Washington va continuer à larguer de l’aide malgré le refus du Hamas
La Maison Blanche s'active également pour créer un couloir maritime pour augmenter l'entrée d'aide, a aussi indiqué un porte-parole
Le groupe terroriste palestinien du Hamas a annoncé mardi que dix-huit Palestiniens auraient péri « au cours des dernières heures », dont douze noyés en mer, en tentant de récupérer de la nourriture parachutée sur la bande de Gaza. Outre les personnes noyées, six sont mortes dans des bousculades liées également à l’arrivée d’aide par parachutages.
Peu après l’annonce de ce bilan, le Hamas a appelé à cesser les largages aériens et ouvrir les accès terrestres à l’aide humanitaire, contrôlés par Israël. Cette situation avait poussé des gouvernements étrangers, dont le Royaume-Uni, la France et les États-Unis, à opter pour le parachutage de colis alimentaires sur Gaza.
Dans un communiqué, le groupe terroriste dit avoir « toujours prévenu les pays conduisant des opérations de largage aérien du danger », notamment « car une partie de cette aide tombe dans la mer ». Le mois dernier, plusieurs Palestiniens avaient été tués après que des colis provenant d’un parachutage émirati leur étaient tombés dessus.
Les États-Unis ont répondu à la déclaration du Hamas en annonçant qu’ils allaient « continuer » à larguer de l’aide humanitaire sur Gaza, a dit mardi un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. « Les parachutages d’aide sont l’un des nombreux moyens que nous utilisons pour fournir l’aide dont les Palestiniens de Gaza ont si désespérément besoin et nous allons continuer à le faire » tout en « travaillant sans relâche pour augmenter l’arrivée d’assistance humanitaire par voie terrestre », a dit ce porte-parole.
Matthew Miller, porte-parole du Département d’État américain, a quant à lui déploré les informations selon lesquelles plusieurs Palestiniens se seraient noyés alors qu’ils tentaient de récupérer de l’aide. « C’est une tragédie », a déclaré Miller lors d’un point presse. « Ce n’est pas seulement une tragédie que [ces] personnes soient mortes en essayant d’obtenir de l’aide. C’est une tragédie qu’ils se soient sentis si désespérés qu’ils aient dû nager au large pour essayer de récupérer [les colis]. » « Personne ne devrait avoir à prendre de risques pour tenter d’avoir de la nourriture, de l’eau et des médicaments pour sa famille. Cela devrait être disponible, et c’est ce que nous essayons d’accomplir à travers notre travail pour fournir une aide humanitaire et dans nos engagements avec le gouvernement israélien pour faciliter la fourniture d’une aide humanitaire supplémentaire », a déclaré le porte-parole du Département d’État. Miller a affirmé que les États-Unis n’avaient pas encore confirmé qui était responsable des largages aériens qui auraient atterri en mer.
Le responsable américain affirme qu’il y a eu une légère augmentation de l’aide à Gaza ces dernières semaines, mais que de telles augmentations avaient déjà été observées sans être poursuivies, et que Washington poussait donc Israël à garantir que l’aide continue d’augmenter.
Mardi également, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a plaidé pour étendre massivement les livraisons de vivres à Gaza. « Étant donné la souffrance à Gaza, nous ne pouvons pas nous permettre de discuter sur le fait de savoir où se trouve exactement les goulots d’étranglement et qui en est responsable », a déclaré la ministre à la presse à Tel Aviv, après s’être rendue au poste-frontière de Kerem Shalom, au sud d’Israël, principal point d’inspection des camions entrant à Gaza. Tant du côté égyptien qu’israélien, la source des goulots d’étranglement est attribuée au « transbordement entre camions, camions qu’il faut parfois transborder trois fois et inspecter trois fois », a-t-elle poursuivi.
Concernant la possibilité de faire passer des camions directement à Gaza, « la Jordanie a un petit projet pilote dans ce domaine pour son propre hôpital de campagne et je viens de parler à nouveau avec mon homologue jordanien et (…) nous allons tout mettre en œuvre dans les prochains jours pour pouvoir l’étendre ensemble ».
La ministre a annoncé aux autorités sur place à Kerem Shalom que l’Allemagne était prête, en collaboration avec les Pays-Bas, à fournir des scanners pour effectuer les contrôles de sécurité. « S’il faut d’autres moyens financiers, nous pouvons les mettre à disposition. Si des inspecteurs européens supplémentaires sont nécessaires, nous pouvons les mettre à disposition et nous pouvons définitivement mettre à disposition les denrées alimentaires parce que l’Allemagne est l’un des plus grands donateurs de biens humanitaires », a-t-elle aussi déclaré.
Une grande partie de cette aide humanitaire que l’Allemagne a financé via le Programme alimentaire mondial de l’ONU se trouve néanmoins actuellement en Jordanie. « Nous devons maintenant faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’elle parvienne enfin aux gens », a affirmé la ministre.