Israël en guerre - Jour 465

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Sur le front de Raqa, des combattants se languissent de leur dulcinée

"Je risquais ma vie pour pouvoir la voir, je faisais l'impossible", confie un jeune combattant des Forces démocratiques syriennes

Une mosquée dans la vieille ville de Raqqa, en Syrie. Illustration. (Crédit : Bertramz/CC BY/Wikimedia Commons)
Une mosquée dans la vieille ville de Raqqa, en Syrie. Illustration. (Crédit : Bertramz/CC BY/Wikimedia Commons)

Le chant mélancolique du jeune combattant Nimer s’élève dans le salon coquet d’une maison de Raqa. Dehors, les tirs d’obus et les frappes aériennes se font entendre, mais sa tristesse n’est pas liée aux combats : sa petite amie lui manque.

« J’aimais écouter des chansons sur mon portable puis les chanter à voix basse à ma chérie », confie timidement le jeune homme de 18 ans engagé avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) et qui n’a pas revu sa petite amie depuis un mois et demi.

Depuis plusieurs mois, cette alliance kurdo-arabe soutenue par Washington poursuit son offensive pour reprendre au groupe Etat islamique (EI) leur fief de Raqa, considéré par les jihadistes comme leur « capitale » dans le nord de la Syrie.

Et l’engagement de Nimer n’est pas anodin. Originaire de Raqa, il se souvient encore des restrictions imposées par la « police religieuse » de l’EI, qui obligeait la population à se conformer à une interprétation rigoriste de l’islam, interdisant ainsi tout contact entre célibataires des deux sexes.

« Il était interdit d’avoir des photos ou des chansons sur mon téléphone. J’avais peur qu’ils m’arrêtent et m’accusent d’adultère, c’était comme ça dans leur tête », se souvient le jeune homme à la barbe clairsemée.

« Je risquais ma vie pour pouvoir la voir, je faisais l’impossible », poursuit-t-il.

‘Souvenirs’

Le jeune homme a perdu ses parents et son frère dans les combats qui ravagent la ville. A chacune de ses permissions, lorsqu’il rend visite à sa sœur installée près de Raqa, il essaye de voir sa dulcinée. Une fois la bataille terminée, il espère se marier et avoir des enfants.

« Elle m’a offert une montre, mais je n’aime pas la prendre avec moi, pour ne pas la casser », soupire-t-il.

Autour de lui, avachis dans de confortables banquettes arabes couleur violette, ses camarades fument en silence, profitant d’un moment de répit dans les combats. Le long des murs, les fusils s’alignent.

« Quand on progresse sur le front, mes souvenirs font surface au milieu de toutes les destructions. Dans chaque rue, les souvenirs de moments passés ensemble m’assaillent », poursuit le jeune homme.

Dans les rues de Raqa, c’est la désolation. Des colonnes de fumée blanche et grise s’élèvent au-dessus de la ville couleur ocre. Les frappes aériennes de la coalition menée par Washington et le sifflement des tirs d’obus déchirent le silence.

Yasser Ahmed al-Hassan s’éloigne pudiquement de ses camarades, pour parler librement de sa petite amie, qui a fui la ville et qu’il n’a pas vu depuis dix jours.

« Sous l’EI, c’était comme une prison. Je ne voyais jamais ma chérie, on se parlait seulement au téléphone, sur le fixe. On avait peur que les gens de l’EI nous voient », se souvient le jeune homme de 20 ans, qui vit cette histoire d’amour depuis deux ans.

‘Ville des amoureux’

Sa chemise ouverte dévoile une chaîne en or qu’elle lui a offerte.

« Elle essaye toujours de me dissuader d’aller au front, mais je lui dis que je veux libérer ma ville de l’EI, pour qu’on puisse vivre notre vie en sécurité », assure Yasser, le teint hâlé malgré le châle marron noué sur sa tête pour le protéger du soleil.

« L’amour c’est ce qu’il y a de plus beau. Durant la guerre, on a perdu beaucoup de choses, on ne veut pas perdre l’amour aussi », lance le jeune homme, lyrique.

Abou Chalach, 19 ans, a lui le coeur brisé.

Les parents de son ex-petite amie, qui habite désormais la localité de Aïn Issa, dans la province de Raqa, l’ont obligé à épouser son cousin. « Je suis devenu fou, et j’ai rejoint le combat, pour oublier la douleur », lâche le jeune homme.

« J’avais quitté la ville, je haïssais ma vie. Quand je passe devant sa maison, je me souviens des souvenirs vécus ensemble », poursuit-il.

De temps en temps, il s’interrompt pour prendre une profonde inspiration.

« On a célébré notre dernière Saint-Valentin dans le secret. Je lui ai apporté un nounours rouge et un gâteau avec nos initiales dessus. On se rencontrait toujours la nuit, pour ne pas que l’EI nous voit », ajoute-il.

Malgré tout, il ne désespère pas de trouver un jour le grand amour.

« L’amour sous l’EI, c’était de la torture. Je veux que la bataille se termine et que Raqa devienne la ville de tous les amoureux privés de l’amour par l’EI ».

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