Tsahal montre Sinwar dans un tunnel, avant le 7 octobre, affirmant qu’il y est resté terré pendant un an
Alors que certains ont salué la mort au combat du chef du Hamas, Tsahal note qu'il n'est sorti de son souterrain que pour fuir et qu'il ne s'est soucié que de sa survie
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Les militaires israéliens ont diffusé samedi soir des images montrant Yahya Sinwar, le chef du Hamas aujourd’hui mort, en train de fuir en compagnie de sa famille, transportant de nombreux équipements et autres approvisionnements dans un tunnel situé sous sa maison de Khan Younès, la nuit qui avait précédé le pogrom du 7 octobre 2023 dont il avait été l’instigateur.
Des images qui présentent Sinwar sous le signe de la lâcheté, comme un individu qui aura choisi de se cacher sous terre dans des conditions plutôt luxueuses, accordant la priorité à sa propre survie tout au long des douze mois de la guerre qui a été menée par Israël dans la bande de Gaza.
La diffusion de ces images, qui, selon l’armée israélienne, ont été récupérées à Gaza il y a plusieurs mois, a eu lieu au moment où certains partisans du Hamas tentent de présenter les images de Sinwar jetant un bâton sur un drone de surveillance dans ses derniers instants comme la preuve d’une mort héroïque d’un chef qui se serait battu jusqu’au bout.
Depuis un an, selon les renseignements de l’armée israélienne, « Sinwar se cachait la plupart du temps sous terre, dans une zone située entre Khan Younès et Rafah, et il n’en est sorti que pour prendre la fuite accompagné de gardes du corps, avec sur lui des documents, des certificats, des armes et 40 000 shekels, » a commenté le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, lors d’une conférence de presse.
« Même la veille du pogrom, Sinwar ne se préoccupait que de sa survie et de celle de sa famille », a dit Hagari en montrant les images – il s’est d’abord exprimé en hébreu avant de tenir de brefs propos en anglais.
« Quelques heures avant le massacre, Sinwar et sa famille s’étaient enfuis, seuls, pour rejoindre le tunnel », a expliqué Hagari.
Pendant des heures, a-t-il ajouté, Sinwar « a fait des allers-retours avec des sacs de nourriture, de l’eau, des oreillers, une télévision à écran plasma, des matelas et d’autres équipements nécessaires à un long séjour. »

« Quelques heures avant le massacre, Sinwar ne se souciait que de lui-même et de sa famille tout en envoyant des terroristes commettre une attaque meurtrière contre des enfants, des femmes et des hommes israéliens », a ajouté Hagari.
« Entre autres choses, ces vidéos ont amené l’armée israélienne et le Shin Bet à restreindre le secteur où Sinwar était recherché. Nous l’avons poursuivi et nous l’avons finalement poussé à agir comme un fugitif recherché », a-t-il continué.
Hagari a déclaré qu’au mois de février, l’armée israélienne avait atteint la « forteresse souterraine » que Sinwar avait construite à Khan Younès – mais que l’homme s’était enfui peu de temps auparavant.
Les soldats ont alors trouvé « des toilettes, une douche, une cuisine, des lits, des uniformes, des coffres-forts, beaucoup d’argent liquide, des documents et d’autres renseignements », a précisé Hagari.
« À plusieurs reprises, nos forces ont été très proches de lui, elles sont arrivées aux endroits où il avait séjourné après qu’il eut réussi à s’enfuir », a-t-il fait remarquer.
Il a ajouté que selon lui, cela a été l’offensive de l’armée israélienne à Khan Younès qui avait finalement incité Sinwar à fuir vers Rafah, où il s’est ensuite caché dans un tunnel construit pour les personnalités de premier plan du Hamas, un souterrain qui se trouvait dans le quartier de Tel Sultan.
« Dedans, il disposait de tout ce dont il avait besoin : une télévision, de la nourriture, des canapés, des lits, des instruments de communication et de contrôle… Nous avons trouvé son ADN sur un mouchoir qu’il avait utilisé », a précisé Hagari.

