Syrie: Campagne historique de Tsahal qui aurait détruit 80 % de l’armée du régime d’Assad
Après la victoire des rebelles islamistes, l'armée israélienne frappe des dépôts de missiles, des navires, des avions de chasse pour s'assurer qu'ils ne tombent pas aux mains d'éléments hostiles
À l’issue d’une vaste campagne de bombardements de 48 heures en Syrie, l’armée israélienne a indiqué mardi avoir détruit la majorité des capacités militaires stratégiques de l’ancien régime de Bashar El-Assad, dans une opération visant à empêcher que des armes de pointe ne tombent entre les mains d’éléments hostiles.
Dans un communiqué, Tsahal a précisé que son armée de l’air et sa marine avaient mené plus de 350 frappes contre des « cibles stratégiques » en Syrie depuis la chute du régime d’Assad le week-end dernier, détruisant « la plupart des stocks d’armes stratégiques en Syrie. »
L’armée estime avoir détruit 70 à 80 % des capacités militaires stratégiques de l’ancien régime Assad.
L’opération a été baptisée « Flèche de Bachan » par l’armée, d’après le nom biblique du plateau du Golan et de la région du sud de la Syrie.
Tsahal a diffusé des images de la campagne, au cours de laquelle plus de 320 cibles ont été frappées sur l’ensemble du territoire syrien.
Les frappes, déclenchées samedi en fin de journée, ont débuté par la destruction des défenses aériennes syriennes, offrant ainsi une liberté de manœuvre accrue à l’aviation israélienne.
Des images publiées par Tsahal le 10 décembre 2024 montrent des frappes de la marine israélienne et de l’armée de l’air israélienne sur la Syrie. (Crédit : Armée israélienne)
Par la suite, des vagues successives d’attaques, menées par des avions de chasse et des drones, ont visé des bases aériennes, des dépôts d’armes et des sites de production militaire situés notamment à Damas, Homs, Tartous, Lattaquié et Palmyre, selon Tsahal.
Ces frappes aériennes ont permis de détruire de nombreux projectiles à longue portée, des missiles Scud, des missiles de croisière, des missiles côte-mer, des missiles de défense aérienne, des avions de chasse, des hélicoptères, des radars, des chars et divers équipements militaires, a précisé l’armée.
Plusieurs sites d’armes chimiques auraient également été ciblés au cours de cette campagne, selon des responsables israéliens.
Dans la nuit de lundi à mardi, des navires lance-missiles de la marine israélienne ont détruit 15 navires appartenant à l’ancien régime dans la baie de Minet el-Beida et dans le port de Lattaquié, sur la côte syrienne, toujours selon l’armée.
Le régime de Bashar el-Assad, renversé dimanche à la suite d’une offensive éclair des forces rebelles islamistes, était un allié clé du régime iranien et faisait partie de ce que ses partisans désignent comme « l’axe de la résistance » contre Israël.
Depuis de nombreuses années, la Syrie servait de voie de transit pour les armes iraniennes, acheminées vers des groupes terroristes tels que le Hezbollah au Liban, avec lequel Israël a, par ailleurs, conclu un cessez-le-feu fragile le mois dernier.
Israël redoutait de voir les armes de l’ancienne armée syrienne tomber entre les mains de groupes hostiles dans le pays, mais aussi du Hezbollah soutenu par l’Iran au Liban, suite à l’effondrement du régime d’Assad.
Dans un message adressé au nouveau régime en formation en Syrie, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré mardi qu’Israël chercherait à établir des relations, tout en affirmant qu’il n’hésiterait pas à intervenir si la sécurité de l’État hébreu était menacée.
« Nous n’avons pas l’intention d’interférer dans les affaires intérieures de la Syrie, » a-t-il indiqué dans une déclaration vidéo, « mais nous ferons certainement ce qui est nécessaire pour assurer notre sécurité. »
Il a ajouté que l’armée de l’air israélienne ciblait les « capacités militaires stratégiques » laissées par l’armée syrienne du régime déchu d’Assad, « afin qu’elles ne tombent pas entre les mains des djihadistes ».
