76e libération d’Auschwitz-Birkenau : 1,5 million d’enfants tués par les nazis
La commémoration mondiale le 27 janvier 1945 s'avère de plus en plus importante à mesure que le négationnisme s'intensifie
Alors que les pays du monde entier marquent mercredi la Journée internationale de commémoration de la Shoah, des événements en ligne remplaceront les grands rassemblements sur les principaux sites de commémoration du génocide juif.
Lancée par les Nations unies en 2005, cette commémoration marque le jour où Auschwitz-Birkenau – le plus grand des camps de la mort de l’Allemagne nazie – a été libéré par l’armée soviétique le 27 janvier 1945. Un million de Juifs de toute l’Europe y ont été assassinés dans des chambres à gaz, en plus des 100 000 victimes de Pologne, de Russie et d’ailleurs.
Certaines organisations se concentrent sur le sort des plus jeunes victimes de la Shoah : les 1 500 000 enfants juifs assassinés par l’Allemagne nazie. Un autre thème partagé cette année est la lutte contre la « négation » du génocide, qui – avec l’antisémitisme – est en hausse dans le monde entier.
Au Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau en Pologne, les commémorations se concentreront sur les près d’un quart de million d’enfants assassinés sur place par les nazis allemands. Au moins 216 000 de ces victimes étaient des enfants juifs, dont beaucoup ont été déportés dans le camp de la mort sans leur famille.
« Le monde adulte – après tout, si souvent injuste et cruel – n’a jamais autant démontré son insensibilité, sa méchanceté », a déclaré le Dr Piotr M. A. Cywiński, directeur du musée d’État.
« Ce [meurtre d’enfants] ne peut être justifié par aucune idéologie, aucun calcul ou aucune politique. Cette année, nous voulons dédier l’anniversaire de la libération aux plus jeunes victimes du camp », a déclaré Cywiński.
A Paris, ville à travers laquelle des milliers d’enfants juifs ont été déportés à Auschwitz-Birkenau, le photographe Luigi Toscano a exposé 200 de ses portraits de survivants de la Shoah au siège de l’UNESCO. L’exposition en intérieur/extérieur, intitulée « Devoir de mémoire », [Lest We Forget], se déroulera jusqu’à la mi-février.
Presque tous les enfants amenés à Auschwitz-Birkenau ont été assassinés à leur arrivée dans des chambres à gaz. Un peu plus de 700 enfants (de toutes les nationalités) ont survécu jusqu’à la libération, la plupart d’entre eux parce qu’ils avaient été choisis par le « docteur » Josef Mengele et d’autres hommes de la SS pour des « expériences ».
Non loin de là où de nombreuses « expériences » ont eu lieu, Yad Vashem accueillera une visite virtuelle du bloc 27 d’Auschwitz, où le musée israélien a ouvert une exposition permanente en 2013.
Un peu plus de 700 enfants de toutes les nationalités ont survécu jusqu’à la libération
Appelées « SHOAH », ces galeries ont pour but d’aider les gens à ressentir ce qui a été perdu lors du génocide. Dans une salle immersive, des montages de films sur la culture juive d’avant-guerre s’effacent en fondu enchaîné pendant que la musique évocatrice s’amplifie. Il y a aussi une salle dont les murs sont couverts de dessins d’enfants recréés par l’artiste Michal Rover.
En Israël et en ligne, Yad Vashem s’intéressera également aux enfants avec des présentations sur les « maisons d’enfants » créées en Europe après la Shoah. Souvent dirigées par de jeunes militants sionistes, ces maisons sont devenues des lieux de convalescence pour les enfants orphelins du génocide.
Yad Vashem se concentrera sur sept des foyers dans des pays allant de la Pologne aux Pays-Bas. Les présentations ont été alimentées par les journaux intimes que certains enfants ont tenus sur leur évolution après la guerre.
« Un salaud se lèvera et dira que ce n’est jamais arrivé »
La négation de la Shoah et l’antisémitisme étant au plus haut niveau de l’après-guerre, les Nations unies et le United States Holocaust Memorial Museum se concentrent sur la lutte contre le négationnisme et la falsification du génocide.
La commémoration de mercredi au musée de Washington, DC, mettra l’accent sur la détermination du président américain Dwight Eisenhower à « protéger la vérité de la Shoah ». La petite-fille du légendaire commandant allié, Susan Eisenhower, parlera des efforts de son grand-père pour documenter les atrocités nazies comme première étape de la commémoration.
Au printemps 1945, la visite d’Eisenhower dans le camp de concentration d’Ohrdruf en Allemagne lui a permis de découvrir des cadavres « empilés comme du bois » et des « squelettes vivants » luttant pour leur survie. Immédiatement, Eisenhower a prévu le jour où des gens nieraient que ces horreurs avaient eu lieu.
« Enregistrez tout cela maintenant », a déclaré M. Eisenhower. « Faites des films, faites parler les témoins, parce que quelque part dans l’histoire, un salaud se lèvera et dira que cela n’est jamais arrivé », a déclaré le commandant, qui a invité les médias à filmer un défilé de citadins allemands amenés dans le camp pour témoigner.
Cette semaine, pour la première fois, les Nations unies et l’UNESCO organiseront conjointement une série d’événements pour la Journée internationale de commémoration de la Shoah. Les organisations lanceront une campagne sur les médias sociaux – #ProtectTheFacts – pour sensibiliser les gens aux « dangers liés à la négation et à la déformation de la Shoah ».
Selon les statistiques publiées par l’UNESCO, 47 % des Allemands interrogés en 2020 ont répondu que l’Allemagne n’était « pas particulièrement coupable » de la Shoah. Deux tiers des jeunes Américains ne savent pas combien de personnes ont été assassinées pendant le génocide et – en Suède – plus d’un tiers des déclarations des médias sociaux faisant référence aux Juifs contiennent des stéréotypes antisémites ou des commentaires empreints de violence.
Mercredi également, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, la directrice générale, Audrey Azoulay, et la chancelière allemande, Angela Merkel, rendront hommage aux victimes des persécutions nazies lors d’une cérémonie, suivie d’une conférence en ligne sur le négationnisme et la déformation de la Shoah avec l’historienne Deborah Lipstadt.
« En transmettant l’histoire de cet événement, nous défendons les principes de justice en refusant la logique haineuse du national-socialisme et en défiant ceux qui nient la Shoah ou relativisent les crimes commis contre les Juifs et les autres groupes persécutés, parce qu’ils cherchent à perpétuer le racisme et l’antisémitisme qui ont causé le génocide », a déclaré Mme Azoulay.
A LIRE : Les évènements à l’occasion de la Journée pour les victimes de la Shoah
- Israël et Ses Voisins
- Yom HaShoah
- Journée internationale de commémoration de l'Holocauste
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