Grace Cabrera, 45 ans : l’aide soignante restée au chevet de sa patiente
Considérée comme une membre de la famille, Cabrera, originaire des Philippines, a été assassinée le 7 octobre après avoir préparé les provisions et les médicaments de sa cliente, Aviva Sela
Grace Cabrera, une aide-soignante originaire des Philippines qui vivait et travaillait au kibboutz Beeri, a été assassinée par les terroristes du Hamas le 7 octobre.
Cabrera s’occupait d’Aviva Sela, 95 ans. Elle a été tuée quand les terroristes ont pris d’assaut le kibboutz. Les hommes armés l’ont probablement d’abord prise en otage avant de la tuer et d’abandonner son corps sans vie qui n’a été retrouvé que le 19 octobre.
La fille de Sela et son ex-gendre, Orit et Rafi Svirsky, ont également perdu la vie lors de l’attaque du Hamas. Son petit-fils, Itay Svirksy, serait retenu en captivité à Gaza. La nonagénaire, de son côté, a survécu.
La fille de Sela, Osnat Weinberg, a déclaré au journal Makor Rishon que de toute évidence, Cabrera avait perdu la vie en protégeant celle de Sela.
Weinberg a raconté que lorsque les sirènes d’alerte à la roquette avaient commencé à résonner dans le kibboutz, en tout début de matinée, Cabrera avait emmené la nonagénaire dans la pièce blindée et qu’elle avait fermé la porte, conservant le contact avec la famille via WhatsApp. C’est ainsi qu’elle les avait informés que des terroristes étaient entrés dans la maison. « Pendant des heures, elle a tenu la poignée de la porte pour tenter d’empêcher les terroristes d’entrer », a-t-elle déclaré.
Weinberg a ajouté que tout lien avec Cabrera avait été rompu vers midi et qu’elle avait ensuite reconstitué les événements grâce aux témoignages des survivants qui avaient expliqué que les terroristes avaient amené Cabrera et Sela sur le balcon de leur logement, fermant la porte derrière elles. Elle a indiqué que quand la famille avait enfin retrouvé la nonagénaire, elle était arrivée avec tout ce dont elle avait besoin, notamment ses médicaments et des fruits empaquetés dans le panier de son déambulateur. « Il n’y avait que Grâce pour la préparer comme ça », a fait remarquer Weinberg.
« Son sang-froid, sa sagesse et les attentions qu’elle a eues pour ma mère sont allées bien au-delà de l’ordinaire », a-t-elle noté. « Elle était un ange, tout simplement, un ange qui avait bien les pieds sur terre. Quelle âme pleine de bonté, quelle âme sage… Nous sommes si reconnaissants à l’égard de la merveilleuse Grace qui était devenue une membre à part entière de notre famille et nous la pleurons ».

La nièce d’Aviva, Tamar Ben-Tzvi, s’est rendue à un office en mémoire de Cabrera, déclarant que « tout ce qui a pu être dit était complètement vrai. C’était une femme noble qui a risqué sa vie pour protéger Aviva. Une femme qui était venue d’un pays tranquille et sûr jusqu’en Israël afin de pouvoir travailler et d’envoyer de l’argent à sa famille aux Philippines. Gracie était comme son nom, une femme pleine de grâce et d’amour. »
Nimisha Vargese, aide-soignante originaire d’Inde, qui travaillait également au kibboutz Beer, a indiqué qu’elles étaient toutes les deux arrivées au kibboutz à peu-près en même temps, « et l’amitié a commencé à partir de là… que ta famille et tes amis puissent avoir la force nécessaire pour affronter ce deuil… Tu me manques, ma chérie. »
La sœur de Cabrera, Mary June Prodigo, qui avait aussi travaillé en tant qu’aide-soignante dans le même kibboutz, a indiqué qu’elle luttait pour faire face au deuil.
« Aucun mot n’est en mesure d’expliquer la souffrance que je ressens en ce moment… J’ai perdu ma sœur, ma meilleure amie », a-t-elle écrit sur Facebook. « Maintenant, tout est terminé… La souffrance va remplacer tous les souvenirs heureux ».
Prodigo a déploré la manière cruelle dont la vie de sa sœur a été écourtée : « J’ai des regrets… Je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer ça… Mais je le ferai pour toi… pour notre famille… Un jour, nous boirons du Breezer ensemble, nous irons nous promener, nous profiterons de notre voyage, nous ramasserons les fruits que nous aimons… Un jour, tous ensemble, nous rirons, nous ferons des plaisanteries, nous nous amuserons, nous nous étreindrons et nous nous embrasserons ».