Une survivante de la Shoah fête ses 100 ans très entourée à Holon
Frieda Kliger, qui a survécu à Majdanek, Auschwitz, Ravensbruck et Bergen Belsen et au ghetto de Varsovie, a pu célébrer son anniversaire avec l'aide de deux groupes de bénévoles
Frieda Kliger, qui vit seule, a fêté dimanche ses 100 ans. La survivante de la Shoah ne s’attendait pas à une célébration aussi importante et joyeuse, étant donné qu’aucun de ses proches ne réside en Israël.
Mais dimanche, elle a soufflé ses bougies avec des dizaines d’invités dans la ville de Holon.
Autour de Kliger se trouvaient des voisins, de vieux amis de l’époque où elle travaillait comme guide à Yad Vashem, le Centre mondial de la mémoire de la Shoah, ainsi que de jeunes créateurs de théâtre qui ont récemment écrit une pièce inspirée de sa vie.
L’histoire de la vie de Kliger devait être racontée. Cette centenaire a survécu aux camps de concentration de Majdanek et d’Auschwitz, ainsi qu’aux déportations et aux marches de la mort.
Assise dans le jardin du centre communautaire Ben Gurion le jour de son anniversaire, elle a affiché un large sourire et exprimé son espoir que « le pays s’épanouisse et que les gens vivent dans la paix et l’harmonie, profitent de la vie et élèvent leurs enfants dans un esprit d’humanité. »
L’histoire et l’esprit de Kliger ont attiré l’attention de nombreuses personnes. En plus d’avoir inspiré une pièce de théâtre, Kliger a fait l’objet d’un film produit par Yad Vashem qui relate les épreuves inimaginables qu’elle a subies avant de venir en Israël.
La célébration de cet anniversaire a été soutenue par deux organisations à but non lucratif, l’Association pour l’aide immédiate aux survivants de l’Holocauste et AMCHA, dont les bénévoles ont participé à l’événement lui-même.
Reuven Sharf, un bénévole de AMCHA et ami de longue date de Kliger, a expliqué à la Douzième chaîne qu’elle « ne comprend pas comment tant de gens sont arrivés ici. Elle sait comment donner, et elle aime donner, mais elle ne sait pas comment recevoir ».
Kliger est née à Varsovie en 1921 dans une famille juive pratiquante. Elle avait deux sœurs aînées, dont l’une était mariée et avait un fils, et un frère cadet, qui est décédé subitement au début des années 1930. Après l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, la famille de Kliger a été contrainte d’entrer dans le ghetto de Varsovie, où elle a vécu dans des conditions brutales.
Kliger et ses sœurs ont survécu à la « grande déportation » de Varsovie en 1942, mais pas leur père. Il a été envoyé au camp d’extermination de Treblinka, où il a été assassiné.
En avril 1943, les trois sœurs ont trouvé refuge dans un bunker pendant le soulèvement du ghetto de Varsovie. Un mois plus tard, elles sont retrouvées par les Allemands, qui les envoient à Majdanek, où la sœur mariée et le neveu de Kliger sont tués. Cet été là, Kliger et le dernier membre vivant de sa famille ont été transférés à Auschwitz-Birkenau.
En décembre 1944, ils ont été envoyés dans une marche de la mort d’Auschwitz au camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne. Plus tard, ils ont été transférés à Bergen Belsen, où ils ont été libérés par les forces britanniques le 15 avril 1945.
Kliger a rencontré un autre survivant de la Shoah, Romek, au camp de personnes déplacées de Bergen Belsen. Ils se sont mariés lors du premier mariage juif du camp, le 18 décembre 1945.
Ils ont immigré en Israël en 1948 et ont participé à la guerre d’indépendance. Plus tard, ils se sont installés aux États-Unis, mais Kliger est retournée en Israël en 1973. Elle a trois enfants, quatre petits-enfants et trois arrière-petits-enfants. Le reste de sa famille vit aux États-Unis.