Syrie : la conférence de dialogue national ne « reflète pas la réalité des composantes » – partis kurdes
Proches de la Turquie et ayant rejeté la perspective d'une autonomie kurde en Syrie, les nouveaux maîtres de Damas n'ont pas convié les Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes, au dialogue national au motif qu'elles ont conservé leurs armes

Des partis de l’administration autonome kurde ont déploré que la conférence de dialogue national qui se tient mardi à Damas ne représentait pas fidèlement la réalité des composantes de la Syrie.
Dans un communiqué, 35 partis de l’administration autonome kurde affirment que « la véritable conférence du dialogue national doit être inclusive », soulignant que les conférences actuelles étaient « organisées avec une représentation purement symbolique d’individus ne reflétant pas la réalité des composantes de la société syrienne ».
« Elles n’ont ni sens ni valeur et […] ne contribueront pas à trouver des solutions concrètes à la crise que traverse le pays. »
L’administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord-est du pays, ou ses organismes affiliés, n’ont pas été invitées à la conférence de dialogue national sur l’avenir du pays, qui s’est ouverte deux mois et demi après la chute de Bashar el-Assad.
Selon les organisateurs, aucune formation ayant conservé ses armes n’a été conviée, faisant référence aux Forces démocratiques syriennes (FDS), la branche militaire de l’administration autonome.
Hassan Mohammed Ali, un responsable de l’administration autonome, a déclaré mardi à l’AFP que leur exclusion aura « des répercussions négatives et n’apportera pas de solutions aux problèmes et crises dont souffre la Syrie depuis des décennies ».
Il a mis en garde contre le fait « qu’une conférence à laquelle tous les Syriens ne participent pas aboutira […] à des décisions reflétant une seule et même tendance ».
« L’exclusion des FDS et de larges pans de la société syrienne confirme que la conférence sert à plaire au monde extérieur, et non à rechercher un avenir meilleur », a dit pour sa part à l’AFP le porte-parole des FDS, Farhad Shami.
Les nouvelles autorités, très proches d’Ankara, ont exhorté toutes les factions armées, y compris les FDS, dont les Kurdes constituent l’épine dorsale, à déposer les armes et à rejeter l’idée d’une autonomie kurde.
Les Kurdes de Syrie ont montré des signes d’ouverture et les deux parties sont en pourparlers sur plusieurs questions en suspens.
Mais la Turquie accuse leur principale composante, les Unités de protection du peuple (YPG), d’être affiliée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé organisation terroriste par Ankara, et engagé dans une insurrection contre l’Etat turc depuis près de quarante ans.
Soutenues par les États-Unis, les FDS ont mené l’offensive militaire qui a défait territorialement le groupe Etat islamique (EI) en Syrie en 2019.