Sur ordre de Trump, des facs de médecine visées par une enquête pour antisémitisme
Le département de la Santé va enquêter sur Harvard, Columbia, Brown et Johns Hopkins après des « signalements d'incidents antisémites lors de leurs cérémonies de remise des diplômes en 2024 »

JTA – Un outil de répression de l’antisémitisme sur les campus, qui depuis les attaques du Hamas du 7 octobre 2023 était largement limité au département américain de l’Éducation, s’étend désormais à d’autres départements fédéraux en vertu d’une directive du président américain Donald Trump.
Le département de la Santé et des Services sociaux (HHS) a annoncé cette semaine qu’il allait lui aussi mener des enquêtes en vertu du Titre VI sur les allégations d’antisémitisme.
Les premières enquêtes concernent quatre facultés de médecine dites d’élite – dans les universités de Harvard, Columbia, Brown et Johns Hopkins – qui, selon le département, ont reçu « des rapports faisant état d’incidents antisémites lors de leurs cérémonies de remise des diplômes de 2024. »
Dans un communiqué, le HHS a déclaré qu’il cherchera à déterminer si ces filières médicales « ont agi avec une indifférence délibérée concernant des événements qui auraient pu avoir un impact sur les droits des étudiants juifs à accéder aux opportunités et aux avantages éducatifs. » Et les autorités signalent que le financement fédéral de la recherche médicale dans ces universités pourrait être en jeu si elles ne se conforment pas, le communiqué mettant en lumière des centaines de millions de dollars fédéraux qui ont été versés aux écoles faisant l’objet d’une enquête.
« Les examens font suite à des signalements d’incidents d’antisémitisme et d’affichage de symboles et de messages offensants au cours des cérémonies, y compris des expressions présumées de soutien à des organisations terroristes », a annoncé lundi un communiqué de presse du département.
L’expansion des enquêtes relatives au Titre VI intervient alors que Trump envisagerait de démanteler le département de l’Education, qui a également ouvert cinq nouvelles enquêtes en vertu du Titre VI cette semaine.

: Joseph Prezioso/AFP)
Les deux départements et le département de la Justice sont représentés dans le nouveau groupe de travail fédéral de Trump qui s’engage à lutter plus agressivement contre l’antisémitisme sur les campus. (L’administration Biden a également privilégié le Titre VI comme outil d’application et le département de l’Education de l’ancien président a ouvert quelques enquêtes sur les facultés de médecine spécifiquement).
Au moins l’une des nouvelles enquêtes du HHS semble s’inspirer d’une étude publiée dans une revue médicale israélienne par deux secouristes américains juifs.
Les auteurs de l’étude, Steven Roth et Hedy S. Wald, ont examiné des séquences de cérémonies de remise des diplômes organisées récemment dans plusieurs écoles de médecine, dont Harvard, afin d’y déceler des vêtements ou des comportements qu’ils considèrent « soit ouvertement antisémites, soit potentiellement offensants ou indélicats ». (L’étude a été résumée dans un article du New York Post cité par les enquêteurs du HHS dans une lettre adressée à Harvard, selon le Harvard Crimson).

Roth et Wald – ce dernier est professeur à Brown et commissaire de la Commission sur la médecine, le nazisme et la Shoah de la revue médicale The Lancet – ont constaté que 2,5 % de la cohorte de diplômés qu’ils ont étudiée portaient des « symboles représentant des thèmes antisémites » et que 1,7 % portaient des boutons, des bannières ou des pancartes ou se livraient à des protestations verbales.
Les médecins précisent dans leur étude qu’ils ont classé le port du keffieh, ou foulard traditionnel palestinien, dans la catégorie des « tenues antisémites ». (La question de savoir si les keffiehs sont antisémites a fait l’objet d’un vif débat parmi les Juifs, et l’Anti-Defamation League a déclaré que le vêtement en lui-même n’était pas antisémite).
Parmi les autres exemples classés comme antisémites par l’étude, citons les panneaux « Stop Bombing Hospitals », « Honor Our Oath – Free Palestine » et « Harvard Med Funds Genocide ».
En réponse à l’enquête, la Harvard Medical School a publié une déclaration disant qu’elle « condamne l’antisémitisme et reste engagée dans la lutte contre toutes les formes de discrimination et de harcèlement. » Les représentants des trois autres universités visées par l’enquête n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires de la Jewish Telegraphic Agency.

Le candidat controversé de Trump au poste de secrétaire à la santé et aux services sociaux, Robert F. Kennedy Jr, n’a pas encore été confirmé, mais il a récemment obtenu des votes clés au Sénat, ce qui rend sa confirmation plus probable. Kennedy a suggéré que la pandémie de COVID-19 était « ethniquement ciblée » pour éviter les Juifs ashkénazes et a comparé l’obligation vaccinale à la Shoah.
Même sans sa confirmation, le financement fédéral de la recherche médicale sous Trump est confronté à des coupes importantes.