À la découverte de la nouvelle tyrolienne au-dessus de Jérusalem-Est
C'est la plus longue attraction de ce type du pays - et le dernier projet courant le long de la Ligne verte d'une série d'initiatives lancées par la Fondation de la Cité de David
Ville forte de son importance aux yeux des trois grandes religions monothéistes du monde, il se dit que Jérusalem aurait une dimension céleste et une dimension terrestre. Sa nouvelle attraction – qui consiste en une tyrolienne longue de 731 mètres – se trouverait donc quelque part au milieu.
Selon l’organisation qui a imaginé et qui a finalisé le projet, la Fondation de la Cité de David, il s’agit de la plus longue tyrolienne d’Israël. Et avec une descente proposée au prix d’environ deux shekels par seconde, elle n’est pas nécessairement accessible à toutes les bourses.
La journaliste que je suis s’est risquée à faire le grand saut en début de semaine alors que des familles étaient patiemment alignées dans la file d’attente, sans doute désireuses de s’octroyer une dernière poussée d’adrénaline estivale avant la rentrée scolaire.
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La tyrolienne part du poste d’observation de David – un petit complexe attrayant. Il abritera bientôt un centre qui sera chargé d’accueillir les visiteurs sur la Promenade de Jérusalem, à proximité du siège des Nations unies, à la Maison du Gouvernement.
Dans la file, une famille laïque originaire de Gedera, dans le centre du pays (« C’est une attraction formidable pour les enfants ! ») ; un jeune couple russophone qui habite Ramat Gan, près de Tel Aviv ; deux hommes religieux arborant de longues barbes venus d’Arad, dans le sud d’Israël. Il y a aussi un groupe d’hommes haredi vêtus de noir et de blanc et qui ne portent pas de manteau.
Il faut dire qu’il fait plus de 30 degrés Celsius.
Ayant (trop) tendance à ne pas m’attarder sur les petits caractères de bas de page, je me suis présentée en sandales – ce qui n’est pas autorisé en raison de de l’atterrissage, de l’autre côté (les instructions précisent également que les apprentis aventuriers que nous sommes doivent peser au minimum 45 kilos. Ce qui me va parfaitement). Heureusement, mon fils a laissé dans la voiture une paire de chaussures – taille 45.
Ainsi, avec mon look « Donald Duck en Terre Sainte », je me dandine jusqu’à la caisse. Je verse 135 shekels pour faire reposer ma vie entière sur un formulaire qui comporte 17 clauses et je me dirige ensuite vers le petit escalier qui va me mener à la plate-forme de lancement.
Un jeune homme m’équipe du harnais nécessaire. En haut des marches, un autre employé m’accroche à la ligne et il me dit de ne pas oublier de me tenir à la corde bleue.
Et là, j’ai un flashback terrifiant : je me tiens sur un haut plongeoir à la piscine. Je dois avoir onze ans et je fais une sorte de danse de Saint-Guy – l’expression vient de ma mère – pour ne pas avoir à sauter.
Mais avant d’avoir seulement le temps de me dégonfler, me voilà partie, descendant à toute vitesse, me retournant en me mettant dans une position où, malheureusement, la Vieille Ville est dans mon dos.
C’est rapide, amusant. Ça dure 70 secondes – c’est court – et c’est terminé.
Le parcours vous amène au-dessus des arbres, le long des maisons du quartier palestinien de Jabel Mukaber. Il s’achève par une secousse inattendue dans la « Forêt de la paix » qui est située en contrebas de la partie juive du quartier d’Abu Tor.
« Comment c’était ? », demande l’homme qui me fait grimper dans la voiture. « Amusant ! » lui dis-je.
« Loué soit le Seigneur », s’exclame-t-il.
La tyrolienne fait partie d’un nombre croissant d’attractions touristiques mises à la disposition du public par la Fondation de la Cité de David, avec l’étroite participation de la municipalité de Jérusalem et du gouvernement.
Dans la partie palestinienne de Jérusalem-Est, dans les secteurs qui bordent la Vieille ville et la Vallée de Hinnom, des secteurs que les Palestiniens revendiquent dans le cadre de leur futur État, se trouve le parc national de la Cité de David. Là-bas, d’importantes fouilles archéologiques, un camping aménagé et paysager somptueux (il était bondé lors de ma visite avec un public majoritairement constitué de familles du mouvement national-religieux), un pont de corde reliant le village palestinien d’Abu Tor et le mont Sion, une ferme spécialisée dans l’artisanat ancien et un centre d’accueil pour des activités diverses et variées.
Des attractions qui suscitent la controverse dans la mesure où la Fondation (elle est connue en hébreu sous le nom d’Elad, ou Ir David) a une orientation religieuse et de droite évidente. Elle finance des fouilles archéologiques pour renforcer les revendications des Juifs sur Jérusalem et elle acquiert des biens immobiliers auprès de Palestiniens dans l’ancien village de Silwan, juste en dessous des murs de la Vieille Ville, avec pour objectif d’y installer des Juifs.
Un porte-parole d’Emek Shaveh, une organisation à but non-lucratif de gauche qui s’efforce de veiller à ce que les sites antiques restent ouverts aux personnes issues de toutes les confessions, de toutes les communautés, déclare que « la tyrolienne, le pont de corde et les autres aménagements que l’État finance au nom de cette association d’extrême-droite ne sont pas destinés à promouvoir le tourisme – mais à transformer l’espace multiculturel historique de la ville en un espace exclusivement juif. Ce qui est une erreur. C’est dévastateur. Et cela doit s’arrêter ».
Dans un communiqué, la Cité de David estime que c’est « un privilège » de pouvoir mettre en place de nouvelles attractions touristiques en Israël, rendant Jérusalem accessible aux touristes israéliens et étrangers. La tyrolienne sera la destination naturelle et merveilleuse » des amateurs de sports extrêmes, ajoute le communiqué.
La municipalité de Jérusalem, de son côté, a fait savoir qu’elle « travaille et continuera à travailler en faveur du développement du tourisme dans la ville de Jérusalem ».
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