Ukraine : Une exposition pour illustrer les efforts des Juifs à l’ombre de la guerre
Cette exposition permet d'avoir une vision d'ensemble rare d'intelligence et de puissance individuelles et collectives dans le cadre d'une tragédie encore en cours
A travers les nombreuses guerres et conflits qui ont façonné ce qui est devenu aujourd’hui l’Ukraine, les Juifs du pays avaient toujours été les premières victimes impuissantes des violences et de l’oppression des envahisseurs – et des locaux.
La guerre actuelle qui oppose l’Ukraine et la Russie, avec toutes ses tragédies, fait figure d’exception rare.
Les Juifs ukrainiens n’ont pas été la cible des attaques jusqu’à présent mais ils ont été au cœur d’opérations d’aide humanitaire qui ont été lancées, en particulier, par des organisations juives et chrétiennes. Ils ont également été invités à s’établir en Allemagne et dans les autres États de l’Union européenne (UE) – dont ils ont pu s’envoler pour Israël, le seul État juif du monde, demandant là-bas la naturalisation.
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Ce moment unique de l’Histoire – s’il est éclipsé par les horreurs et par l’envergure d’un conflit qui a entraîné des millions de déplacés et de nombreux milliers de morts – est au cœur d’une nouvelle exposition. Le conservateur de cette exposition est Yitzhak Mais, éminent historien israélien et ancien directeur du musée historique de Yad Vashem.
« La guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a débuté en 2022, est une tragédie qui se déroule actuellement encore sous nos yeux », s’exclame Mais lors d’un entretien avec le Times of Israel. « Pour de nombreux Juifs d’Ukraine, cela a été aussi, ça a également été, d’une certaine manière, la sortie d’une certaine impuissance. »
Ce qui ne se reflète pas seulement dans les actions entreprises dans l’urgence par les organisations juives et par Israël, indique Mais.
« Parallèlement aux efforts extérieurs visant à leur apporter une assistance quelle qu’elle soit, les Juifs ukrainiens ont coopéré entre eux », note Mais. Les Juifs d’Ukraine – avec parmi eux de nombreux jeunes polyglottes, formés aux nouvelles technologies – se sont regroupés dans les caves des synagogues pour des raisons de sécurité, organisant des transports et entrant en contact de manière indépendante avec les organisateurs des campagnes humanitaires pour coordonner le départ des Juifs du pays ou les livraisons d’aides, fait-il remarquer.
« Les Juifs du monde entier ont envoyé la cavalerie mais les Juifs ukrainiens ne se sont pas contentés d’attendre les secours. Ils ont été acteurs de leur propre salut », continue-t-il.
L’exposition, qui est intitulée « Suis-je le gardien de mon frère ? » et qui inclut des témoignages en vidéo, devrait être présentée dans l’année en six langues et à plusieurs endroits – au Parlement hongrois, au siège des Nations unies à New York, au siège de l’Union européenne à Bruxelles et à la Knesset de Jérusalem, entre autres.
Elle évoque le secours – ce salut apporté par les autres, mais aussi cette capacité de l’être humain à se sauver lui-même – à travers les récits personnels de multiples Juifs ukrainiens qui se sont laissés photographier.
L’exposition se concentre aussi sur quelques histoires de groupes – qui représentent des éléments déterminants des efforts plus larges qui ont pu être livrés dans le contexte du conflit. Il y a ainsi l’orphelinat Mishpacha d’Odessa, dont les 120 enfants et employés se sont enfuis en Allemagne au début de la guerre. Il y a aussi le centre de la communauté juive de Cracovie, en Pologne, qui a accueilli des réfugiés de guerre, la majorité d’entre eux non-Juifs.
L’existence d’un État juif souverain, explique Mais, a été un facteur déterminant et décisif dans ces efforts de sauvetage.
« La capacité d’Israël à apporter de l’aide dans les situations d’urgence a été démontrée encore et encore au cours des crises humanitaires, en république dominicaine, à Haïti ou en Turquie », dit-il. « Aujourd’hui, les Israéliens ont été capables de s’appuyer sur cette expérience pour aider les Juifs et les non-Juifs en Ukraine, ce qui a fait la différence dans la vie des milliers de personnes qui ont été ainsi soutenues ».
Un exemple de la campagne humanitaire lancée par Israël a été l’hôpital de campagne qui avait été ouvert par l’hôpital Sheba pour les Ukrainiens, l’année dernière. Installé à la frontière avec la Pologne, l’initiative avait été réalisée avec la coopération et avec le soutien du gouvernement et des ministères de la Santé et des Affaires étrangères, rappelle-t-il.
Les tentatives visant à obtenir des photographies, pour l’exposition, auprès du JDC (American Jewish Joint Distribution Committee), n’ont pas porté leurs fruits, explique Mais. « C’est dommage parce que lorsque nous avons préparé l’exposition, nous avons appris que le JDC possédait des photographies qui étaient vraiment très belles ».
« Après nous avoir soutenus dans un premier temps, après avoir affiché de l’enthousiasme sur ce projet, le JDC a refusé de coopérer pour des raisons politiques », déplore-t-il.
Contacté par le Times of Israel, un porte-parole du JDC a confirmé que l’organisation ne participerait pas à l’exposition en raison de ce qu’il a qualifié de « sensibilités opérationnelles ».
Une des histoires figurant dans l’exposition est celle du Machane Chabad, le nom d’un camp de réfugiés casher établi par l’EMIH, la fédération juive de Hongrie affiliée au mouvement ‘Habad, en coopération avec la Fédération des communautés juives d’Ukraine. Il accueille, avec l’aide du gouvernement hongrois, des Juifs ukrainiens dans un ancien complexe de villégiature datant de l’époque communiste sur les rives pittoresques du lac Balaton.
Une histoire qui « est un exemple parmi d’autres de la grande puissance de l’histoire juive et de celle de la réponse globale ; c’est un exemple qui illustre l’implication active des réfugiés avec l’aide du mouvement ‘Habad dans l’organisation de la fuite périlleuse d’Ukraine » et de la manière dont la coopération internationale aura su apporter à environ 800 réfugiés « un certain sentiment de sérénité, d’apaisement, avec un lieu de résidence sûr, de la nourriture casher, des services religieux, médicaux et sociaux », indique Mais.
Et un entretien avec l’un des réfugiés les plus âgés en séjour dans ce complexe de villégiature a été l’une des expériences les plus émouvantes vécues par Mais dans le cadre de l’ensemble du projet, ajoute-t-il.
Le réfugié avait dû abandonner en Ukraine son fils – qui n’avait pas pu quitter le pays en raison de l’obligation légale qui interdisait à tous les hommes en âge de se battre contre l’envahisseur russe de rester sur le territoire ukrainien. Le vieil homme avait-il trois vœux à émettre pour l’avenir, avait interrogé Mais ?… La réponse à cette question apportée par le vieillard avait été : « Mon fils, mon fils et mon fils ».
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