Israël en guerre - Jour 346

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A La Haye, Pretoria crie au « génocide » ; Israël réfute des « contre-vérités infondées »

Les représentants sud-africains ont demandé à ce que la Cour internationale de Justice ordonne l'arrêt immédiat de la guerre de Tsahal contre le Hamas, sans condamner ses massacres

Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

L'ambassadeur de l'Afrique du sud aux Pays-Bas, Vusimuzi Madonsela, à droite, et le ministre de la Justice et des Services correctionnels sud-africains, Ronald Lamola, au centre, à l'ouverture de l'une des audiences de la Cour internationale de Justice de La Haye, aux Pays-Bas, le 11 janvier 2024. (Crédit : AP Photo/Patrick Post)
L'ambassadeur de l'Afrique du sud aux Pays-Bas, Vusimuzi Madonsela, à droite, et le ministre de la Justice et des Services correctionnels sud-africains, Ronald Lamola, au centre, à l'ouverture de l'une des audiences de la Cour internationale de Justice de La Haye, aux Pays-Bas, le 11 janvier 2024. (Crédit : AP Photo/Patrick Post)

LA HAYE — Une procédure judiciaire sans précédent a été engagée jeudi devant la Cour internationale de justice (CIJ), Israël étant accusé par l’Afrique du Sud de commettre « un génocide » contre les Palestiniens dans le cadre de la guerre qui l’oppose actuellement aux terroristes du Hamas dans la bande de Gaza, au motif qu’il s’agirait d’une tentative délibérée de détruire la vie sur le territoire.

Une équipe de huit juristes sud-africains a affirmé que les nombreux décès de civils palestiniens et l’accès très limité à la nourriture, à l’eau et aux soins médicaux à Gaza, associés à certains commentaires très incendiaires de ministres israéliens de haut rang, prouvaient qu’Israël menait une campagne génocidaire dans l’enclave côtière palestinienne.

Ils ont accusé Israël d’imposer à Gaza des conditions « calculées pour entraîner la destruction physique de la population » et d’ « exterminer » les Palestiniens.

Faisant valoir que les droits des habitants de Gaza au titre de la convention sur le génocide subissent « un préjudice urgent et irréparable », la délégation sud-africaine a exhorté les 17 juges du panel de la CIJ chargés de l’affaire à rendre des ordonnances provisionnelles exigeant d’Israël qu’il mette immédiatement fin à son opération militaire, notant qu’à ce stade intermédiaire de l’affaire, la Cour n’a qu’à établir que les accusations de génocide sont « plausibles » pour pouvoir prendre de telles mesures.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a décrit les allégations de l’Afrique du Sud comme « l’une des plus grandes manifestations d’hypocrisie de l’Histoire, aggravée par une série de contre-vérités infondées ».

Le porte-parole du ministère a souligné que les allégations formulées devant le tribunal ne reconnaissaient pas les méthodes du Hamas consistant à fondre ses installations militaires et ses combattants dans les infrastructures civiles.

L’Afrique du Sud se comporte comme « le bras juridique de l’organisation terroriste Hamas » en accusant Israël de génocide devant la plus haute cour de l’ONU, a fustigé le ministère israélien des Affaires étrangères.

Pretoria « a complètement déformé la réalité à Gaza après le massacre du 7 octobre et a complètement ignoré le fait que les terroristes du Hamas ont infiltré Israël, assassiné, exécuté, massacré, violé et enlevé des citoyens israéliens, simplement parce qu’ils étaient Israéliens, dans le but de perpétrer un génocide. »

Israël a déclaré la guerre au Hamas après que ce dernier a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza. Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.

Le juriste britannique Malcolm Shaw, à droite, et le conseiller juridique du ministère israélien des Affaires étrangères Tal Becker, à gauche, à l’ouverture des audiences à la Cour internationale de justice à La Haye, aux Pays-Bas, le 11 janvier 2024. (Crédit : AP Photo/Patrick Post)

Plus de 23 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 8 500 terroristes du Hamas à Gaza, en plus des quelque 1 000 terroristes qui se trouvaient à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.

