Israël en guerre - Jour 587

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Opinion

Trump doit vite prendre conscience de l’inhumanité du Hamas et de l’Iran

Non, monsieur le Président, les terroristes génocidaires de Gaza ne font pas de clin d'œil à leurs otages et ils ne leur montrent aucun "signe d'amour" - pas plus que les visées nucléaires de Téhéran ne peuvent être "facilement" résolues par un non-spécialiste débordé

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le président américain Donald Trump lors d'une cérémonie sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 14 avril 2025. (Crédit : Brendan Smialowski / AFP)
Le président américain Donald Trump lors d'une cérémonie sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 14 avril 2025. (Crédit : Brendan Smialowski / AFP)

L’un des moments les moins remarqués mais les plus révélateurs de la conférence de presse donnée par le président américain Donald Trump, alors qu’il se trouvait dans le bureau ovale en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, la semaine dernière, a eu lieu lorsque le président a dû répondre à deux questions qui se sont rapidement succédées. La première a porté sur un sujet familier, celui de la manière exacte dont il comptait faire sortir les otages de Gaza, et la deuxième sur la raison pour laquelle il pensait que le lancement de pourparlers directs avec l’Iran – des pourparlers à l’initiative des États-Unis dont il venait de révéler l’existence – aboutirait à un meilleur accord sur le programme nucléaire que celui de 2015 dont il avait hérité lors de son premier mandat, un accord qu’il avait dénoncé et abandonné.

Il a d’abord donné une réponse assez brève et banale à la question sur les otages puis une réponse encore plus brève à la question sur l’Iran, le sujet brûlant de la journée, se contentant de dire que le nouvel accord qu’il envisageait serait « différent et peut-être beaucoup plus fort ». Ensuite, sans y être invité, il est revenu sur la question des otages et il a commencé à s’étendre longuement sur ce que les otages libérés qu’il avait été amené à rencontrer lui avaient confié s’agissant des conditions de leur captivité.

A ce moment-là – si vous regardez l’enregistrement ou si vous lisez la retranscription de la conférence de presse – il apparaît que le président tente clairement d’intégrer, en public, les récits d’horreur qui lui ont été narrés sur le Hamas, des histoires qu’il sait être vraies mais qu’il trouve impensables, insondables.

« J’ai eu des gens dans ce bureau, dans ce magnifique bureau ovale… Ils sont entrés, dix personnes, des otages, vous le savez », a-t-il commencé. « Je leur ai demandé comment ça s’était passé. Et les histoires qu’ils m’ont racontées, par exemple : Je leur ai demandé s’il y avait eu des signes d’amour. … Les membres du Hamas ont-ils montré des signes d’aide, des signes d’affection à votre égard ? Vous ont-ils fait un clin d’œil ? Vous ont-ils donné un morceau de pain en plus ? Vous ont-ils donné un repas en plus ? Comme vous pensez que vous-même pourriez le faire, comme ce qui s’est passé en Allemagne, comme ce qui s’est passé ailleurs – avec des gens qui essaient d’aider d’autres gens qui se trouvent dans un état de détresse incroyable. »

Trump a continué, intériorisant ouvertement l’inhumanité du Hamas, se répétant : « Est-ce qu’ils vous ont déjà fait un clin d’œil, du genre : ‘Ça va aller, vous allez vous en sortir’ ? Ils ont dit : ‘Non, ils ne faisaient pas ça. Ils nous giflaient’. La haine est incroyable… Vous savez, ils vivaient dans une canalisation. Pas vraiment dans un tunnel. C’était une canalisation. Et ils pensaient toujours qu’ils étaient en train de suffoquer, qu’ils allaient suffoquer… On entend parler des tunnels, ce n’est déjà pas une bonne chose mais les canalisations, c’est pire. Les histoires que j’ai entendues étaient incroyables. Mais j’ai simplement demandé s’il y avait eu des signes potentiels d’amour ou d’affection. Et il n’y en a eu aucun. J’ai été stupéfait. Il n’y avait rien du genre : ‘Tiens, prends ça’ ; comme un petit repas supplémentaire ou quelque chose comme ça. Ils vivaient l’enfer…. Ce sont des gens qui ont été vraiment, vraiment maltraités. Je n’ai jamais rien vu de tel, en fait. J’ai été très surpris d’entendre cette réponse ».

D’une certaine façon, il a été rafraîchissant de voir le leader de la seule superpuissance mondiale, l’allié vital et existentiel d’Israël, tenter de mieux comprendre un ennemi barbare, cynique et pernicieux. Un ennemi qui avait pris d’assaut l’État souverain d’Israël le 7 octobre 2023 – à partir du territoire qu’il contrôlait totalement et dont Israël s’était complètement retiré – pour massacrer plus de 1 200 personnes et pour prendre en otage 252 personnes, parce que ces dernières avaient le malheur d’être Juives ou d’être liées au peuple juif.

