Une femme de 96 ans a échappé au massacre de Beeri ; son petit-fils est otage à Gaza
Aviva Sela, qui a miraculeusement survécu le 7 octobre, ne se souvient pas très bien de son départ du kibboutz avec son déambulateur, mais sans lunettes ni appareils auditifs
Bien qu’elle ne se souvienne pas de tous les événements, Aviva Sela, 96 ans, est parvenue à sortir indemne du carnage sanglant perpétré par le Hamas au kibboutz Beeri, le 7 octobre dernier.
Dans une interview diffusée dimanche, Aviva Sela a raconté une partie de son histoire. Bien que le temps et son esprit vieillissant aient effacé de nombreux détails, sa famille a pu reconstituer l’histoire à partir de témoignages de survivants et d’images provenant des caméras de vidéosurveillance du kibboutz, des GoPros et images de smartphones filmées par des terroristes du Hamas qui ont été tués ou capturés.
La fille et l’ex-gendre d’Aviva Sela, Orit et Rafi Svirsky, ont été assassinés lors de l’assaut du Hamas. Son petit-fils Itay Svirsky, 38 ans, a été kidnappé et conduit à Gaza.
Itay rendait visite à sa grand-mère dans le kibboutz Beeri le 7 octobre, quand près de 3 000 terroristes ont franchi la frontière israélienne depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime, tuant plus de 1 200 personnes et prenant plus de 240 otages de tous âges, sous le couvert de milliers de roquettes tirées sur les villes et communautés israéliennes.
Rien qu’à Beeri, les terroristes ont tué plus de 100 personnes et pris de nombreux otages.
« Je me souviens que des Arabes sont venus à la maison, et ils ont dit que c’était leur maison maintenant, et je leur ai dit : ‘tfadlu (je vous en prie en arabe), entrez’. Je pensais que peut-être nous pourrions avoir une conversation avec eux », a raconté la femme de 96 ans à la Douzième chaîne. « Ils étaient devant mon porche, de ça je me souviens. Ce qui s’est passé ensuite … je ne m’en souviens pas. »
D’après les reconstitutions de la famille de Sela, son aide-soignante philippine Grace Cabrera, qui a été tuée lors de l’attaque, a réussi à emmener Sela dans la pièce sécurisée et à fermer la porte lorsque les sirènes d’alertes de missiles ont retenti tôt dans la matinée de samedi. Cabrera a donné des nouvelles à la famille via WhatsApp, envoyant même une photo d’elle et de Sela souriant sur le lit de la pièce sécurisée.
« Pendant des heures, elle a tenu la poignée de la porte fermée pour essayer d’empêcher les terroristes d’entrer », a raconté la fille de Sela, Osnat Sela Weinberg, au quotidien Makor Rishon en octobre.
Les voisins ont par la suite raconté aux filles de Sela que les terroristes du Hamas avaient investi sa maison. Dans le reportage de la Douzième chaîne, on entend Sela Weinberg expliquer à sa mère : « Ta pelouse était leur salle de crise, maman. Elle était pleine d’armes, c’était leur QG ».
Pendant ce temps, Sela, aux dires de tous, était allongée sur une balançoire sous son porche, avec une assiette de fruits que Cabrera lui avait apparemment préparée.
Selon le reportage de la Douzième chaîne, les terroristes ont rassemblé les habitants du kibboutz à ‘leur base’, dans la maison de Sela, certains d’entre eux étaient blessés et d’autres ont été ramenés plus tard à Gaza comme otages.
Une survivante, une voisine grièvement blessée lors de l’attaque qui a été amenée dans le jardin, a déclaré que le calme rassurant de Sela lui avait sauvé la vie. « Maman lui parlait constamment pour qu’elle ne perde pas conscience », a raconté Sela Weinberg. La voisine a dit que son fils vomissait à cause de l’inhalation de fumée et Sela lui aurait dit : « Ça va aller, tout va bien ».
Sela se souvient vaguement d’être sortie de Beeri. « J’ai décidé de partir du kibboutz ». Et elle est partie, lentement, avec son déambulateur, vers le parking du kibboutz, sans ses lunettes ni ses appareils auditifs. Dans son souvenir, tout était mortellement calme, même si selon le reportage de la Douzième chaîne, des batailles féroces faisaient rage avec les terroristes à ce moment-là.
« Heureusement, quelqu’un se rendait en voiture à Tel Aviv, et je suis partie avec lui », a déclaré Sela à la Douzième chaîne. « En chemin, j’ai appelé ma fille [Sela Weinberg]. »
Interviewée sous le porche arrière de la maison de sa fille à Kochav Yair, dans le centre du pays, Sela sait qu’elle ne retournera pas de sitôt au kibboutz Beeri. Aujourd’hui, elle consacre tous ses efforts à ramener son petit-fils de Gaza.
Pour la première fois depuis le 7 octobre, elle a quitté Kochav Yair pour se rendre sur la place des otages à Tel Aviv, afin de participer à l’appel pour exiger la libération des 130 personnes kidnappées qui seraient encore détenues à Gaza. Cent cinq otages civils ont été libérés fin novembre dans le cadre d’une trêve temporaire avec le Hamas.
« Peut-être qu’il sera chanceux », a dit Sela lors de son entretien avec la Douzième chaîne.