Au cours des trois heures et demie qu’ont duré les plaidoiries, les représentants juridiques sud-africains ont exposé en détail les souffrances subies par les Palestiniens à Gaza pendant la guerre, notamment la mort de milliers de femmes et d’enfants, les blessures subies par plusieurs milliers d’autres, la dévastation des infrastructures civiles et les conditions de vie difficiles qui prévalent dans le territoire à la suite de la guerre.

Tout en exposant la dure réalité de Gaza, ils ont fréquemment utilisé un vocabulaire tendancieux, accusant Israël de « rassembler en troupeau » les Palestiniens dans des zones de Gaza pour les tuer, alléguant que Gaza était « un camp de concentration où se déroule un génocide » et comparant l’opération des forces israéliennes aux « champs de la mort du Cambodge » où le régime des Khmers rouges a assassiné plus d’un million de personnes à la fin des années soixante-dix.

« Nous vous avons parlé de l’extermination directe de milliers de personnes et d’enfants de la population palestinienne à Gaza depuis le 7 octobre de l’année dernière », a déclaré l’un des intervenants, Max du Plessis.

Les juges président l’ouverture des audiences à la Cour internationale de justice à La Haye, Pays-Bas, le 11 janvier 2024. (Crédit : AP Photo/Patrick Post)

Bien que les représentants sud-africains aient déclaré que leur pays condamnait l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, ils n’ont – à aucun moment – évoqué ces atrocités lors de leurs plaidoiries.

« Les Palestiniens de Gaza sont tués par les armes et les bombes israéliennes provenant de l’air, de la terre et de la mer. Ils risquent également de mourir de faim et de maladie en raison de la destruction des villes palestiniennes, de l’aide limitée qui est autorisée à entrer et de l’impossibilité de distribuer de l’aide lorsque les bombes tombent. Cela rend la vie impossible », a déclaré Adila Hassim.

« Des Palestiniens ont été tués dans des mosquées, des écoles et des hôpitaux. L’ampleur des tueries est telle que les corps sont souvent enterrés dans des fosses communes et ne sont souvent pas identifiés », a-t-elle poursuivi.

Sa plaidoirie et celle de tous ses collègues n’ont fait à aucun moment état des preuves largement documentées de l’exploitation par le Hamas de mosquées, d’écoles, d’hôpitaux, d’installations des Nations unies, d’habitations et d’autres infrastructures civiles à des fins militaires.

Le professeur Vaughan Lowe expose les mesures provisoires demandées par l’Afrique du Sud dans son procès contre Israël pour génocide présumé à Gaza, à la Cour internationale de justice de La Haye, le 11 janvier 2024 (Crédit : Capture d’écran/Reuters ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Dans le même ordre d’idées, son collègue Vaughan Lower, KC, un avocat britannique, a accusé Israël de « bombarder sans relâche Gaza », notamment à l’aide de « bombes anti-bunker », mais n’a pas précisé que ces bombes étaient utilisées pour détruire les tunnels militaires du Hamas, les centres de commandement et de contrôle et les bunkers construits sous les infrastructures civiles.

« Israël a en outre délibérément imposé à Gaza des considérations calculées pour entraîner la destruction physique de sa population », a jugé Hassim, « en forçant à l’évacuation de plus d’un million de personnes du nord au sud de Gaza. Elle a considéré cette mesure comme « génocidaire » car elle était « immédiate » et ne permettait pas aux personnes évacuées « d’emporter les nécessités de la vie, l’eau et la nourriture », et donc « était clairement calculée pour entraîner la destruction de la population ».

Or, les premiers avertissements lancés aux habitants de Gaza leur demandaient d’évacuer dans les 24 heures. Le délai a ensuite été prolongé à plusieurs reprises et des fenêtres humanitaires ont été instituées pendant de nombreux jours pour permettre aux personnes évacuées de se diriger vers le sud afin d’éviter les bombardements.

