Yisrael Eichler : « L’autre option, c’est peut-être les élections »
Yisrael Eichler dit devoir "réévaluer" sa place dans le gouvernement ; une élue d'Otzma Yehudit insiste sur ses demandes de fonds pour le Néguev et la Galilée
Un autre législateur de Yahadout HaTorah a menacé dimanche de faire tomber le gouvernement et d’envoyer le pays à des élections anticipées si la demande de sa faction d’obtenir 600 millions de shekels supplémentaires dans le prochain budget de l’État n’était pas satisfaite.
Le député Yisrael Eichler, de la faction Agudat Yisrael au sein de Yahadout HaTorah, a déclaré au site d’information haredi Kikar HaShabbat que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait déjà rompu toute une série de promesses de campagne faites aux partis haredis, les forçant à réévaluer leur soutien au gouvernement.
Eichler a déclaré que sa faction avait initialement accepté de suspendre sa demande d’une loi qui dispenserait automatiquement les haredim du service militaire et ce, jusqu’à l’adoption d’une clause dérogatoire dans le cadre du projet de réforme judiciaire du gouvernement.
La Cour suprême de justice a à maintes reprises invalidé le projet de loi sur les exemptions en le jugeant inconstitutionnel, et la clause dérogatoire proposée permettrait à une majorité simple de législateurs de re-légiférer la loi.
Mais dans la mesure où la refonte a été mise en pause et que Netanyahu s’est prononcé à plusieurs reprises contre la clause dérogatoire telle qu’elle est proposée, Eichler a déclaré : « Dès lors qu’il n’y a pas de réforme [judiciaire], pas de projet [de loi d’exemption] et pas de budget [supplémentaire], nous allons être obligés de réévaluer notre participation ici ».
Interrogé par l’intervieweur sur les autres options envisageables pour sa faction, Eichler a déclaré : « L’autre option, c’est peut-être les élections ».
Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que la réforme judiciaire serait adoptée, Eichler a raillé Netanyahu en utilisant son diminutif : « Si Bibi était un leader, il l’aurait déjà fait passer. À moins qu’il n’ait été victime d’un coup d’État militaire – et il a été victime d’un coup d’État militaire. Je ne peux pas juger quelqu’un qui a été victime d’un coup d’État militaire. Il ne contrôle pas la situation. Mais il va devoir reprendre les choses en main ».
Eichler faisait référence aux menaces de nombreux soldats de réserve, dont des pilotes et des soldats d’unités d’élite, de ne pas se présenter aux entraînements ou même aux opérations si le projet de loi était adopté, sous prétexte que cela reviendrait à servir sous une « dictature ». Suite à ces protestations, le ministre de la Défense Yoav Gallant a mis en garde contre le danger concret que cela représentait pour la sécurité d’Israël, ce qui a, à son tour, contraint Netanyahu à geler l’ensemble du projet législatif.
Invoquant les promesses faites dans le cadre de l’accord de coalition avec le Likud de Netanyahu, la faction Agudat Yisrael de Yahadout HaTorah, dirigée par le chef du parti et ministre du Logement et de la Construction, Yitzhak Goldknopf, menace depuis plusieurs jours de se retirer de la coalition et de rejeter le budget si le parti ne reçoit pas les fonds demandés pour les érudits religieux à temps plein.
La Knesset se prépare à voter le budget général 2023-2024, allouant 484,8 milliards de shekels cette année et 513,7 milliards de shekels en 2024, contre 452,5 milliards de shekels en 2022. Si le budget de l’État n’est pas adopté avant le 29 mai, le gouvernement sera automatiquement dissous et des élections anticipées seront organisées.
De son côté, le ministre de la Sécurité nationale, d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, a ordonné à ses députés d’Otzma Yehudit de boycotter les votes à la Knesset afin de faire pression sur les partis alliés pour qu’ils consacrent davantage de fonds aux priorités de son parti dans le budget, en particulier le ministère du Néguev et de la Galilée, détenu par la faction.
Otzma Yehudit a déploré le fait que certains partis reçoivent des milliards pour leurs projets, et que son parti reçoive moins pour les questions qu’il souhaite faire avancer, notamment l’encouragement des implantations juives dans le nord et le sud du pays.
Dimanche, la députée d’Otzma Yehudit, Limor Son Har-Melech, a déclaré à la radio Kan que les promesses budgétaires pour le Néguev et la Galilée « se sont tout simplement dissoutes ».
« Les gens nous disent que c’est le pire gouvernement pour le Néguev et la Galilée », a-t-elle déclaré.
« Je ne peux pas voter pour un tel budget », ajoutant « qu’il n’y aura pas de compromis ». Elle a déclaré qu’elle espérait que le Premier ministre changerait d’avis, mais a évité de dire explicitement que son parti enverrait le pays aux élections pour cette question.
Netanyahu a minimisé la gravité des désaccords lors de l’ouverture de la réunion hebdomadaire du cabinet dimanche, affirmant que le budget de l’État sera bien adopté.