Tsahal met fin au controversé protocole Hannibal
Le chef d'état-major veut faire évoluer cette directive, qui vise à empêcher par tous les moyens l'enlèvement d'un soldat
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Gadi Eisenkot, a mis fin à l’existence du protocole Hannibal, une directive militaire controversée qui donnait aux troupes la permission de faire tout ce qui était nécessaire pour empêcher l’enlèvement d’un camarade soldat, a déclaré le porte-parole de l’armée mardi.
La décision a été prise il y a quelques semaines, et un nouveau protocole est en cours d’élaboration pour remplacer cette directive, maintenant révoquée, a expliqué un officier supérieur de l’armée au quotidien Ha’aretz.
Cet avancement n’est pas nécessairement un changement total de politique, mais plutôt une clarification de ce que le protocole Hannibal implique ; selon un rapport à paraître du contrôleur de l’Etat, les officiers militaires ont différentes appréhensions de la directive, rapporte le quotidien.
Yossi Peled, l’un des créateurs du protocole, a déclaré à la radio de l’armée mardi qu’il soutenait la décision d’Eisenkot.
« Si le chef d’état-major est parvenu à la conclusion que, dans le sens où il est compris aujourd’hui, l’ordre doit être annulé, je suis avec lui », a-t-il dit.
Le protocole existe au sein de Tsahal depuis des décennies, en réponse aux échanges, souvent incroyablement asymétriques, de prisonniers entre Israël et les groupes terroristes qui kidnappent des soldats de Tsahal. Il est revenu sur le devant de la scène il y a dix ans, après l’enlèvement de Gilad Shalit.
Cette directive permet aux soldats d’utiliser potentiellement une force massive afin d’empêcher un camarade de tomber aux mains de l’ennemi. Cela inclut la possibilité de mettre en danger la vie du soldat en question pour éviter sa capture.
Cependant, quelques officiers comprennent l’ordre dans le sens où les soldats devraient délibérément tuer leur camarade pour l’empêcher d’être fait prisonnier, et non qu’ils pourraient accidentellement le blesser ou le tuer dans leur tentative.
Le protocole Hannibal a été récemment utilise en mars, après que deux soldats étaient entrés accidentellement dans le camp de réfugiés de Qalandiya et avaient dû abandonner leur véhicule. Les commandants sur le terrain avaient activé la directive environ une demi-heure avant que les deux soldats ne soient retrouvés et mis en sécurité.
Pendant l’échange de coups de feu, un homme palestinien de 22 ans, Iyad Amr Sajdiyeh, avait été tué. Des dizaines d’autres Palestiniens avaient été blessés, ainsi que dix membres des forces de sécurité israéliennes.

Mais l’un des emplois les plus marquants de la directive remonte au 1er août 2014, pendant la dernière guerre de Gaza, quand le lieutenant Hadar Goldin a été supposément pris en otage à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. L’armée israélienne a déterminé que Goldin avait été tué au combat, bien que l’on pense que ses restes sont toujours en possession du Hamas dans la bande de Gaza.
Quand le protocole a été déclaré à Gaza, une colonne de tanks s’est avancée dans des quartiers habitués. Des bulldozers ont détruit des maisons. Des batteries d’artillerie, des tanks et des avions ont ouvert le feu, isolant la zone de l’enlèvement et visant tous les véhicules quittant la zone.
Selon des rapports palestiniens, le nombre de morts s’élève à 150, bien que l’armée l’ait estimé plus proche de 40.