Un journaliste d’Al-Jazeera blessé à Gaza, membre présumé du Hamas, transporté au Qatar
Ismail Abu Omar, commandant adjoint d'un bataillon du Hamas selon Israël, qui a perdu sa jambe droite dans une frappe israélienne, quitte Gaza pour se faire soigner à Doha

Le journaliste d’Al-Jazeera, blessé lors d’une frappe aérienne israélienne près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, la semaine dernière, et qui serait, selon Israël, un agent terroriste du Hamas, a été transporté par avion vers le Qatar pour y être soigné, a annoncé dimanche la chaîne de télévision basée à Doha.
Mercredi dernier, le lieutenant-colonel Avichay Adraee, porte-parole en langue arabe de Tsahal, a révélé qu’en plus de travailler pour la chaîne qatarie, Ismail Abu Omar était commandant adjoint de compagnie du bataillon Khan Younès Est du Hamas.
Le matin du 7 octobre, Abu Omar s’est infiltré en Israël et a documenté l’attaque du Hamas depuis le kibboutz Nir Oz, a ajouté Adraee.
Abu Omar a perdu sa jambe droite dans la frappe de drone mardi, alors que les secouristes tentaient de sauver sa jambe gauche, a expliqué Al-Jazeera, s’appuyant sur le témoignage d’un médecin urgentiste.
Le caméraman d’Al-Jazeera Ahmad Matar a également été blessé lors de la frappe.
La Douzième chaîne a rapporté dimanche qu’Abou Omar avait été transporté à Doha à bord d’un avion d’évacuation qatari. Elle a ajouté qu’Israël n’avait pas été informé de cette évacuation.
Al-Jazeera a dénoncé la frappe et rejeté les allégations de Tsahal concernant le rôle d’Abou Omar au sein du Hamas.
Par voie de communiqué, Al-Jazeera a fait savoir que « l’attaque dont ont été victimes le journaliste Ismail et son caméraman Ahmad est le dernier avatar en date de l’occupant [israélien] qui s’en prend délibérément aux équipes d’Al-Jazeera ».
« La chaîne condamne les accusations portées contre ses journalistes et rappelle la longue histoire de mensonges et de fabrication de preuves d’Israël à travers laquelle il cherche à cacher ses crimes odieux », écrit Al-Jazeera dans un communiqué.
Dans son communiqué, Al-Jazeera a indiqué que sa « politique d’emploi stipule que les employés ne doivent avoir aucune affiliation politique susceptible d’affecter leur professionnalisme ».
Une semaine plus tôt, Tsahal avait révélé une série d’images et de documents prouvant qu’un autre journaliste d’Al-Jazeera, Mohamed Washah, était un commandant de l’aile militaire du Hamas. Adraee a expliqué que des documents retrouvés dans l’ordinateur avaient révélé que Washah, 37 ans, était « un commandant de premier plan » dans une unité de missile anti-char et qu’à la fin de l’année 2022, il avait commencé à travailler dans la recherche et le développement pour le compte de l’unité aérienne du groupe terroriste.
Le mois dernier, deux journalistes d’Al-Jazeera, qui avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne à Rafah, avaient été ultérieurement accusés par Tsahal d’être des membres du Hamas et du Jihad islamique palestinien, un autre groupe terroriste.
Hamza Wael Dahdouh, le fils de Wael Al-Dahdouh, le correspondant de la chaîne qatarie à Gaza, et Mustafa Thuria, pigiste pour l’AFP qui travaillait aussi pour Al-Jazeera, avaient été tués dans cet incident survenu au mois de janvier. Un troisième journaliste, Hazem Rajab, avait été grièvement blessé, selon Al-Jazeera.
Tsahal a fait savoir que les renseignements en sa possession attestaient de l’appartenance de ces deux hommes à des organisations terroristes de Gaza et de leur « implication active dans des attaques contre des soldats israéliens », un document trouvé par ses soldats à Gaza ayant notamment établi que Thuria était commandant adjoint de la brigade de Gaza du Hamas.
Selon l’armée israélienne, Dahdouh est pour sa part membre du Jihad islamique palestinien. Des documents récupérés par les troupes à Gaza révèlent qu’il a servi dans l’unité d’ingénierie électronique du Jihad islamique et qu’il était auparavant commandant adjoint de la force de roquettes du bataillon Zeitoun.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 253 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Plus de 28 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 10 000 membres du groupe terroriste à Gaza, en plus d’un millier terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.
Israël, qui nie catégoriquement avoir délibérément frappé les journalistes, assure faire son possible pour ne pas nuire aux civils et impute le nombre élevé de morts au fait que le Hamas se bat dans des zones urbaines densément peuplées en se mêlant aux civils, utilisés comme des boucliers humains.
Dans un communiqué publié le 16 décembre dernier, l’armée israélienne écrivait : « L’armée israélienne n’a jamais pris pour cible et ne prendra jamais délibérément pour cible des journalistes ».