Volontaires nazis espagnols : l’Allemagne paierait encore des pensions
Un député allemand scandalisé affirme que 100 000 euros sont alloués annuellement aux vétérans espagnols ayant combattu pour Hitler sur le front de l’Est dans le cadre d’un accord de 1962
Jeudi, le journal britannique The Telegraph a rapporté que depuis soixante-dix ans, le gouvernement allemand continue à payer les pensions des soldats espagnols qui s’étaient portés volontaires pour combattre aux côtés des nazis lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Selon ce rapport, Berlin continuerait à honorer un accord de 1962 conclu avec le dictateur espagnol Francisco Franco.
Ce dernier avait activement encouragé les combattants à rejoindre les rangs de la Division Bleue espagnole, un corps de combattants volontaires qui avait aidé les nazis à envahir l’Union soviétique.
Selon cet accord, l’Allemagne verse 100 000 euros annuels (109 000 dollars) de pensions à 41 soldats qui, entre 1941 et 1943, se sont portés volontaires pour combattre sur le front de l’Est.
Le député de gauche Andrej Hunko a soulevé cette question lors d’une récente discussion parlementaire et Berlin a dû reconnaître officiellement que les paiements de pensions étaient toujours en vigueur.
« C’est un scandale que, près de 70 ans après la fin de la guerre, l’Allemagne continue à octroyer plus de 100 000 euros par an à des collaborateurs nazis », aurait déclaré Hunko selon le Telegraph.
« Ces individus ont volontairement rejoint les rangs des fascistes allemands dans une guerre d’extermination de l’Europe de l’Est et il est incompréhensible que le gouvernement allemand continue à effectuer ces payements alors que tant de victimes de guerre attendent encore leurs indemnités légitimes », a-t-il déploré.
Jon Iñarritu, ministre espagnol de gauche du parti basque, a déclaré au journal en anglais The Local que cette révélation constituait « une disgrâce » qui « sert à humilier les victimes du fascisme ».
Selon l’article, le parti de la coalition espagnole basque pro-indépendance EH Bildu évoquera ce sujet au prochain Parlement européen qui se tiendra vendredi.
En 1962, l’Allemagne de l’Est et l’Espagne s’étaient mises d’accord pour que les vétérans de la Division Bleue blessés au combat, leurs veuves et leurs orphelins reçoivent des pensions de la part de Berlin.
En contrepartie, Madrid verserait une rémunération aux vétérans allemands de la légion Condor d’Hitler ayant effectué des bombardements lors de la guerre civile espagnole en 1936.
Pour les historiens, cette division d’infanterie forte de 45 000 volontaires espagnols qui se sont uniquement battus sur le front de l’Est – et jamais contre les Alliés de l’Ouest – était une volonté de Franco pour préserver la paix entre l’Espagne et les pays de l’Ouest tout en remerciant l’Allemagne pour son soutien pendant la guerre civile espagnole.