Mercredi, des soldats de la brigade Bislamach avaient repéré trois hommes armés qui se tenaient à proximité. Ils les avaient attaqués. L’un d’entre eux – qui s’était finalement avéré être Sinwar – s’était séparé des deux autres hommes et il avait été tué par les troupes.
« C’était en fait la première fois que Yahya Sinwar, qui se cachait sous terre depuis un an, rencontrait les forces de l’armée israélienne à Gaza, et ça a aussi été le moment où il a été éliminé », a déclaré Hagari.
L’armée israélienne a également publié une nouvelle vidéo montrant le moment où Sinwar, mercredi, a été tué dans le quartier de Tel Sultan, dans le sud de Gaza, à Rafah.
La vidéo montre des tirs de chars et de mitrailleuses contre un bâtiment où Sinwar se trouvait, ayant cherché à s’y réfugier. Il a été tué au cours de ces frappes avant d’être trouvé par les soldats et d’être officiellement identifié par Israël dans la journée de jeudi.
Sur d’autres images diffusées par l’armée israélienne, le tunnel de Tel Sultan où Sinwar s’était caché ces derniers mois, ainsi que les tissus utilisés par l’armée pour identifier son ADN.
Le tunnel où Sinwar s’était abrité était proche du passage souterrain où six otages israéliens avaient été détenus avant d’être assassinés au mois d’août, a noté Hagari.
Il a souligné qu’il n’y avait pas d’otages avec Sinwar lorsque ce dernier a été éliminé et que l’armée israélienne avait agi avec prudence, soucieuse de la nécessité de protéger au mieux les otages et les soldats.
Le porte-parole de l’armée israélienne a longuement évoqué « les abus cyniques », selon lui, qui ont été commis à l’égard des citoyens de Gaza par Sinwar et par les autres dirigeants du Hamas, soulignant que ces derniers ne s’étaient préoccupés que de leur propre survie.
« Ce que nous avons montré ce soir prouve une fois de plus que les dirigeants de l’organisation terroriste du Hamas, quels qu’ils soient, ne se soucient pas du prix à payer par les habitants de Gaza. Ils ne les utilisent que comme boucliers humains et ils ne se préoccupent que de leur propre survie », a affirmé Hagari.
« Comme nous pouvons le constater, depuis le début, Sinwar se préoccupe avant tout de lui-même et de sa propre survie. Un exemple de cela est l’argent liquide qu’il gardait sur lui où qu’il soit », a-t-il indiqué.
Les précédentes images filmées par l’armée israélienne à l’aide d’un drone avaient été saluées par les partisans de Sinwar – voire par certains de ses critiques – qui avaient estimé qu’elles prouvaient que l’homme tué était un combattant courageux et convaincu de la cause qu’il défendait et que, contrairement à ce qu’Israël avait pu affirmer pendant une grande partie de l’année dernière, il n’était pas un lâche qui s’était terré dans un tunnel entouré d’otages.
« Après son élimination, certains cherchent à rétablir son honneur », a noté Hagari. « Mais Sinwar a vécu et il s’est comporté comme un terroriste recherché en fuite. Et c’est ainsi qu’il a fini sa vie ».
Hagari a dit que, en contraste avec le comportement qui a été celui des commandants de l’armée israélienne, « Sinwar s’est caché tout au long de ces douze derniers mois et il a fui au moment même où la guerre faisait rage près de lui, au-dessus de lui. Alors que les commandants de l’armée israélienne se sont battus et qu’ils se battent encore sur le front, les terroristes du Hamas ont mené leurs actions alors que leurs chefs et leurs commandants se cachaient et faisaient tout leur possible pour fuir. »

Plus de 1 200 personnes avaient été massacrées sur le sol israélien et 251 personnes avaient été kidnappées et prises en otage à Gaza, le 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas avaient envahi Israël, exécutant froidement des familles entières dans leurs habitations, les brûlant parfois vives, et tuant des jeunes venus danser à une rave-party. Les hommes armés avaient commis un carnage et ils s’étaient livrés à des violences sexuelles à grande échelle.
Le massacre, qui avait été planifié et ordonné par Sinwar, a été à l’origine d’une guerre qui dure depuis plus d’un an et qui a dévasté la bande de Gaza – Israël a juré de détruire les capacités militaires et de gouvernance du Hamas et de rapatrier tous les otages. 97 captifs se trouvent toujours dans la bande de Gaza et tous ne sont plus en vie.
Le ministère de la Santé de Gaza qui est placé sous la direction du Hamas affirme que plus de 42 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent – un bilan invérifiable qui ne fait aucune distinction entre civils et hommes armés. Au mois d’août, Israël disait avoir tué environ 17 000 terroristes depuis le début du conflit à Gaza en plus d’un millier d’hommes armés qui avaient été abattus sur le territoire israélien, le 7 octobre.
Israël affirme chercher à minimiser le nombre de victimes civiles et souligne que le Hamas utilise les civils de Gaza comme autant de boucliers humains, lançant ses attaques depuis les zones civiles, notamment depuis les maisons, les hôpitaux, les écoles et les mosquées.