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Yona Friedman, l’architecte rêveur s’est éteint

"Sa vision de l’architecture, de l’urbanisme, de l’art et de la société est totalement visionnaire et anticipe la plupart des mutations que le monde traverse actuellement"

L’architecte et sociologue franco-hongrois Yona Friedman. (Crédit : Galerie Kamel Mennour)
L’architecte et sociologue franco-hongrois Yona Friedman. (Crédit : Galerie Kamel Mennour)

Artiste, architecte et sociologue, mais avant tout utopiste et rêveur, le Franco-Hongrois Yona Friedman s’est éteint ce vendredi à Paris à l’âge de 96 ans.

Né à Budapest en 1923, ses premières réalisations ont été effectuées en Israël entre 1949 et 1957. Il avait immigré à Haïfa en 1945, où il a étudié au Technion jusqu’en 1948, après des études à l’institut de technologie de Budapest. Il s’est installé à Paris en 1957.

Yona Friedman avait participé à de nombreux concours internationaux, rédigé le Manifeste pour l’Architecture mobile et posé les bases des principes « d’auto-planification » en architecture, qui veut que l’ensemble des parties œuvrant à un chantier planifient le projet sans l’intervention d’un maitre d’œuvre unique – le principe a été appliqué lors de la construction du lycée Bergson, à Angers.

« Sa vision de l’architecture, de l’urbanisme, de l’art et de la société est totalement visionnaire et anticipe la plupart des mutations que le monde traverse actuellement », écrit de lui la Cité de l’architecture et du patrimoine. « Entre utopie créative et réalité concrète, il prône en priorité l’autonomie, l’épanouissement de l’individu et la qualité des relations sociales. Ces valeurs humanistes se traduisent dans le champ de l’architecture par l’auto-planification, la mobilité, l’économie du projet et la réversibilité. »

Il était également connu pour sa sculpture éphémère et géante « Licorne Eiffel », dont l’envergure était de 324 mètres (comme la tour Eiffel) sur les collines de l’île de Vassivière, près de Limoges, en 2009. Il avait été mis à l’honneur à la Biennale de Venise la même année.

L’homme avait enseigné ou donné des conférences au Massachusetts Institute of Technology, à l’Université de Cambridge ou encore à l’Université Harvard.

« Je garde le souvenir d’un dîner onirique en sa compagnie avec feu l’artiste chinois, Huang Yong Ping, son ami et grand discuteur de l’art, Jean de Loisy, et le curator de tant d’expositions, Hans Ulrich Obrist, de la Serpentine Gallery de Londres. À refaire le monde, lors d’un après-dîner, jusqu’à pas d’heure. Je me souviens de sa vivacité d’esprit. Il dirigeait les conversations avec beaucoup d’à-propos. Il était un véritable visionnaire », a déclaré au Figaro son galeriste parisien, Kamel Mennour.

« La première fois que j’ai rencontré Yona Friedman en 2005, il commença la discussion en disant ‘J’ai tout appris en regardant comment mon chien s’asseyait’ », a témoigné l’artiste Camille Henrot sur Instagram. « Ce qui s’est ensuivi fut de longues conversations sur des sujets aléatoires, de la politique à la vie de famille, de la cuisine au dessin à l’argile, des bugs informatiques à l’art d’être humain selon les standards de nos chiens. Plus tard, nous avons mené de nombreux projets ensemble (…) Il m’est impossible d’imaginer la direction qu’auraient prise ma vie et mon travail si je ne l’avais rencontré (…) Il m’a appris à être déterminée, à intégrer mes erreurs et ma vie dans mon travail, à privilégier le processus au résultat abouti. »

« Yona n’est plus. Il nous a quittés simplement avec la même grâce avec laquelle il est apparu, il y a des années, dans notre galerie. Yona travaillait dur, malgré ses 96 ans, le grand âge et les maladies qui l’accompagnent. Il avait l’enthousiasme d’un enfant (un enfant de 96 ans) et quand il parlait et souriait, il le faisait de tout son visage, pas seulement des yeux », a lui écrit Massimo Minini, son galeriste italien.

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