Un haut-responsable de l’administration pénitentiaire interrogé ; Ben Gvir outré
2 policiers sont aussi interrogés dans cette affaire impliquant des abus de confiance et des problèmes éthiques ; le principal suspect serait proche d'Itamar Ben Gvir - qui accuse Baharav-Miara d'intimidation
Le Département des enquêtes internes de la police (DIPI) a déclaré lundi qu’il avait placé en détention en vue d’un interrogatoire un haut-fonctionnaire de l’administration pénitentiaire israélienne (IPS), qui est soupçonné d’abus de confiance. Il aurait aussi entravé les investigations.
Deux agents appartenant à la police israélienne ont également été arrêtés dans le cadre de cette affaire.
Le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir – dont le ministère supervise à la fois la police et l’IPS – a accusé les officiels du ministère de la Justice de tenter de commettre « un coup d’État » et de vouloir intimider les fonctionnaires dans le but de les empêcher de mettre en œuvre ses politiques.
De nombreux détails de l’affaire sont placés sous embargo – y-compris l’identité des personnes impliquées.
Les médias israéliens ont fait savoir que le responsable de la prison était un proche de Ben Gvir, tout comme l’un des policiers mis en cause.
L’agent pénitentiaire est soupçonné d’obstruction à une enquête et d’abus de confiance, a déclaré le DIPI dans un communiqué. Ce dernier a précisé que l’interrogatoire avait eu lieu à la suite d’une opération d’infiltration.
Selon une source proche du dossier, lorsque les agents du DIPI se sont approchés du véhicule du responsable de la prison qui se trouvait devant son domicile, dans la matinée, sa garde rapprochée a d’abord craint une tentative d’assassinat, sortant les armes.
L’un des agents de police – un commandant – est soupçonné de manquements à l’éthique et à l’intégrité, de manquement au devoir, d’abus de confiance et d’avoir abusé de sa position. L’autre, un commissaire, est soupçonné de corruption.
Selon les médias israéliens, l’agent pénitentiaire est, de son côté, soupçonné d’avoir sollicité une policière pour qu’elle demande à un tiers de supprimer certains messages sur l’application Telegram, des messages qui étaient considérés comme nuisant à Ben Gvir. Ynet a indiqué que l’agent avait expliqué à ce tiers que son avancement professionnel dépendrait du fait qu’il accepte ou non cette demande. Le média n’a pas fourni d’autres détails sur le rôle ou la fonction de la troisième personne.
La chaîne publique Kann a fait savoir que le policier avait été suspendu de ses fonctions au sein du service pendant plusieurs mois.
De hauts-gradés de la police auraient été « choqués » par les faits, tandis que la chaîne a rapporté que beaucoup restaient inhabituellement silencieux sur cette affaire.
Ben Gvir a déclaré que les arrestations s’inscrivaient dans le cadre du conflit qui l’oppose à la procureure générale Gali Baharav-Miara, qui cherche à l’écarter de son poste en raison de ses interventions répétées dans les affaires opérationnelles de la police et de sa prétendue politisation des nominations qu’il effectue au sein des forces de l’ordre.
« La procureure générale et son bureau utilisent le département des enquêtes internes de la police pour dissuader un haut responsable de l’administration pénitentiaire et des officiers de police d’appliquer ma politique et celle du gouvernement de droite », a écrit Ben Gvir sur le réseau social X.
Il a déclaré « qu’une ligne rouge claire avait été franchie », évoquant « une tentative de coup d’État ».
Baharav-Miara avait informé Ben Gvir dans la matinée que les officiers seraient arrêtés. Son parti, Otzma Yehudit, a rapidement publié une déclaration indiquant que la réunion hebdomadaire de faction du parti, qui était prévue dans la matinée, avait été retardée en raison d’une « réunion urgente qui s’est tenue au dernier moment ». Cette déclaration a devancé l’annonce du DIPI.
Le ministre de la Sécurité nationale a réitéré son accusation selon laquelle la détention pour interrogatoire d’un officier supérieur de l’IPS fait partie de ce qu’il affirme être une tentative de commettre un coup d’État contre lui de la part de la procureure générale.
« La police privée de Gali Baharav-Miara a franchi une ligne rouge. Elle a décidé de placer en détention pour interrogatoire deux hauts responsables du système d’application de la loi qui mettent en œuvre ma politique », a déclaré Ben Gvir lors d’une conférence de presse.
« La décision d’enquêter sur des policiers qui agissent conformément à ma politique est une décision politique qui vise à renverser le gouvernement de droite. »
Ben Gvir a demandé au Premier ministre Benjamin Netanyahu et au ministre de la Justice Yariv Levin de convoquer une commission d’enquête pour préconiser le renvoi de la procureure générale.
Haaretz a signalé que l’un des officiers de police détenus avait été nommé par Ben Gvir à un poste de direction au sein de la division de Cisjordanie des forces de l’ordre. Selon le média, l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet est mécontente de la manière dont les choses sont actuellement gérées au sein de la division, et en particulier dans le département chargé de lutter contre le terrorisme juif. Selon le journal, le Shin Bet estime que l’unité ne fait pas son travail et qu’elle s’est déconnectée du département du Shin Bet chargé du dossier.
L’interrogatoire des officiers a eu lieu une semaine après le début de l’enquête lancée par l’unité des crimes majeurs de la police qui vise cinq personnes ayant travaillé dans le bureau de Ben Gvir, dans le cadre d’investigations consacrées à des soupçons de délivrance de permis de port d’armes à feu sans autorisation par le ministère.
Dans cette affaire, Ben Gvir a également accusé Baharav-Miara de mener « un coup d’État contre la démocratie ».
Baharav-Miara s’est souvent opposée aux membres du gouvernement de droite de Netanyahu concernant certaines politiques sans précédent qu’il a cherché à mettre en œuvre. Les désaccords se sont intensifiés dans le cadre des enquêtes en cours sur le personnel du Premier ministre.
Ben Gvir et plusieurs autres n’ont pas hésité à demander publiquement l’éviction de Baharav-Miara. La semaine dernière, le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a déclaré que treize ministres avaient signé un document demandant au gouvernement de renvoyer la procureure générale.