’agence controversée pour les réfugiés palestiniens, il ajoute que « ce n’est pas la prochaine génération de médecins, d’artisans et d’enseignants qui est actuellement formée dans leurs écoles, mais la prochaine génération de terroristes et leurs soutiens ».
Le député estime donc que « la Suisse ne doit plus soutenir, même indirectement, le terrorisme et l’antisémitisme ». Et d’ajouter : « Pour ce faire et pour que la Suisse redevienne un véritable médiateur de paix, il est impératif de mettre fin à son financement de l’UNRWA ». À l’heure actuelle, la Suisse est le neuvième plus gros contributeur au budget de l’UNRWA.
« On a des lois, le droit international et les Conventions de Genève qui n’ont pas été créés pour rien », estime de son côté Franziska Schaffner, une militante pro-palestinienne de Zürich qui fait partie des quatre signataires du signalement fait contre le député, aux côtés notamment d’un élu écologiste au parlement cantonal du Tessin.
« Cela fait peur quand on voit que nos représentants politiques se solidarisent plutôt avec le côté qui viole ces droits qu’avec ceux qui les représentent, qui sont là pour nous protéger tous », a-t-elle ajouté.

Interrogé par la RTS sur la plainte à son encontre, David Zuberbühler a indiqué avoir « évidemment remarqué de temps en temps un vent glacial à mon encontre, je l’ai senti souffler dans certains cercles ».
« Mais je ne m’attendais pas à être victime d’une telle plainte pénale, qui va vraisemblablement s’ensabler et restera sans effets », dit-il.
Les chefs d’accusation, dont celui de « complicité de génocide », tous détaillés dans un document d’une trentaine de pages adressé au Ministère public de la Confédération, relève du droit international, ce qui aurait pour effet de faire sauter l’immunité parlementaire du député UDC s’il était formellement poursuivi.
Une majorité du Conseil national, la chambre basse du Parlement suisse, s’est prononcée en faveur de la motion de Zuberbühler. Le Conseil des États, la chambre haute, doit à son tour se prononcer.