Israël en guerre - Jour 591

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À l’ONU, Abbas appelle à l’aide internationale pour contrer Trump

"Abbas n'a rien dit de nouveau. Il continue à fuir la paix et à payer 345 M de dollars [chaque année] aux terroristes et à leurs familles," a déclaré le Premier ministre israélien

Le dirigeant de l'AP, Mahmoud Abbas, s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies concernant les problèmes au Moyen-Orient, au siège de l'ONU, le 20 février 2018, à New York (Drew Angerer / Getty Images / AFP)
Le dirigeant de l'AP, Mahmoud Abbas, s'exprime lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies concernant les problèmes au Moyen-Orient, au siège de l'ONU, le 20 février 2018, à New York (Drew Angerer / Getty Images / AFP)

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, brouillé avec les Etats-Unis, a réclamé mardi au Conseil de sécurité de l’ONU la « création d’un mécanisme multilatéral » afin de régler la question palestinienne via « une conférence internationale » à la mi-2018.

Ce faisant, le dirigeant a rejeté une médiation unique des Etats-Unis dans le processus de paix au Proche-Orient, qui se trouve dans une impasse depuis des années.

« Il est essentiel de créer un mécanisme multilatéral grâce à une conférence internationale » pour avoir la paix au Proche-Orient, a-t-il dit, sans préciser où elle pourrait se tenir.

« Aidez-nous ! », a déclaré le président de l’AP aux 15 membres du Conseil de sécurité. Mahmoud Abbas a ensuite quitté la salle sous les applaudissements, n’assistant ni à l’allocution de l’ambassadrice américaine Nikki Haley, ni à celle de son homologue israélien, Danny Danon.

Son départ a été déploré par les deux diplomates. « Nous n’allons pas vous courir après ! », a répondu Nikki Haley lors de son intervention, en évoquant de manière vague une réflexion américaine en cours pour une paix au Proche-Orient.

Lors de son intervention devant la plus haute instance de l’ONU, le président de l’AP a demandé aux pays n’ayant pas reconnu l’Etat de Palestine de le faire. Sur les 193 nations membres des Nations unies, 138 Etats l’ont fait, a-t-il rappelé.

« Nous reviendrons au Conseil de sécurité et demanderons à avoir cette protection » d’une reconnaissance pleine et entière d’un Etat. « Reconnaître l’Etat de Palestine ne va pas à l’encontre des négociations » mais les favorise, a-t-il insisté.

Abbas a également conditionné une reprise des négociations de paix à un retrait de la reconnaissance de Trump concernant Jérusalem et à un arrêt des constructions des implantations israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Dès le début de son discours, il a affirmé que la présence historique palestinienne sur ce territoire remontait à « 5 000 ans ».

« Nous sommes les descendants des Cananéens qui vivaient en Palestine il y a 5 000 ans et qui y sont restés de façon continue », a insisté le dirigeant de l’AP, ajoutant qu’on comptait actuellement 13 millions de réfugiés palestiniens en Israël, en Cisjordanie et à l’étranger.

« Nous travaillons pour l’occupation, nous sommes des employés de l’occupation, et nous affirmons qu’Israël doit être tenu à ses obligations en tant que puissance occupante », a-t-il dit.

Veto américain

La Palestine est depuis 2012 « Etat observateur non membre » de l’ONU, ce qui lui a permis d’intégrer des agences onusiennes et de rejoindre la Cour pénale internationale (CPI). Un statut de membre passe par une recommandation du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale de l’ONU, sans veto des Etats-Unis, premier soutien d’Israël.

Le président de l’AP a dénoncé les décisions unilatérales comme la reconnaissance fin 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël par les Etats-Unis, sous le regard fixe de Nikki Haley, les bras croisés.

« Nous voulons que Jérusalem soit ouverte aux trois religions monothéistes », a souligné Mahmoud Abbas, en réclamant que Jérusalem soit aussi la capitale du futur Etat palestinien.