Pour des populations et pour des nations dont l’existence même n’est pas continuellement menacée par ceux qui n’accordent aucun caractère sacré à la vie, et avec les massacres de masse industrialisés qui avaient été commis par les nazis et qui ont, depuis longtemps, été relégués dans une Histoire dépersonnalisée, comprendre véritablement la mentalité barbare et génocidaire du Hamas nécessite en effet un rappel fondamental ou une réévaluation de la capacité de l’Homme à s’adonner au Mal.

Mais au vu du pouvoir et de l’influence du président américain, il a également été très troublant de le voir s’efforcer de comprendre l’ennemi – ou plutôt l’un des ennemis – auquel nous sommes confrontés, et d’essayer d’appréhender ainsi la nature de la menace qu’ils représentent pour Israël, pour l’Amérique et pour l’Humanité.

Trump est entré en fonction en faisant la promesse, de façon admirable, de mettre un terme aux guerres plutôt que de les commencer. Ce qui ne pourra pas se faire – et ce qui ne se fera pas – tant qu’il n’aura pas saisi l’ampleur du défi à relever.

En ce qui concerne le Hamas, la perplexité qui a été ouvertement affichée par le président face au comportement du groupe terroriste, sa difficulté à comprendre ses motivations et ses actions et ce à quoi lui et nous sommes actuellement confrontés, s’est également reflétée dans son discours lunaire sur l’évacuation de la « merveilleuse » population de Gaza où il la séparait d’une manière ou d’une autre du Hamas, ainsi que dans les paroles et les actes des deux hauts-responsables qu’il a chargés d’essayer de résoudre la crise des otages.

Il y a d’abord eu Adam Boehler, qui avait été dépêché pour s’entretenir directement avec les chefs du Hamas, qui avait rendu compte de sa stratégie consistant à « s’identifier aux éléments humains qu’il peut y avoir dans ces gens » et qui avait fait part de sa conviction intime, celle qu’un gouvernement terroriste qui a bouleversé tous les intérêts vitaux des habitants de Gaza sur lesquels il n’a amené que destruction finira par accepter de déposer les armes et de s’éclipser.

Ensuite, c’est Steve Witkoff qui a affirmé il y a trois semaines que le Hamas n’était « pas intraitable idéologiquement » et qui a confié qu’il avait fait part au président de cette conclusion d’expert, avant de se dédire partiellement peu après et de reconnaître que le Hamas l’avait peut-être « leurré » en lui faisant croire qu’il acceptait sa dernière proposition de cessez-le-feu, proposition qui ouvrait la porte à la remise en liberté des otages.

Les gentlemen méprisants de Téhéran

Venant exacerber l’inquiétude face à la possibilité que le président américain et au moins certains de ses émissaires les plus fiables soient tout simplement incapables de comprendre l’idéologie, la motivation et les ambitions génocidaires du Hamas, du Hezbollah et de l’État qui les soutient, la manière dont Trump traite ses relations avec les ayatollahs, avec l’omniprésent Witkoff de nouveau à la barre.

Le président a allègrement affirmé lundi – soit deux jours après que Witkoff a tenu une première série de pourparlers avec les Iraniens – que « nous avons un problème avec l’Iran. Je vais résoudre ce problème. C’est presque facile ».

« C’est très simple », a continué Trump. « Ils ne peuvent pas avoir d’arme nucléaire ».

Non, ce n’est pas « vraiment simple ». Car non seulement le régime iranien « ne peut pas avoir d’arme nucléaire », mais le pays ne peut pas non plus être autorisé à posséder les moyens de l’obtenir. Jamais.

Witkoff, qui a beaucoup de mal à caser les négociations avec l’Iran dans son agenda tout en continuant à superviser les négociations sur Gaza et la petite affaire que représente la guerre entre la Russie et l’Ukraine – et qui jusqu’à présent ne connaissait pas les spécificités du programme nucléaire iranien, vieux de plusieurs décennies – ne semble pas vouloir reconnaître cette réalité, ni même vouloir savoir très exactement à qui et à quoi il a à faire.

En effet, le négociateur touche-à-tout s’est senti suffisamment sûr de lui pour indiquer que l’accord qu’il préparait avec les gentlemen méprisants de Téhéran limiterait le niveau d’enrichissement de l’uranium iranien de telle manière à seulement répondre aux besoins d’un usage civil, qu’il établirait des procédures de vérification pour s’assurer que les ayatollahs respectent bien ce plafond et qu’ils ne tenteront pas sournoisement de se doter d’un arsenal atomique. Le travail est fait. Le problème est résolu. Passons à la crise mondiale suivante.

