Israël en guerre - Jour 468

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85 000 personnes à Tel Aviv pour marquer les 22 ans du meurtre de Rabin

Lors de l'événement, qui s'est tenu sous la bannière : "Nous sommes un seul peuple", les organisateurs ont fait passer un message d'unité nationale mais tout le monde ne souhaite pas pardonner ni oublier

Les Israéliens lors d'un rassemblement marquant le 22ème anniversaire du meurtre du Premier ministre Yitzhak Rabin, place Rabin, à Tel Aviv, le 4 novembre 2017 (Crédit : Jacob Magid/ Times of Israel)
Les Israéliens lors d'un rassemblement marquant le 22ème anniversaire du meurtre du Premier ministre Yitzhak Rabin, place Rabin, à Tel Aviv, le 4 novembre 2017 (Crédit : Jacob Magid/ Times of Israel)

Ce sont environ 85 000 personnes qui se sont retrouvées au rassemblement annuel organisé sur la place Rabin, à Tel Aviv, pour commémorer le 22ème anniversaire de l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, Prix Nobel de la paix. L’événement, cette année, a tenté de souligner l’idée d’unité nationale plutôt que la paix, comme c’est pourtant traditionnellement le cas.

Le rassemblement s’est déroulé sous le slogan « Nous sommes un seul peuple ». Il y a eu de nombreux intervenants – mais aucun chef de parti politique – qui se sont succédés à la tribune, notamment l’ancien chef du Mossad Shabtai Shavit, des leaders de municipalité locales ainsi que des représentants des communautés ultra-orthodoxes et pro-implantations.

L’extrémiste orthodoxe de droite Yigal Amir avait tué Rabin le 4 novembre 1995 à la fin d’une cérémonie qu’avait organisée le politicien, Premier ministre à l’époque, pour afficher le soutien apporté par les Israéliens à ses initiatives de paix avec les Palestiniens. Les jours suivants et chaque année depuis – le samedi le plus proche de la date anniversaire du drame – des milliers d’Israéliens se rassemblent sur la place Rabin pour lui rendre hommage.

Le rassemblement, cette année, a été organisé par le mouvement Darkenu et les Commandants pour la sécurité d’Israël, deux groupes centristes qui soutiennent une « séparation » d’avec les Palestiniens dans le cadre de la solution à deux états.

Les nouveaux organisateurs ont voulu mettre en exergue, cette année, la promotion de l’unité nationale. Tandis que de nombreux Israéliens ont salué ce changement, d’autres, à gauche de l’échiquier politique, l’ont condamné, considérant qu’il s’agissait d’une tentative de passer outre l’assassinat.

Les Israéliens participent à un rassemblement pour célébrer les 22 ans passés depuis l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin, place Rabin à Tel Aviv, le 4 novembre 2017 (Crédit : Jacob Magid/The Times of Israël)

Tandis que le rassemblement a eu lieu au nom de l’unité nationale, un certain nombre de participants ont noté les divisions continues qui persistent au sein de la société israélienne.

« Il faut dire que les divisions qui se trouvaient dans notre société il y a 22 ans sont encore là », a commenté au micro de la radio israélienne la législatrice issue de l’Union sioniste Tzipi Livni. « Je suis aujourd’hui personnellement engagée dans les deux parties du programme : non à la violence et oui à la paix ».

Tal Yosher, habitant de Ramat Gan, a indiqué que s’il se réjouissait de la foule réunie à l’occasion de ce rassemblement – qui comportait notamment des habitants de Cisjordanie – il estimait toutefois que ces derniers ont une plus grande part de responsabilité dans le meurtre de Rabin.

« On s’est trop inquiété de faire en sorte que tout le monde se sente à l’aise », a dit Yosher au Times of Israël, se référant au thème de l’unité.

Les Israéliens lors d’un rassemblement marquant le 22ème anniversaire du meurtre du Premier ministre Yitzhak Rabin, place Rabin, à Tel Aviv, le 4 novembre 2017 (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Même si aucun représentant issu de parti politique n’a été invité à prendre la parole lors de la cérémonie de cette année, les partis travailliste et du Meretz ont apporté des bannières et des drapeaux, comme cela a également été le cas du groupe anti-implantations La paix maintenant.

Alors que l’un des dirigeants de Darkenu a pris la parole, un groupe d’activistes issu du parti travailliste a chanté : « Non, non, non, nous n’oublierons jamais qui a incité et qui a tué ».

Et lorsque le maire d’Efrat, Oded Revivi, a voulu s’exprimer, son intervention a été marquée par de fortes huées et tambourinements de la part des jeunes militants de gauche. Néanmoins, derrière ces activistes, des centaines de personnes ont applaudi Revivi lorsqu’il a affirmé sa décision de prendre la parole malgré les pressions exercées par certains dans son camp qui s’y étaient opposés.

« Malgré les voix qui ont protesté à Tel Aviv, et je sais qu’il y en a eu, les organisateurs du rassemblement m’ont tendu la main et m’ont invité à parler à cette tribune », a dit Revivi. « Et malgré les voix qui ont protesté sur la montagne et vous savez qu’il y en a eu certaines, je suis venu sur cette place ».

« En Judée et en Samarie vivent aujourd’hui un demi-million de citoyens israéliens. Un demi-million de citoyens israéliens – une éolienne qui produit beaucoup d’énergie, connectée à l’histoire du peuple juif. Ils ont des racines profondément ancrées dans notre sol », a-t-il dit.

Après la fin du discours de Revivi, une femme qui l’avait hué a été approchée par un groupe d’adolescents qui lui ont reproché de ne pas avoir respecté le message d’unité transmis par le rassemblement. La femme, Dorit Katz, habitante de Tel Aviv âgée de 64 ans, a répondu que Revivi dissimulait la responsabilité assumée par son camp dans le meurtre de Rabin. « Yigal Amir était un produit de ces rabbins radicaux que n’ont jamais tenté d’empêcher les chefs de ces communautés, comme lui (Revivi), a-t-elle expliqué.

