Washington lève les sanctions imposées par erreur à l’homonyme d’un militant israélien
Le réserviste Aviad Shlomo Sarid s'est dit "complètement surpris" de voir son compte bancaire et sa carte de crédit bloqués ; l'activiste d'extrême droite visé Shlomo Sarid dénonce des "sanctions draconiennes"
Quatre jours après avoir sanctionné à tort un Israélien qui avait été confondu avec un militant d’extrême droite portant le même nom, le Trésor américain a corrigé lundi l’erreur et inscrit la bonne personne sur sa liste noire.
Washington a publié jeudi sa cinquième série de sanctions contre les extrémistes israéliens et les avant-postes illégaux, ciblant trois personnes et cinq entités, dont les codirecteurs du groupe Tzav 9 déjà sanctionné, Reut Ben Haim et Shlomo Sarid.
Le groupe d’extrême droite a mené des attaques contre des convois d’aide humanitaire en route vers Gaza en Israël et en Cisjordanie, insistant sur le fait qu’aucune aide ne devrait parvenir à la bande de Gaza tant que des otages y sont détenus.
Peu après l’annonce des États-Unis, il s’est avéré que le département du Trésor avait confondu Sarid avec un Israélien non impliqué nommé Aviad Shlomo Sarid, en indiquant son numéro d’identité et sa date de naissance au lieu de ceux de Sarid qui dirige Tzav 9.
Aviad Shlomo Sarid, qui vit dans l’implantation de Revava en Cisjordanie, a vu son compte bancaire et sa carte de crédit bloqués à cause de cette erreur.
Le Trésor a annoncé lundi qu’il l’avait remplacé sur la liste par les informations personnelles correctes du codirigeant de Tzav 9, dont le nom complet est Shlomo Yehezkel Hai Sarid.
Elle n’a pas précisé si elle avait présenté des excuses à Aviad Shlomo Sarid pour cette erreur.
L’autre Sarid, qui se fait appeler Aviad – et non Shlomo – a déclaré lundi à Kan news qu’il était « complètement surpris par toute cette affaire ».
Vêtu de son uniforme de l’armée israélienne, il a indiqué qu’il servait en tant que réserviste à la frontière nord d’Israël depuis sept mois, loin de l’endroit où les militants de Tzav 9 bloquent les camions d’aide destinés à Gaza, en Cisjordanie et dans le sud d’Israël.
Sarid a expliqué qu’en raison du blocage de ses fonds, ses amis l’aidaient à trouver de l’argent et qu’il espérait que le problème serait résolu rapidement.
De son côté, Shlomo Sarid, de Tzav 9, a quant à lui réaffirmé son activisme dans une interview accordée au quotidien Israel Hayom à propos des sanctions, affirmant que lui et son groupe « continueraient à tout faire pour changer la politique d’aide au Hamas, qui nuit à nos soldats, jusqu’à ce que tous les otages soient rapatriés ».
Il a ajouté que Tzav 9 avait désormais un nouvel objectif : « Lutter contre les sanctions draconiennes prises par l’administration américaine à l’encontre d’activistes protestataires légitimes au sein d’un allié indépendant et apparemment démocratique, sans fondement, sans préavis et sans possibilité de recours ».
Le gouvernement israélien doit « se réveiller et défendre ses citoyens », a-t-il déclaré.
Les activités du groupe ont dépassé le cadre des manifestations. les militants ont été parfois jusqu’à saccager des camions et vandaliser des véhicules. La police a été critiquée pour ne pas avoir empêché plusieurs de ces attaques.
Mme Ben Haim, coprésidente de Tzav 9, est devenue la première femme visée depuis que le président américain Joe Biden a signé, en février, un décret déclarant une situation d’urgence nationale qui lui permet de mettre en œuvre de nouvelles mesures pour lutter contre la violence qui sévit dans les implantations de Cisjordanie.
La semaine dernière, le département du Trésor a également imposé des sanctions à quatre avant-postes de Cisjordanie détenus ou contrôlés par d’autres personnes précédemment désignées « qui les ont transformés en bases pour des actions violentes visant à déplacer des Palestiniens », selon le département d’État américain.
« Les avant-postes de ce type ont été utilisés pour perturber les pâturages, limiter l’accès aux puits et lancer des attaques violentes contre les Palestiniens voisins », selon le département d’Etat.
La communauté internationale considère toutes les implantations comme illégales, mais Israël fait le distinguo entre les logements construits avec l’autorisation du ministère de la Défense sur des terres appartenant à l’État, et les avant-postes illégaux construits sans autorisation et souvent sur des terres palestiniennes privées.
Ces dernières années, cependant, le gouvernement a de plus en plus cherché à autoriser rétroactivement les avant-postes illégaux, plutôt que de les démolir.
Les sanctions de la semaine dernière visaient également le groupe Lehava, qui lutte contre le mariage mixte et qui est dirigé par Benzi Gopstein, un allié du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, déjà sanctionné.
Jeremy Sharon a contribué à cet article.