Une centaine d’employés juifs de la BBC accusent la chaîne d’un deux poids, deux mesures
Une lettre dénonce une mauvaise gestion par la chaine des accusations d’antisémitisme contre Qasim Sheikh
Une centaine d’employés, fournisseurs ou contributeurs juifs ont signé une lettre envoyée mercredi 5 juin à la direction de la BBC pour mettre en cause la gestion par la direction de la chaîne du cas Qasim Sheikh, a rapporté le magazine américain Variety, qui a publié la lettre.
Celui-ci, ancien joueur international de cricket et consultant pour la BBC, poste fréquemment sur la situation à Gaza en assurant qu’Israël y mène un « génocide ». Il a ainsi provoqué la colère de collaborateurs juifs suite à ses commentaires pour le moins virulents et controversés.
Après les attentats barbares perpétrés par les terroristes du Hamas le 7 octobre, il aurait posté, selon la lettre, sur son compte X que les actes des « terroristes étaient justifiés, avec leurs viols et massacres aveugles et massifs, afin de se défendre ». Il s’en est pris nommément à Rishi Sunak, Premier ministre du Royaume-Uni, au président américain Joe Biden ou encore au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Il les a qualifiés « d’union de tueurs d’enfants » dans un post sur X où les trois dirigeants sont affublés d’une moustache hitlérienne. Au sujet du locataire du 10 Downing street et de son principal opposant, Sir Keir Starmer, il a parlé de « facilitateurs de génocide ».
Au-delà des propos de Qasim Sheikh, c’est la gestion de l’affaire par la BBC qui a provoqué la colère des 119 signataires de la lettre (dont 55 sont restés anonymes par peur de représailles professionnelles). Ces derniers accusent la chaîne de pratiquer un deux poids, deux mesures face aux accusations de racisme.
Le courrier prend l’exemple de Michael Vaughan, un commentateur suspendu en 2021 après la dénonciation de propos racistes qu’il avait tenus en 2009 en marge d’un match diffusé sur la chaine. « Une simple accusation a suffi pour que Vaughan soit suspendu de tout commentaire » lors de matchs de cricket, a déploré le courrier. La suspension avait été finalement levée après que le journaliste eut été blanchi par l’Autorité britannique du cricket.
La lettre interroge ainsi la direction de la chaine et demande comment la communauté juive peut faire confiance à la BBC pour ses informations, quand elle constate son traitement d’accusation d’antisémitisme.
En réaction, la chaîne a eu un entretien avec Qasim Sheikh. Celui-ci a aussi publié un communiqué le 4 juin pour clarifier sa position : « Si mes messages ont amené les gens à penser que je soutiens les attentats du 7 octobre, alors cela ne me conviendrait pas, et je m’excuse pour toute offense que cela a pu avoir provoqué. Je ne chercherais jamais à justifier la perte de vies innocentes. Ce n’était pas mon intention. » Le même jour, il a participé aux commentaires d’un match de cricket entre l’Écosse et l’Angleterre.
La BBC a refusé de commenter mais a fourni une nouvelle déclaration mise à jour de Sheikh, après la lettre d’employés juifs de la chaîne, disant : « J’ai reçu la récente lettre et, par conséquent, je souhaite réitérer mes excuses pour toute offense causée par mes messages passés. Je réitère que ce qui s’est passé le 7 octobre était moralement répréhensible. J’ai supprimé mes publications sur les réseaux sociaux et je tiens à réitérer que mon intention était et est toujours de soulever le sort de la mort de tous les civils innocents. Ma position est clairement exposée dans ma déclaration d’hier. Je suis contre toutes les formes de racisme et de discrimination et je crois en la nécessité de la paix à Gaza. »
En mai, un ancien directeur de la BBC avait accusé la chaîne de partialité anti-israélienne « flagrante », en particulier dans ses branches arabophones, où certains reporters emploieraient la même terminologie que celle des porte-parole du groupe terroriste palestinien du Hamas.
Cette critique intervenait un peu plus d’une semaine après que le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, eut demandé à la BBC de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, demande que la chaîne a rejetée.
Le radiodiffuseur a fait l’objet de critiques croissantes en raison de son refus de qualifier le Hamas de terroriste. La Grande-Bretagne a proscrit le Hamas en tant que groupe terroriste, à l’instar de nombreux autres pays.