Israël en guerre - Jour 650

Rechercher

Une taxe éphémère sur le jetable crée une hostilité durable des Haredim à l’écologie

Selon une étude, si le sentiment de victimisation a d'abord alimenté le rejet de la taxe, l'opposition aux politiques environnementales a persisté après l'abrogation de celle-ci

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Vaisselle jetable en plastique en vente dans un supermarché à Givat Shaul, Jérusalem, le 27 octobre 2021. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)
Vaisselle jetable en plastique en vente dans un supermarché à Givat Shaul, Jérusalem, le 27 octobre 2021. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

Selon une nouvelle étude, une taxe verte sur les plastiques à usage unique instaurée il y a 4 ans – puis abrogée – a entraîné une baisse à long terme du soutien de la communauté des Juifs ultra-orthodoxes aux questions environnementales et climatiques en général.

La communauté ultra-orthodoxe, dans laquelle les familles sont souvent nombreuses, peut utiliser des quantités disproportionnées d’ustensiles de cuisine jetables. Elle a considéré cette décision comme une attaque directe contre son mode de vie, sous couvert de protection de l’environnement.

Des preuves suggèrent en outre que la communauté a contourné la taxe en organisant des achats de gros en Cisjordanie, selon l’étude menée par une équipe conjointe de l’Université hébraïque et de l’Université de Tel Aviv.

Cette étude, publiée dans la revue Policy Sciences au début de l’année, a été réalisée par Leah Bloy, du programme d’administration des affaires de l’Université hébraïque, en collaboration avec le Dr Nechumi Malovicki-Yaffe, le Dr Boaz Hameiri et le Dr Ram Fishman de l’Université de Tel Aviv.

Les recherches ont conclu que les décideurs devaient faire preuve de davantage de pédagogie en expliquant les objectifs de la législation environnementale de manière culturellement sensible, en particulier aux secteurs de la population les plus susceptibles d’être touchés.

Israël est l’un des principaux utilisateurs mondiaux de plastiques à usage unique par habitant, en partie grâce à la communauté haredi, qui compte environ 1,3 million de membres et représente 13 % de la population. En Israël, ce groupe, proportionnellement à sa taille, utilise plus de plastiques à usage unique que tout autre groupe démographique. Cette communauté est plus fortement touchée par la pauvreté et les familles sont souvent nombreuses, rendant les ustensiles de cuisine jetables et abordables utiles pour alléger le fardeau des tâches ménagères.

En novembre 2021, la coalition gouvernementale dirigée par le Premier ministre de l’époque, Naftali Bennett, a introduit une taxe sur les assiettes, bols, tasses et pailles en plastique jetables. La ministre de la protection de l’environnement de l’époque, Tamar Zandberg, avait prédit que la loi entraînerait une réduction de 40 % des achats de tels articles.

Les partis politiques haredi, qui recueillent la grande majorité des voix de la communauté, n’appartenaient pas à la coalition responsable de la promulgation de cette loi.

Un juif ultra-orthodoxe achetant de la vaisselle en plastique jetable dans le quartier de Mea Shearim, à Jérusalem, le 20 janvier 2023. (Crédit : Oded Balilty/AP)

La taxe sur le plastique à usage unique, en plus d’une taxe distincte sur les boissons sucrées, est devenue un enjeu politique important pour cette population, notamment peu de temps après l’entrée en vigueur de la loi, pendant la campagne électorale nationale, avec l’effondrement du gouvernement Bennett après seulement un an au pouvoir.

Les élections ont été suivies d’un changement de gouvernement, et les Haredim ont rejoint la nouvelle coalition dirigée par Benjamin Netanyahu. L’abrogation des deux taxes a fait l’objet du premier ordre donné par le nouveau ministre des Finances, Bezalel Smotrich, du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit.

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich dirigeant une réunion de sa faction HaTzionout HaDatit de la Knesset, à Jérusalem, le 5 mai 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’équipe de recherche, qui comprenait deux femmes ultra-orthodoxes, a interrogé la population haredi six fois via Internet. L’équipe précise toutefois que de nombreux secteurs de la communauté évitent Internet et n’ont donc pas été consultés.

La première enquête a été réalisée un mois avant l’entrée en vigueur de la taxe, alors particulièrement controversée dans la presse haredi. La sixième a eu lieu plus d’un an après l’abrogation de la taxe.

Les participants ont été recrutés par le biais d’annonces sur le site d’information haredi Kikar HaShabbat, qui recense 1,5 million d’utilisateurs uniques. Les répondants ont été invités à évaluer des affirmations sur l’environnement et à déterminer si la taxe était de nature à nuire à la population ultra-orthodoxe.

Un homme achète de la vaisselle jetable en plastique au supermarché Osher Ad de Givat Shaul, à Jérusalem, le 27 octobre 2021, peu après l’entrée en vigueur des nouvelles taxes sur les produits jetables en Israël. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Dès la promulgation de la taxe, l’équipe a constaté une diminution substantielle du soutien à la réforme environnementale, principalement motivée par un sentiment de victimisation plutôt que par la peur du fardeau économique provoqué par la taxe.

Plus d’un an après l’abrogation de la taxe, le sentiment de victimisation avait reculé, mais la diminution du soutien au climat persistait.

Ces résultats « soulignent l’importance de répondre aux revendications profondes pour favoriser un véritable engagement face aux problèmes liés au climat » ont écrit les chercheurs.

« Il est crucial de comprendre divers points : quand une loi environnementale spécifique pourrait être susceptible de générer une réaction négative comportementale et politique, quels sont les mécanismes psychologiques et économiques à l’origine de cette réaction, et combien de temps une telle réaction pourrait durer », ont ajouté les auteurs de l’étude.

Des cuillères jetables. (Capture d’écran YouTube)

Leurs données montrent un détachement croissant, face à la question de l’environnement, des populations marginalisées n’appartenant pas aux secteurs occidentaux, éduqués, industrialisés, riches et démocratiques.

Dans le cas de la taxe sur les plastiques à usage unique, « il n’y a eu aucune tentative de parler à la population haredi ou de trouver des moyens d’expliquer l’importance et la signification de la loi », ont expliqué les chercheurs.

Il aurait peut-être été plus constructif d’expliquer la législation à travers le prisme du principe religieux juif de bal tash’hit, qui interdit le gaspillage inutile de nourriture ou d’autres biens, ont-ils suggéré.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.