12 personnes inculpées pour s’être introduites dans une prison militaire
Les suspects sont détenus pour avoir forcé l'entrée de Neve Tzedek et déclenché des émeutes ; des graffitis accusent l'armée de "persécution des Juifs"
Un groupe de manifestants ultra-orthodoxes a fait irruption dans une prison militaire du centre d’Israël jeudi en fin de journée lors d’une violente manifestation contre l’arrestation d’une jeune femme haredit qui, selon la police, ne s’était pas présentée au service militaire obligatoire.
Des policiers et des soldats de Tsahal ont arrêté 12 personnes suspectées d’avoir pénétré de force dans la prison de Neve Tzedek et d’avoir causé des dommages à l’établissement. Un communiqué de la police indique que les suspects ont brisé des portes et endommagé des voitures de police.
Des images de Neve Tzedek ont montré une porte en verre brisée et des graffitis sur un mur indiquant « armée = persécution des Juifs ».
Les médias israéliens ont estimé que quelque 200 manifestants étaient présents.
Les femmes ultra-orthodoxes sont régulièrement exemptées du service militaire. Cependant, elles peuvent être poursuivies si l’exemption n’a pas été demandée en amont.
Une source militaire a déclaré au site d’information Walla que les suspects n’avaient pas réussi à pénétrer dans le centre de détention lui-même après s’être introduits dans la base.
L’article indique que Tsahal va enquêter sur l’incident, notant qu’il est censé y avoir des agents de sécurité à l’entrée pour contrôler les personnes qui pénètrent dans le bâtiment.
L’émeute à Neve Tzedek s’est produite quelques jours après que le gouvernement a voté pour continuer à exempter les Israéliens ultra-orthodoxes du service militaire obligatoire, quelques jours avant l’expiration du cadre d’exemption actuel.
En 2017, la Haute Cour de justice a invalidé la loi actuelle sur la conscription, qui accorde des exemptions générales aux érudits religieux à temps plein. Elle a accordé au gouvernement une série de délais supplémentaires pour légiférer sur une nouvelle loi sur l’enrôlement, et a permis au ministère de la Défense de s’appuyer sur la loi actuelle, invalidée, jusqu’à ce qu’un texte de remplacement soit adopté. La quinzième prolongation du délai accordé au gouvernement pour légiférer une solution doit expirer à la fin du mois de juillet. Cependant, la loi sous-jacente invalidée du gouvernement contient une disposition qui force son expiration – et le calendrier du gouvernement – un mois plus tôt, le 30 juin.
La loi sous-jacente ayant été annulée, la coalition ne pouvait pas se contenter de la reconduire. Le gouvernement a donc adopté sa décision de dimanche en tant que mesure provisoire, afin de donner à l’armée une couverture juridique lui permettant de s’abstenir d’enrôler des jeunes ultra-orthodoxes jusqu’à ce qu’une solution permanente puisse être légiférée.
Profitant d’un vestige des accords conclus aux premiers jours de l’État d’Israël, la communauté ultra-orthodoxe a longtemps contourné la conscription militaire obligatoire en s’inscrivant à des études religieuses à temps plein jusqu’à ce que soit dépassé le seuil d’âge de l’enrôlement. La question a été soulevée il y a une dizaine d’années, dans le cadre d’un débat plus large sur le partage du fardeau économique et des services du pays, qui pèse en grande partie sur la classe moyenne.
Outre la loi invalidée par la Haute Cour en 2017, une version précédente de la loi sur l’exemption d’enrôlement a été invalidée en 2012.