Adila Hassim présente les accusations de l’Afrique du Sud contre Israël à la Cour internationale de justice de La Haye, le 11 janvier 2024 (Crédit : capture d’écran)

« Un génocide n’est jamais annoncé à l’avance, mais cette cour dispose de preuves qui démontrent un mode de conduite qui justifie une allégation plausible d’actes génocidaires », a encore allégué Hassim.

Dans une plaidoirie critique, Tembeka Ngcukaitobi SC a exposé une série de commentaires incendiaires formulés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres ministres de haut rang ayant une influence sur la politique de guerre, ainsi que par de nombreux membres de la Knesset et d’autres personnalités influentes.

Ces déclarations sont cruciales pour l’Afrique du Sud qui accuse Israël de génocide, car de telles allégations sont supposées attester de l’intention de tuer tout ou partie d’un groupe particulier, qu’il s’agisse d’un groupe national, ethnique, religieux ou autre.

Il a cité les paroles prononcées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui, en évoquant la guerre à Gaza et à plus d’une reprise, notamment lors d’un discours le 28 octobre, a cité l’injonction biblique faite au peuple juif de « se souvenir de ce qu’Amalek vous a fait ». La Bible raconte ainsi que le Roi Saul avait reçu le commandement d’anéantir toutes les femmes, tous les enfants et tous les hommes du peuple d’Amalek.

Dans ce discours du 28 octobre, Netanyahu avait également insisté sur le fait que « Tsahal fait tout pour éviter de blesser des non-terroristes » et que l’armée appelait la population civile à évacuer vers des zones sûres à Gaza.

Ngcukaitobi a aussi cité, comme preuve de « l’intention génocidaire », les propos tenus par le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui avait décrit les Palestiniens comme « des animaux humains » ainsi que ceux du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui avait déclaré que tous ceux qui avaient soutenu et célébré les atrocités du 7 octobre devaient également être les cibles de l’opération militaire israélienne à Gaza.

Tembeka Ngcukaitobi présente les accusations lancées par l’Afrique du sud contre Israël devant la cour internationale de justice de La Haye, le 11 janvier 2024. (Capture d’écran)

Ngcukaitobi a aussi diffusé des vidéos de soldats de Tsahal en train de danser et de chanter à Gaza, disant qu’ils se plieraient au commandement biblique ordonnant la destruction d’Amalek et chantant : « Il n’y a pas d’innocents à Gaza ».

« Ces paroles génocidaires ne sont pas le fait de marginaux ; elles sont intégrées dans la politique de l’État. L’intention de détruire est bien comprise par les soldats sur le terrain », a assuré Ngcukaitobi.

« Toute suggestion laissant entendre que les responsables israéliens n’ont pas voulu dire ce qu’ils ont dit ou qu’ils ont été mal compris par les soldats sur le terrain doit être rejetée par cette Cour », a-t-il demandé.

Les soldats en opération dans la bande de Gaza sur une photo non-datée diffusée le 11 janvier 2024. (Crédit : Armée israélienne)

À la fin des plaidoiries de l’Afrique du Sud, M. Lowe a détaillé les mesures provisoires que le pays demande à la CIJ d’ordonner, notamment pour qu’Israël « de suspendre immédiatement ses opérations militaires dans et contre Gaza » et l’arrêt, selon Pretoria, de la « privation de l’accès à la nourriture et à l’eau ».

Ces mesures comprennent également une assistance humanitaire pour les habitants de Gaza, et notamment un accès à une quantité suffisante de carburant, à des abris, à des vêtements, à une hygiène et à des installations sanitaires, ainsi qu’à des fournitures et à une assistance médicales et de veiller à ce que les responsables israéliens et d’autres personnes s’abstiennent de toute « incitation directe et publique à commettre un génocide » et sanctionnent ceux qui le font.

Lowe a affirmé que l’article 51 de la Charte des Nations unies (ONU), qui permet à un pays de se défendre contre une attaque, n’était pas applicable à la guerre d’Israël à Gaza, car, selon lui, Israël continue à « occuper Gaza » puisqu’il en contrôle les points d’accès. Lowe n’a pas précisé que l’Égypte contrôlait un de ses points d’accès et le retrait unilatéral de 2005.