L’un des adolescents qui a réprimandé Katz, et qui se fait appeler Raphi, a indiqué que certains dans la foule étaient simplement incapables d’avancer vers l’avenir. « Il est possible de tirer les leçons du meurtre de Rabin sans toujours dire : ‘C’était de votre faute !’  »

Le législateur du Likud Yehudah Glick, qui a mené une intense campagne la semaine dernière pour faire venir au rassemblement le plus grand nombre de personnes de son camp, a déclaré être satisfait de l’atmosphère. « Nous formons une nation. Les organisateurs ont promis de conserver le message apolitique et ils ont tenu leurs promesses en ne livrant que des discours d’unité », a-t-il confié au Times of Israël.

Le rassemblement a commencé à 19 heures 30. Les abords de la place Rabin ont été fermés entre 18 heures et 23 heures, notamment des sections de la rue Ibn Gabirol, de la rue du roi David, de la rue Gordon et de la rue Arlozorov.

L’ancien général de l’armée Amnon Reshef, chef des Commandants pour la sécurité d’Israël, a déclaré lors du rassemblement que la séparation avec les Palestiniens était nécessaire pour garantir qu’Israël restera un état juif et démocratique.

« Les Palestiniens n’iront nulle part ailleurs et nous sommes, pour notre part, là pour toujours. Cette réalité réclame une séparation d’avec les Palestiniens. C’est uniquement de cette manière que nous pourrons sauvegarder Israël comme état juif et démocratique », a dit Reshef.

Toutefois, l’attitude accueillante des organisateurs a troublé certains électeurs de gauche, qui ont déclaré que l’assassinat de Rabin avait été politique et qu’il fallait s’en rappeler en tant que tel. Ils ont également souligné que l’annonce du rassemblement ne mentionnait même pas le fait que Rabin a été assassiné.

« Un étranger qui aurait lu cette annonce bizarre et trompeuse aurait pu en déduire que Rabin est mort sereinement dans son sommeil, après la retraite, et que les gens maintenant se retrouvent pour chanter quelques chansons et partager des souvenirs amusants », a déploré sur Facebook la législatrice Shelly Yachimovich de l’alliance politique de centre-gauche de l’Union sioniste.

« Eh bien, le Premier ministre et ministre de la Défense Yitzhak Rabin a été assassiné. A-s-s-a-s-s-i-n-é. C’était un assassinat politique qui a été commis pour éliminer un chef politique élu et changer le cours des choses dans le pays ».

Elle a ajouté que l’assassinat devait être enseigné à tous et pas seulement dans le camp politique de Rabin, mais que l’annonce de l’événement avait fait le contraire.

« Cette annonce nie cet aspect pour tous – elle l’efface, le blanchit et le dissimule », a dit Yachimovich. « C’est une annonce embarrassante qui pue la peur. Il faut que ce rassemblement retrouve la mémoire et se souvienne ».

Les Israéliens lors d’un rassemblement marquant le 22ème anniversaire du meurtre du Premier ministre Yitzhak Rabin, place Rabin, à Tel Aviv, le 4 novembre 2017 (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Cet événement, qui est devenu la principale manifestation de commémoration du souvenir de Rabin, a été organisé pendant longtemps par des groupes de jeunes et des organisations sociales. Mais l’année dernière, l’alliance a plutôt choisi de mettre en place des débats et des tables rondes dans les plus grandes villes du pays. Le parti Travailliste, dans lequel Rabin a passé sa carrière politique, est intervenu à la dernière minute pour empêcher l’annulation du rassemblement d’être annulé. Cette année, ce sont les mouvements Darkenu et les Commandants pour la sécurité d’Israël qui ont pris la suite.

Pour sa part, Dweck a estimé que l’absence de référence spécifique à l’assassinat de Rabin dans l’annonce de l’événement était une « erreur honnête » et s’est assuré mardi que son intitulé avait changé, devenant : « Un rassemblement massif en mémoire du Premier ministre Yitzhak Rabin célébrant 22 ans passés depuis son assassinat ».

Mais il a également accusé les membres de la gauche israélienne de nourrir la colère envers le mouvement pro-implantations. Certains de ses chefs s’étaient rendus coupables d’incitations contre Rabin et avaient aidé à inspirer Amir. Depuis la mort de Rabin, la foi des Israéliens dans la paix avec les Palestiniens a chancelé et les habitants d’implantations ont fait dériver la politique israélienne vers la droite de l’échiquier politique. Mais Dweck a indiqué qu’il espérait la présence d’électeurs de gauche lors du rassemblement.

« Tout le monde ici veut la paix, la sécurité et de meilleures vies », a-t-il dit. « Nous devons simplement nous respecter les uns les autres et comprendre les défis les uns des autres ».

En outre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son parti, le Likoud, ont souvent été accusés d’avoir participé à la campagne de haine qui avait précédé l’assassinat de M. Rabin, des affirmations rejetées par Netanyahu.

Lors d’une cérémonie de commémoration mercredi, près de la tombe de son père, Yuval Rabin, a déploré que le même climat de division persiste actuellement en Israël, mettant Netanyahu au défi de faire un appel public à la tolérance.

« Il n’y a personne pour dire ‘Arrêtez cette folie’ « , a ajouté Yuval Rabin.

Le Premier ministre lui a répondu peu après depuis le Parlement, affirmant répéter un message qu’il avait déjà lancé. « J’appelle à la réconciliation nationale », a-il dit.

JTA a contribué à cet article.

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