Volker Turk : l’ordre d’évacuation de Tsahal aux civils de Gaza, un « crime de guerre »
Selon le responsable des droits de l'Homme de l'ONU, sans but militaire défini, ces directives pourraient constituer un "transfert forcé" de civils ; Tsahal dit avoir tué des dizaines de terroristes
Le chef des droits de l’Homme de l’ONU, Volker Turk, a averti Israël que tout « transfert forcé à grande échelle » de civils du nord de la bande de Gaza, dévastée par le conflit, pourrait constituer un crime de guerre si ce transfert n’était pas justifié par des « raisons militaires impérieuses ».
« Les ordres d’évacuation d’Israël semblent viser à couper complètement le nord de Gaza du reste du territoire », a indiqué Turk lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU à New York.
Depuis une dizaine de jours, l’armée israélienne a intensifié ses opérations dans le nord de Gaza, cherchant à contrecarrer les efforts livrés par le groupe terroriste palestinien du Hamas de se reconstituer, après une année marquée par la guerre qui avait été déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe le 7 octobre 2023, au cours duquel les terroristes ont assassiné plus de 1 200 personnes en Israël et pris 251 otages.
Tsahal a ordonné l’évacuation de dizaines de milliers de civils du nord de la bande de Gaza avant de lancer cette opération, mais beaucoup ont refusé d’obtempérer.
Certains ont affirmé qu’ils en étaient incapables, tandis que d’autres ont rapporté que les troupes israéliennes avaient attaqué ceux qui fuyaient la zone ; d’autres encore ont souligné les conditions insalubres dans la zone humanitaire du sud de Gaza où les habitants ont été contraints de se réfugier après des évacuations répétées.
Israël soutient que ses ordres visent à protéger les civils, accusant les terroristes de les utiliser comme boucliers humains.
« Alors que les bombardements et autres attaques se poursuivent, il existe des raisons valables de soupçonner un transfert forcé de civils à grande échelle qui ne répond pas aux critères du droit international qui exige des raisons militaires impérieuses pour de tels déplacements de population », a déclaré Turk ce jeudi.
« Le transfert forcé d’une grande partie de la population du nord de Gaza constituerait un crime de guerre. »
Turk a également appelé Israël à « faciliter immédiatement l’acheminement massif de l’aide humanitaire nécessaire dans toute la bande de Gaza ».
Mercredi, Israël a autorisé 50 camions d’aide à se rendre dans le nord de la bande de Gaza, après l’arrivée de 30 camions lundi, et après près de deux semaines de blocage de l’aide, selon les groupes humanitaires.
Les États-Unis ont menacé de suspendre l’aide militaire si la bande de Gaza ne recevait pas davantage d’aide dans les 30 jours.
Tsahal a indiqué vendredi matin que des troupes de la brigade Givati de Tsahal avaient rejoint la 162e division dans la région de Jabaliya, au nord de Gaza, pendant la nuit, dans le cadre de l’opération terrestre renouvelée.
Des dizaines de terroristes ont été éliminés au cours des combats et des frappes aériennes dans le nord de la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, a rapporté Tsahal. Dans le centre de la bande de Gaza, les troupes de la 252e division ont pris pour cible un bâtiment qui avait été utilisé par des terroristes du Hamas.
Les informations sur le nord de la bande de Gaza sont intervenues après l’élimination par les soldats israéliens de Yahya Sinwar, chef du Hamas et architecte du massacre du 7 octobre, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Suite à la mort du chef terroriste, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exhorté les membres du Hamas à déposer les armes et à libérer les 101 otages encore aux mains du groupe, vivants ou morts, à Gaza.
Jacob Magid a contribué à cet article.