Sur cette photo de l’agence d’État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l’envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d’une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Crédit : Gavriil Grigorov / POOL / AFP)

Witkoff a affirmé avec enthousiasme devant les caméras de la chaîne Fox News, lundi, que ses premières interactions avec les Iraniens ont été « positives, constructives, convaincantes ». Il a prédit avec confiance que le prochain cycle de négociations porterait sur « le contrôle du programme d’enrichissement et, enfin, sur la vérification des armements ».

De son côté, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a sobrement déclaré mardi que l’heure n’était ni à l’optimisme exagéré ni au pessimisme le plus extrême, tout en s’amusant intérieurement, sans doute, de l’amateurisme arrogant de ces Américains.

Il n’est pas nécessaire de préciser que même un accord qui démantèlerait les installations nucléaires iraniennes, qui mettrait en place des protocoles de contrôle infaillibles et qui prescrirait des sanctions claires pour décourager toute violation, est une entreprise à haut-risque au vu de l’Histoire d’un régime qui a avancé, avec patience et persistance, vers la constitution d’un arsenal d’armes nucléaires et qui a aujourd’hui toutes les connaissances nécessaires pour se doter de la bombe au moment de son choix. Mais le type d’accord qui a été évoqué par Witkoff, qui ne prévoit même pas le démantèlement des structures connues de l’Iran, a dû dépasser les attentes les plus optimistes des ayatollahs.

Mardi, probablement après des échanges furieux, pour ne pas dire hystériques, sur les lignes directes de Jérusalem, Witkoff a fait volte-face, déclarant dans un tweet que dans « tout accord final… l’Iran devra arrêter et éliminer son programme d’enrichissement nucléaire et de fabrication d’armes ».

Il faut souligner que même le recours à la force que Trump a promis en cas d’échec des négociations n’est pas une panacée garantie. L’Iran a construit son programme et il a continué à le renforcer avec pour objectif de le rendre inexpugnable.

En fin de compte, le régime de Téhéran ne peut être seulement toléré. Il doit disparaître – notamment pour le bien du peuple iranien.

Les choses ne sont finalement pas si simples.

Empathie, patience, horreur

Mercredi dernier, deux jours après avoir lâché sa bombe sur les négociations avec l’Iran et deux jours après s’être interrogé sur l’inhumanité irréfléchie du Hamas, Donald Trump a accueilli trois otages qui ont été remis en liberté – Aviva Siegel, Keith Siegel et Iair Horn – lors d’un « dîner du président » qui était organisé par le Comité républicain national du Congrès.

Plus d’une heure après le début de sa prise de parole, il a invité les trois otages à venir s’adresser au public, leur cédant le micro. Lorsque son tour est arrivé, Iair Horn a été submergé par l’émotion – sa voix s’est brisée lorsqu’il a parlé de « mon petit frère Eitan », toujours retenu en otage à Gaza. Il est resté sans voix pendant de longues secondes, essayant de se ressaisir.

Trump a attendu à ses côtés, patient et encourageant, et il lui a donné une petite tape sur l’épaule lorsqu’il a terminé.

Le président américain Donald Trump écoute les otages libérés Keith Siegel, Aviva Siegel et Iair Horn s’adresser au « Dîner du président » du comité du Congrès national républicain, du Musée national de Washington, le 8 avril 2025. (Saul Loeb/AFP)

Le président a ensuite répété les propos qu’il avait tenus dans le bureau ovale, racontant à ce nouveau public l’inhumanité du Hamas. « Les conditions étaient tellement horribles », a-t-il déclaré. « C’est une chose terrible qui se passe avec le Hamas. Terrible. La haine est tellement incroyable. C’est incroyable. Et la vie qui leur a été imposée », a-t-il ajouté en faisant un geste en direction des anciens otages, « est incompréhensible, je pense, pour tous ceux qui se trouvent dans cette assistance ».

Cette haine est en effet terrible, elle est incroyable, difficile à comprendre. Mais elle n’est que trop réelle. Comme Trump est en train de s’en rendre compte progressivement, le Hamas ne fait pas de clin d’œil. Et les impitoyables ayatollahs d’Iran anéantiront Israël et ils s’en prendront également au Grand Satan si nous les laissons le faire.

« Si tu connais ton ennemi et que tu te connais toi-même, tu n’as pas à redouter le résultat de cent batailles », aurait écrit le général et philosophe chinois Sun Tzu il y a plus de deux millénaires. « Si tu te connais toi-même mais que tu ne connais pas ton ennemi, pour chaque victoire remportée, tu subiras également une défaite. Si tu ne connais ni ton ennemi et que tu ne te connais pas toi-même, tu t’effondreras dans chaque bataille ».

Une leçon ancienne que le président et ses émissaires devraient intérioriser, et vite, pour notre bien à tous.

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