UNRWA/Hamas : Israël dépose un dossier devant la CIJ
Dans son dépôt à la Cour internationale de justice défendant sa législation interdisant l'UNRWA, Israël détaille l'implication du personnel de l'agence dans les atrocités du 7 octobre et les activités terroristes
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Israël a déposé un dossier auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) dans lequel il détaille les liens présumés entre des employés de l’UNRWA, l’agence controversée d’aide palestinienne des Nations unies, et le Hamas. Le dossier en question inclut également le témoignage d’une ex-otage israélienne qui aurait été détenue par l’organisation terroriste dans une installation de l’UNRWA au sein de la bande de Gaza.
En décembre, la CIJ a accepté de répondre à la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies visant à émettre un avis consultatif sur la législation israélienne interdisant les opérations de l’UNRWA en Israël et interdisant aux agences d’État d’avoir tout contact avec l’agence controversée, rendant ainsi ses opérations à Gaza et en Cisjordanie plus difficiles.
La loi israélienne a été contestée à l’Assemblée générale des Nations unies par la Norvège, qui affirme qu’elle est contraire au droit international et qu’elle viole les obligations d’Israël consistant à faciliter l’aide humanitaire destinée à la population civile de Gaza, un rôle notamment assuré par l’UNRWA et d’autres agences onusiennes.
Vendredi, le ministère des Affaires étrangères israélien a déposé un document auprès du tribunal s’opposant à ce qu’il a qualifié de « processus déformé » dont le résultat était « prédéterminé », et qui, selon le ministère, ne tenait pas compte de l’implication du personnel de l’UNRWA dans les événements de l’invasion et du massacre du 7 octobre par le Hamas.
« Le processus ignore les atrocités du 7 octobre et l’implication honteuse des employés de l’UNRWA dans le massacre et les activités terroristes du 7 octobre », a déclaré le ministère des Affaires étrangères.
« Il s’agit d’un processus fondamentalement vicié dans lequel, par le biais de la majorité politique automatique contre Israël à l’ONU, les institutions du droit international sont utilisées pour prendre des décisions politiques », a ajouté le ministère.

Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le document déposé auprès de la CIJ « expose le parti pris délibéré » dans la demande d’avis consultatif, ainsi que « les liens des employés de l’UNRWA avec les activités du Hamas, l’implication profonde des employés de l’UNRWA dans des activités terroristes, l’utilisation des installations de l’UNRWA pour des activités terroristes et les nombreuses violations de la neutralité à laquelle les institutions des Nations unies sont tenues ».
Selon la chaîne publique Kan, le document, qui n’a pas été rendu public, contenait également le témoignage de l’un des ex-otages israéliens sur sa détention dans un établissement de l’UNRWA.
En janvier, Emily Damari, qui a été retenue en otage par le Hamas pendant 15 mois et qui a la nationalité britannique, a déclaré au Premier ministre britannique Keir Starmer qu’elle avait été détenue dans des établissements de l’UNRWA à Gaza pendant sa captivité.
Emily Damari a également déclaré à Keir Starmer que, pendant sa détention dans un établissement de l’UNRWA, on ne lui avait donné qu’une bouteille périmée d’iode pour traiter les blessures par balle qu’elle avait subies à la jambe et à la main gauche au moment de son enlèvement le 7 octobre 2023.
En réponse, le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, avait qualifié ces allégations de « profondément troublantes et choquantes ». Il a déclaré que l’UNRWA avait été contrainte de quitter ses installations dans le nord de la bande de Gaza le 13 octobre 2023 et n’en avait plus le contrôle depuis cette date, et que la même chose s’était produite dans d’autres installations de l’UNRWA à différents endroits du territoire.
Israël a adopté sa législation après une série de révélations et d’allégations israéliennes sur le lien entre certains membres du personnel de l’UNRWA et les événements du 7 octobre et, plus généralement, les activités terroristes.
Israël a allégué que des dizaines de responsables et d’employés de l’UNRWA ont directement participé et aidé aux atrocités du 7 octobre, et a fourni des preuves contre plusieurs de ces employés.
L’UNRWA elle-même a confirmé que Muhammad Abu Attawi, un commandant de la force Nukhba du Hamas tué par l’armée israélienne à Gaza, qui a assassiné des civils lors de la tristement célèbre attaque contre un abri anti-bombes près de Réïm le 7 octobre, était un employé.

Israël a allégué qu’environ 12 % des 13 000 employés de l’UNRWA à Gaza ont des liens avec des factions terroristes.
En février, les troupes de l’armée israélienne ont découvert un centre de données souterrain – avec une salle électrique, des batteries industrielles et des quartiers d’habitation pour les terroristes du Hamas qui font fonctionner les serveurs informatiques – sous le siège de l’UNRWA à Gaza. Le centre de données était relié à l’alimentation électrique de l’installation de l’UNRWA située juste au-dessus.
Israël accuse également depuis longtemps l’UNRWA de fomenter la haine envers Israël et les Juifs, et d’inciter à la violence à leur encontre, alléguant que 10 % des éducateurs de haut niveau appartiennent soit au Hamas soit au Jihad islamique palestinien. De nombreux rapports ont été publiés concernant l’extrémisme et l’incitation à la violence que l’on retrouve dans le programme éducatif dispensé par l’UNRWA.