« Nous souhaitons entretenir des relations correctes avec le nouveau régime syrien », a-t-il poursuivi. « Mais, si ce régime permet à l’Iran de se réimplanter en Syrie, s’il autorise le transfert d’armes iraniennes ou de toute autre arme au Hezbollah, ou s’il nous attaque, nous réagirons avec force et nous lui ferons payer un lourd tribut. »
« Ce qui est arrivé au régime précédent se reproduira avec ce régime », a-t-il averti.
Le ministre de la Défense, Israel Katz, a également adressé un avertissement aux insurgés islamistes syriens, affirmant que toute entité représentant une menace pour Israël serait prise pour cible sans relâche.
« Tsahal a agi ces derniers jours pour attaquer et détruire les capacités stratégiques qui menacent l’État d’Israël », a-t-il déclaré, lors d’une visite de la base navale de Haïfa, où il a été informé des frappes menées par la marine contre les moyens navals du régime Assad.
Il a averti les rebelles que « quiconque suit les traces d’Assad connaîtra le même sort qu’Assad. Nous ne permettrons pas à une entité terroriste islamiste extrémiste d’opérer contre Israël depuis au-delà de nos frontières… Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour éliminer la menace.
Katz a réitéré que Tsahal travaille à la création d’une zone démilitarisée et a annoncé avoir ordonné l’établissement d’une « zone défensive stérile » dans le sud de la Syrie. Cette zone, dépourvue de présence israélienne permanente, vise à prévenir toute menace terroriste contre Israël.
Les opérations israéliennes en Syrie interviennent au lendemain d’une offensive fulgurante des forces rebelles islamistes dans ce pays, qui ont renversé dimanche le régime de Bashar el-Assad. Cette offensive a mis fin, en seulement deux semaines, à une guerre civile qui avait débuté en 2011 et stagnait dans une impasse depuis des années.
Après la chute du régime, Israël a intensifié ses efforts pour détruire les sites d’armement avant qu’ils ne tombent entre les mains de groupes hostiles à l’État hébreu. La situation reste chaotique alors que des groupes rebelles islamistes, dont beaucoup étaient initialement associés à Al-Qaïda et à d’autres groupes djihadistes, ont pris le contrôle de plusieurs zones.
Par ailleurs, l’armée israélienne a démenti les informations selon lesquelles ses forces terrestres auraient dépassé la zone tampon située sur le plateau du Golan, conquise par Tsahal dimanche. Elle a précisé que le contrôle exercé sur cette région n’est qu’une mesure défensive temporaire.
« Les informations circulant dans certains médias prétendant que les troupes de Tsahal avancent ou s’approchent de Damas sont totalement inexactes », a écrit sur X le colonel Avichay Adraee, porte-parole en langue arabe de Tsahal.
« Les troupes de Tsahal sont présentes à l’intérieur de la zone tampon et sur des positions défensives près de la frontière afin de protéger la frontière israélienne », a-t-il ajouté.
Cette déclaration a été faite après que l’agence Reuters, citant deux sources de sécurité régionales et une source de sécurité syrienne, affirmant que les troupes israéliennes auraient atteint « Qatana ». Il reste incertain si l’article faisait référence au district de Qatana, dont certaines zones jouxtent la zone tampon, ou à la ville de Qatana, située à environ 25 kilomètres de Damas, à l’est de la zone tampon.
Israël a déclaré qu’il n’a pas l’intention de s’impliquer dans le conflit syrien et que la prise de contrôle de la zone tampon, établie en 1974, constitue une mesure purement défensive.
Israël a également indiqué que les frappes aériennes se poursuivraient pendant plusieurs jours, tout en assurant au Conseil de sécurité des Nations unies qu’il ne cherchait pas à intervenir dans le conflit syrien. Selon ses déclarations, ces actions relèvent de « mesures limitées et temporaires » prises uniquement dans le but de garantir sa sécurité.