Un New-yorkais pro-palestinien plaide coupable pour trois attaques antisémites
Saadah Masoud a agressé physiquement un Juif lors d'une manifestation anti-Israël au début de l'année ; l'accusation de complotisme pourrait ouvrir la porte à d'autres poursuites
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

NEW YORK – Un activiste pro-palestinien a plaidé coupable mardi pour les accusations fédérales de crimes antisémites qui lui sont reprochés dans une série d’attaques contre des Juifs à New York en 2021 et 2022.
Saadah Masoud, 29 ans, a plaidé coupable pour le chef d’accusation de participation à un complot visant à commettre des crimes à caractère haineux. Cette accusation est passible d’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement.
« Masoud a délibérément ciblé trois victimes en raison de leur religion et de leur nation d’origine », a déclaré le procureur américain Damian Williams. « Il n’y a pas de place dans ce pays pour ce comportement offensant et haineux. »
Dans le cadre de son accord de plaidoyer, Masoud a reconnu avoir attaqué trois personnes en raison de leur identité juive ou israélienne. Le jugement sera rendu en mars.
Les accusations fédérales de crimes à caractère haineux sont relativement rares, et la plupart des incidents haineux présumés à New York ne donnent généralement pas lieu à une condamnation.
En mai 2021, lors de manifestations de masse à New York contre la guerre d’Israël contre les terroristes de Gaza, « Masoud avait agressé une victime qui portait une étoile de David » à Manhattan, ont déclaré les procureurs mardi en annonçant les chefs d’accusations.
Le mois suivant, à Brooklyn, Masoud et un co-conspirateur ont agressé une victime identifiable comme juive de part sa tenue vestimentaire devant le domicile de la victime.
Et en avril 2022, Masoud a attaqué un homme, Matt Greenman, qui portait un drapeau israélien en marge d’une manifestation pro-palestinienne à Midtown Manhattan. Greenman y était allé en tant que contre-protestataire.

Masoud a frappé à plusieurs reprises sa victime – qui tenait des béquilles – et l’a traînée sur un trottoir, lui causant des blessures graves, notamment une commotion cérébrale.
Greenman a déclaré que Masoud l’avait suivi à l’écart du rassemblement, avant de l’attaquer et de lui dire : « Voilà ce qui arrive quand on est un terroriste ». Greenman est Juif et vivait auparavant en Israël.
Une vidéo filmée par les manifestants montre Masoud suivant Greenman dans une rue et lui criant dessus, ainsi qu’un autre manifestant, qui l’appelle « juif » en arabe et dit qu’il a un « putain de sale drapeau ».
Les enquêteurs ont déclaré que sur les images des caméras de sécurité, ils ont vu l’agresseur s’approcher de Greenman et le jeter au sol, renversant également une femme qui se trouvait à proximité. Masoud a ensuite frappé Greenman à la tête et au visage pendant près de 20 secondes, le traînant face contre terre sur le trottoir et repoussant les passants qui tentaient d’intervenir, selon les enquêteurs.
Masoud a arraché le drapeau israélien de l’homme. La vidéo des manifestants le montre retournant à l’avant de la manifestation avec le drapeau, où il a été piétiné et incendié. La vidéo semble montrer Masoud comme l’un des leaders de la manifestation.
Des militants contre l’antisémitisme et des passants ont reconstitué l’identité de l’agresseur peu de temps après, à l’aide de témoignages et de recherches en ligne, et ont envoyé à Greenman le nom et la photo de l’agresseur, qu’il a transmis à la police.
Masoud a menacé les militants en ligne dans une série de messages, notamment en déclarant se « sentir mal pour vous les sionistes, quand viendra le jour du jugement dernier et que nous vous abattrons tous comme des moutons ».
Le Times of Israel s’était entretenu avec Masoud lors de la manifestation juste avant l’agression. Immédiatement après, un passant qui avait filmé l’agression a partagé la séquence et confirmé l’identité de Masoud.
Masoud a été inculpé, quelques semaines plus tard, de crime de haine par un tribunal fédéral américain pour une attaque à caractère antisémite en juillet. En enquêtant sur l’agression contre Greenman, les enquêteurs ont découvert les deux agressions précédentes.
Depuis son arrestation, Masoud est assigné à résidence et porte un bracelet électronique à la cheville. Les procureurs ont indiqué lors d’une audience de mise en accusation le mois dernier que l’enquête sur l’accusation de complotisme est en cours.
L’avocat de Greenman, Gerard Filitti, a déclaré au Times of Israel le mois dernier que l’accusation de complotisme est aussi grave que le chef d’accusation d’agression. L’accusation de complotisme, qui signifie que Masoud est soupçonné d’avoir collaboré avec d’autres personnes pour commettre les agressions, a été ajoutée le mois dernier. L’accusation concerne les trois attaques présumées et pourrait ouvrir la porte à la poursuite d’autres personnes.
Filitti, avocat principal du cabinet qui se consacre aux questions juives et pro-israéliennes Lawfare Project, a souligné les liens de Masoud avec des groupes anti-Israël, notamment Within Our Lifetime (WOL), une organisation pro-palestinienne qui appelle à la destruction d’Israël lors de manifestations régulières. L’agression de Greenman a eu lieu lors d’une manifestation organisée par ce groupe.

