Un nouveau soutien pour les « soldats seuls »
Ils ont quitté leur famille pour se porter volontaires dans l’armée. Que se passe-t-il pour ses vétérans lorsqu’ils retournent dans leurs pays ?

NEW YORK – A la fin des années 1960, Sammy Bar-Or a fait son aliyah seul depuis l’Iran avec des rêves de parachutistes israéliens aux bottes rouges qui dansaient dans sa tête. Il avait 13 ans.
« Je regardais des photos de moi à l’époque et je demandais à mes parents comment avaient-ils pu me laisser faire une chose pareille », a déclaré Bar-Or dans sa maison du New Jersey. « Ils m’ont dit, ‘Sammy, tu n’as aucune idée de comment tu étais à l’époque’. J’étais tellement sioniste et amoureux d’Israël ».
Après avoir fréquenté une année l’université de Tel Aviv, Bar-Or s’est engagé dans les Forces de Défense d’Israël. Il a servi comme parachutiste de 1970 à 1973. Pendant trois ans, il a gardé son statut de « soldat seul » secret.
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« Je voulais qu’aucun de mes amis ne sache que j’étais un soldat seul. Je ne voulais pas de leur pitié, ni qu’ils me traitent différemment », a déclaré Bar-Or.
Les temps ont changé. Les soldats seuls, qui servent sans famille dans le pays, disposent maintenant de beaucoup de soutien à travers des organisations comme les Amis des Forces de Défense d’Israël (FIDF), Pierre Aluf (l’association officielle de l’armée pour les soldats seuls vétérans) et le Centre des Soldats seuls Michael Levin.
Pourtant, il y a peu de soutien direct pour ces soldats vétérans qui ne restent pas en Israël, a déclaré Bar-Or. C’est quelque chose qu’il espère voir changer.
Etant un des cofondateurs de l’antenne du New Jersey de la FIDF, Bar-Or veut créer un réseau là-bas pour les anciens soldats seuls. Il imagine ceux qui sont à deux ou trois mois de la fin de leur service à avoir accès à de nombreux emplois, prêts immobiliers ou à un soutien éducatif ou financier.
Tim Bailey a grandi dans ce qu’il a qualifié un « foyer très chrétien ». Il n’a su que tard dans son adolescence que sa mère était juive. Ne voulant pas faire son alyah et immigrer officiellement en Israël, Bailey a servi comme volontaire à Machal. Bien que sa mauvaise vue l’ait empêché de servir comme parachutiste, son rêve, il a rejoint la 188ème Brigade blindée « Barak ».
Après la fin de son service dans la 188ème, il est retourné aux Etats-Unis. Revenir à la vie civile n’était pourtant pas une option pour ce natif de Syracuse dans l’Etat de New York. Il s’est porté candidat pour un emploi dans le Service des Parcs nationaux américain où il fut content de découvrir que son service dans l’armée constituait, selon lui, un avantage.
Maintenant, après vingt ans dans le maintien de l’ordre, Bailey étudie la politique publique.
Contrairement à ceux qui ont servi dans l’armée américaine, il n’y a pas d’équivalent de la loi des GI, pour les soldats seuls qui retournent dans leurs pays d’origine.
« Cela aurait été bien, mais cela ne faisait pas partie du contrat, c’est comme cela », a déclaré Bailey.
Deux soldats seuls, Max Steinberg, californien âgé de 24 ans, et Sean Carmeli, âgé de 21 ans et originaire du Texas, ont été tués lors de l’opération Bordure protectrice, attirant l’attention des médias sur ce phénomène. Sur les plus de 2 500 soldats seuls de l’armée, au moins 750 sont américains, selon la FIDF.
Si les statistiques sur le nombre de soldats seuls en fonction sont disponibles, il n’y a pas de chiffres précis sur le nombre de vétérans, selon la FIDF.
Puisqu’il n’y a pas de chiffres précis, les vétérans doivent se trouver par eux-mêmes. Bailey a servi avec Joel Chasnoff dans la 188ème.
Chasnoff a grandi à Chicago. Il a étudié à l’école Schechter Solomon, une école juive de jour, et a passé ses étés au Camp Ramah. Après sa visite d’Israël dans un voyage pour adolescents lorsqu’il avait 17 ans, Chasnoff a décidé que s’il devait un jour appeler Israël sa patrie, il devrait tout d’abord la défendre.
Chasnoff a fait son alyah après avoir obtenu son diplôme de l’université de Pennsylvanie. Comme 50 % des soldats seuls, Chasnoff a choisi une unité de combattant. Affecté à la 188ème Brigade armée, il a été déployé au Liban en 1998 lors d’opérations contre le Hezbollah.
Après son service, Chasnoff est retourné à New York pour poursuivre une carrière de comédien et d’écrivain. S’adapter au fleuve jaune des taxis et au métro bondé a été facile.
« A dire la vérité, l’armée est une expérience très intense. Je suis très content d’en être sorti. En ce qui me concerne, je n’étais pas inquiet pour savoir comment me ré-acclimater », a déclaré Chasnoff. « Oui, il y a bien eu parfois des moments de vide, c’est normal car j’étais passé par quelque chose de tellement intense qui s’était brusquement arrêté ».
Les vétérans comme Chasnoff gardent un œil attentif sur Israël tandis que l’opération Bordure protectrice se déroule.
« Quand ces opérations ont lieu, c’est là que ça devient difficile », explique Chasnoff. « Nous savons ce que ça fait d’y aller, nous savons ce que ça fait de ne pas savoir ce qui va se passer ».
Au cours des presque 20 ans depuis qu’il a quitté l’armée, Chasnoff a déclaré qu’il n’avait pas éprouvé le besoin de fréquenter des groupes pour les vétérans. Il préfère plutôt rencontrer d’autres anciens soldats seuls lorsqu’il fait des spectacles ou parle de ses mémoires de 2010 « La 188ème brigade pleurnicheuse ». Il maintient également des liens étroits avec Tim Bailey.
« Il y a un lien incroyable entre les gens qui ont fait cela », a-t-il déclaré en parlant de rencontres avec d’autres vétérans et des soldats en activité.
En retournant aux Etats-Unis, les soldats seuls vétérans font face à toute une série de réaction des civils qui apprennent leur service à l’étranger. Certains accueillent ces vétérans avec admiration et d’autre avec confusion. Néanmoins, la plupart des gens sont simplement curieux de sa décision de servir dans l’armée, a déclaré Chasnoff.
« Parfois, je rencontre quelqu’un de plus vieux, quelqu’un qui a servi durant la Seconde Guerre mondiale ou au Vietnam et ils me demandent si je n’ai jamais pensé à servir dans l’armée américaine », dit Chasnoff. « Je comprends cela, ce pays a accueilli mes arrière-grands-parents. Personne ne m’a jamais pourtant traité de traitre ».
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