« Israël a affirmé que son objectif était de détruire le Hamas. Mais on ne saurait soutenir de manière crédible que des mois de bombardements, la destruction d’immeubles résidentiels entiers, l’interruption de l’approvisionnement en eau et en nourriture d’une population entière constituent une chasse aux hommes du Hamas », a estimé Lowe qui n’a pas non plus expliqué les méthodes illégales des terroristes du Hamas.

Citant des responsables de l’ONU, Lowe a indiqué que la suspension des opérations militaires israéliennes était essentielle pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza.

Il a en outre souligné qu’aucune mesure disciplinaire n’avait été prise à l’encontre des responsables israéliens, y compris les membres du gouvernement et de la Knesset, pour ce que la demande de l’Afrique du Sud qualifie « d’incitation génocidaire ».

« Le gouvernement israélien, et non le peuple juif ou les citoyens israéliens, a l’intention de détruire les Palestiniens de Gaza en tant que groupe », a conclu Lowe.

À l’issue des plaidoiries sud-africaines, le ministère israélien des Affaires étrangères a dénoncé ce qu’il a appelé « l’une des plus grandes manifestations d’hypocrisie de l’Histoire, aggravée par une série de contre-vérités infondées ».

L’Afrique du Sud, qui fait office de bras juridique de l’organisation terroriste Hamas, a complètement déformé la réalité à Gaza après le massacre du 7 octobre et a complètement ignoré le fait que les terroristes du Hamas ont infiltré Israël, assassiné, exécuté, massacré, violé et enlevé des citoyens israéliens, simplement parce qu’ils étaient Israéliens, dans le but de perpétrer un génocide », a déclaré le ministère.

« L’Afrique du Sud cherche à permettre au Hamas de retourner commettre les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes sexuels qu’il a commis de manière répétée le 7 octobre, comme l’ont déclaré ses dirigeants », poursuit le ministère.

L’ambassadeur de la République d’Afrique du Sud aux Pays-Bas, Vusimuzi Madonsela (à gauche), prend la parole, sous le regard des délégués d’Israël, pour résumer les demandes de l’Afrique du Sud à la Cour internationale de justice de La Haye en réponse à ce que l’Afrique du Sud qualifie de génocide israélien dans la bande de Gaza, le 11 janvier 2024. (Capture d’écran YouTube, utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

« Les représentants du Hamas à la Cour, les avocats sud-africains, oublient également que le Hamas utilise la population civile de Gaza comme bouclier humain et qu’il opère depuis les hôpitaux, les écoles, les abris de l’ONU, les mosquées et les églises dans l’intention de mettre en danger la vie des habitants de la bande de Gaza. »

Le ministère a souligné que « 136 otages sont retenus en captivité par le Hamas et se voient refuser l’accès aux représentants de la Croix-Rouge et aux soins médicaux » et a promis que « l’État d’Israël continuera à protéger ses citoyens conformément au droit international, tout en faisant la distinction entre les terroristes du Hamas et la population civile, et fera tout ce qui est en son pouvoir pour libérer tous les otages et éliminer l’organisation terroriste du Hamas, une organisation terroriste raciste et antisémite qui appelle dans sa Convention à la destruction de l’État d’Israël et à l’assassinat des Juifs. »

Le président de la Cour suprême à la retraite, Aharon Barak, prête serment en tant que représentant d’Israël à la Cour internationale de justice de La Haye, le 11 janvier 2024. (Capture d’écran)

La CIJ est composée de 15 juges permanents et des deux juges ad hoc d’Israël et d’Afrique du Sud – l’ancien président de la Cour suprême israélienne Aharon Barak et l’ancien vice-président de la Cour suprême d’Afrique du Sud Dikgang Moseneke, qui ont prêté serment devant la présidente de la CIJ, la juge Joan Donoghue, au début de la séance de jeudi.

À LIRE : Netanyahu répond à « l’hypocrisie » de l’Afrique du Sud: c’est Israël « qui combat le génocide »

Israël doit répondre à l’affaire sud-africaine vendredi.

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