Les Juifs sont la minorité la plus ciblée par des crimes de haine à New York. Selon les statistiques de la police de New York (NYPD), en 2021, les agressions anti-juives ont constitué 38 % de tous les crimes haineux confirmés dans la ville.
« Beaucoup de ces attaques ne sont pas des cas isolés commis par des fous dans la rue, elles font partie d’une tentative orchestrée pour attaquer et faire taire les Juifs », a déclaré Me Fillitti. « Nous savons que Masoud est lié à WOL Palestine et qu’il a été relié à d’autres individus, surtout si l’on considère que cette attaque a eu lieu lors d’une manifestation organisée par WOL, l’accusation de complotisme est très importante. »
La manifestation du 20 avril a débuté près du consulat d’Israël à Manhattan. Les organisateurs ont appelé à la résistance « par tous les moyens nécessaires » avant la manifestation, qui était également parrainée par les groupes militants Samoudin et le Mouvement de la jeunesse palestinienne.
Une centaine de manifestants portaient des drapeaux palestiniens et scandaient « Mondialiser l’Intifada », « Nous ne voulons pas de deux États, nous voulons tout », « Israël, va au diable » et « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre ». Pour les Israéliens, l’Intifada, qui signifie littéralement « soulèvement » en arabe, évoque des souvenirs traumatisants d’une vague massive d’attaques terroristes au début des années 2000. La période a été marquée par des attentats-suicides et d’autres attaques terroristes quasi-quotidiennes en Israël qui ont tué des centaines de civils.

WOL appelle régulièrement à « mondialiser l’Intifada » et à la destruction d’Israël lors de rassemblements à New York, et a appelé à cibler les organisations juives de la ville, notamment en distribuant des cartes indiquant l’emplacement de 18 bureaux juifs et israéliens lors d’une manifestation.
En mai, Nerdeen Kiswani, l’une des dirigeants de WOL, qui avait organisé la manifestation d’avril, a prononcé le discours d’ouverture de la cérémonie de remise des diplômes de la Faculté de Droit de l’université de New York (CUNY). Son discours était largement dirigé contre Israël et les « sionistes ». Les défenseurs des droits des Juifs ont déclaré que la CUNY était un foyer d’antisémitisme et ont accusé l’administration de fermer les yeux.
Une vidéo de la manifestation du 20 avril la montre à l’avant du cortège aux côtés de Masoud peu après l’attaque, alors que le drapeau israélien brulait.
Avant l’attentat, elle avait déclaré que le drapeau israélien était « responsable de la mort d’innombrables Palestiniens », avait pris la tête des chants « Sionistes, vous ne pouvez pas vous cacher » et avait appelé à la destruction d’Israël « par tous les moyens nécessaires ». Elle a indiqué que la branche de la CUNY, Justice in Palestine, était présente.
Les autorités fédérales se saisissent de l’affaire alors que la communauté juive se plaint du manque de sanctions à l’encontre des agresseurs anti-juifs et critique le système de « libération sous caution » qui remet souvent les suspects en liberté.

« Cela montre que le ministère de la Justice s’attelle à la tâche de mener des enquêtes approfondies et d’engager des poursuites contre les crimes à caractère haineux dans la ville de New York, où les procureurs locaux semblaient avoir abandonné, en particulier lorsqu’il s’agit de crimes contre les Juifs », a déclaré Filitti.
Un homme du New Jersey a été accusé de crimes de haine au niveau fédéral pour un acte antisémite qui a gravement blessé plusieurs Juifs au début de l’année.
Les Juifs sont la cible de crimes haineux plus que tout autre groupe à New York, tant en termes absolus que par habitant, avec des attaques signalées presque quotidiennement, dont 20 le mois dernier, selon la NYPD. Les incidents vont des agressions au harcèlement verbal, en passant par les graffitis antisémites et les dommages matériels.
Samedi, la police a arrêté deux hommes et saisi des armes et un brassard nazi en raison de ce que la police a qualifié de « menaces envers la communauté juive ». L’un des suspects avait menacé de « tirer sur une synagogue ». Au début du mois, dans le New Jersey voisin, toutes les synagogues de l’État ont été mises en état d’alerte après une menace émanant d’un extrémiste islamique.