De droite à gauche : Nickolay Mladenov, coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Jason Greenblatt, l’envoyé de paix américain, et Jared Kushner, conseiller spécial du président américain Donald Trump, avant la session du Conseil de sécurité de l’ONU sur le conflit israélo-palestinien, le 20 février 2018 (Capture d’écran : Nations unies)

M. Abbas rejette une médiation unique de l’administration américaine depuis cette décision américaine sur Jérusalem, dont il a demandé mardi « la suspension ».

« Cette décision ne changera pas », lui a répondu sèchement l’ambassadrice américaine. Elle a reproché à l’ONU de passer « trop de temps » à parler du Proche-Orient et de mettre en cause systématiquement la responsabilité d’Israël, « le pays le plus démocratique du Moyen-Orient », dans l’absence de progrès.

En décembre, les Palestiniens avaient bénéficié de l’unanimité du Conseil de sécurité moins une voix – un veto de Washington – pour condamner la décision américaine de reconnaissance de Jérusalem. Cette condamnation avait ensuite été approuvée majoritairement par l’Assemblée générale de l’ONU.

L’ambassadeur israélien a rejeté en bloc le discours du président de l’AP. « Vous ne faites pas partie de la solution mais du problème ». « Lorsque nous tendons la main, Mahmoud Abbas tend le poing », a-t-il résumé.

« M. Abbas, votre incitation ne s’arrête pas à la rhétorique. Vous avez fait du parrainage du terrorisme une politique palestinienne officielle. En 2017, vous avez dépensé 345 millions de dollars afin de payer des terroristes qui ont tué des Israéliens innocents. Cela représente 50 % de l’aide étrangère totale apportée à l’AP. C’est de l’argent que vous auriez pu dépenser en construisant une quarantaine d’hôpitaux. C’est de l’argent que vous auriez pu utiliser pour construire plus de 170 écoles. Chaque année », a-t-il ajouté.

Mirage et désert

L’administration Trump affirme travailler sur un plan de paix pour le Proche-Orient mais ce dernier semble toujours dans les limbes. « Ils sont en pleine discussion interne », explique un diplomate, qui doute que Washington sache déjà où en venir.

Jared Kushner, gendre du président Donald Trump et qui occupe le rôle d’intermédiaire au Moyen-Orient, avait fait le déplacement à New York afin d’assister à la réunion du Conseil de sécurité.

Le « compromis » envisagé par l’administration américaine contient « beaucoup de potentiel » pour améliorer la vie des Palestiniens, a assuré Nikki Haley, sans élaborer.

« Nous n’avons jamais refusé le dialogue », a affirmé le président palestinien, en estimant que « Israël s’est détourné de la solution à deux Etats ». « Le gouvernement de Donald Trump n’a pas éclairci sa position. Est-il favorable à un Etat ou deux Etats ? », a-t-il demandé. « L’occupation israélienne qui était autrefois temporaire est devenue permanente », a-t-il déploré.

« Quatre-vingt-six résolutions de l’ONU sont restées lettre morte », a-t-il également asséné.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a renouvelé ses mises en garde contre la création d’une « réalité irréversible à un Etat » au lieu de la solution préconisée jusqu’à présent de deux Etats vivant côte à côte. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il martelé, une position reprise par la Russie.

« Si on n’y prend pas garde, cette solution [de deux Etats] disparaitra comme un mirage dans le désert », a abondé l’ambassadeur français, François Delattre.

Peu après, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté le discours de Mahmoud Abbas. « Abbas n’a rien dit de nouveau. Il continue à fuir la paix et à payer 345 millions de dollars [chaque année] aux terroristes et à leurs familles », a-t-il expliqué.

Le département d’Etat américain a quant à lui accueilli fraîchement l’idée d’une conférence internationale. « Si on pense qu’à un moment donné d’autres pays peuvent être utiles pour le processus de paix, on sera certainement disposé à les intégrer », a déclaré sa porte-parole, Heather Nauert. Elle a néanmoins qualifié de « constructives » les remarques du président de l’AP et espéré son retour à la table des négociations.

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