Israël en guerre - Jour 593

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Reportage

À mesure que ses soldats avancent, Tsahal constate des fissures dans le contrôle du Hamas sur Gaza

A Rafah, les terroristes sont totalement encerclés depuis la construction d'une nouvelle route par l'armée dans le couloir de Morag ; Les officiers assurent que l'armée est "focalisée sur la libération des otages"

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des soldats de Tsahal dans la zone du corridor de Morag, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/Times of Israel)
Des soldats de Tsahal dans la zone du corridor de Morag, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Ces trois dernières semaines, depuis la rupture du cessez-le-feu, la 36e division de Tsahal s’est emparée du corridor de Morag, une bande de terre située entre les villes de Rafah et Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, ce qui a pour effet de couper la brigade Rafah du Hamas du reste de Gaza – même si l’on est encore loin d’un effondrement total.

Par ailleurs, la Division de Gaza se déploie dans Rafah pour faire en sorte de localiser et éliminer les dizaines de terroristes encore présents, selon les estimations de Tsahal.

« La mission était de conquérir tout Rafah et d’en éliminer tous les terroristes, et de capturer tout le territoire de la brigade Rafah », expliquait lundi aux journalistes le général de brigade Barak Hiram, commandant de la division de Gaza, depuis le camp de Shaboura, à Rafah.

Les terroristes encore présents à Rafah n’auraient désormais plus aucune voie de sortie, contrairement à leurs compagnons des premiers stades de la guerre, car ils auraient face à eux les soldats de la 36e division qui tiennent le corridor de Morag nouvellement établi.

Voilà pourquoi l’armée israélienne estime que dans les tout prochains jours, le taux de « frictions » avec les agents à Rafah devrait augmenter. Pourtant, les membres du Hamas font tout pour éviter les combats rapprochés avec les soldats de Tsahal et recourent plutôt à des attaques par des tireurs embusqués, des tirs de grenades ou encore la pose d’engins explosifs.

Une explosion suite à une frappe aérienne israélienne, à Rafah, dans le sud de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Toutefois, certains commandants de l’armée israélienne ne croient pas que la défaite du Hamas viendra du décompte des terroristes morts (l’armée israélienne revendique jusqu’alors la mort de quelque 20 000 hommes armés), pas plus qu’ils ne pensent que le groupe terroriste se rendra un jour, quelle que soit l’intensité des frappes israéliennes.

Selon eux, le Hamas sera tenu pour vaincu lorsque la population palestinienne se retournera contre lui. Des signes précurseurs de ce phénomène ont déjà été observés à Gaza, avec le regain de manifestations contre la guerre et le groupe terroriste et des cas lors desquels des Palestiniens ont exécuté des membres du Hamas.

Ces fissures dans le règne du Hamas sur la population palestinienne sont le résultat de la pression accrue de Tsahal sur le groupe terroriste, ces dernières semaines, à commencer par l’élimination de responsables du gouvernement et des services de police, et l’interdiction de l’entrée de toute aide humanitaire à Gaza, estiment les responsables militaires.

Un véhicule blindé de Tsahal roule dans la zone du corridor de Morag, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/ Times of Israel)

L’armée israélienne a déclaré que l’aide entrée à Gaza avant la rupture du cessez-le-feu avait été utilisée par le Hamas pour se maintenir au pouvoir. Une grande partie de l’aide serait détournée par le groupe terroriste, qui l’utiliserait soit pour lui-même, soit pour la vendre à la population à des prix plus élevés, de façon à payer les salaires de ses hommes armés et recruter de nouveaux membres.

Cependant, la pression accrue sur le Hamas vise principalement à le persuader de conclure un accord au sujet des otages, explique l’armée israélienne.

Le but premier de cette mission est d’exercer une plus forte pression sur le Hamas afin qu’il libère les otages, étant entendu que le Hamas fait tout ce qu’il peut pour enrayer le processus diplomatique. Le Hamas pense que le temps joue en sa faveur », estime Hiram.

Le général de brigade Barak Hiram, commandant de la division de Gaza, s’adresse aux journalistes à Rafah, dans le sud de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

« Cette opération comporte plusieurs phases qui montent en intensité. C’est une opération qui, je crois, montre que le temps ne joue pas en faveur du Hamas. Chaque jour qui passe, il perd des actifs. Chaque jour qui passe, il perd des hommes armés, des hauts fonctionnaires, des infrastructures, des capacités », poursuit-il.

Le porte-parole de Tsahal, le général de brigade Effie Defrin, qui s’est également joint aux journalistes ce lundi, ajoute que la mission consiste à « augmenter la pression sur le Hamas pour qu’il libère les otages et détruire le régime du Hamas – l’aile militaire et le gouvernement ».

« Nous intervenons dans le nord de la bande de Gaza et le sud de la bande de Gaza. Aujourd’hui, nous avons coupé Khan Younès de Rafah. Nous frappons les infrastructures du Hamas. Nous enregistrons beaucoup de succès, aussi bien sous terre qu’en surface, et nous frappons la chaîne de commandement du Hamas. Nous continuerons à le faire », explique Defrin depuis le corridor Morag.

Il ajoute que « depuis le début de l’opération, nous entretenons l’ambiguïté. Ce n’est pas un slogan : cela fait partie de la méthode, de la réflexion opérationnelle. Nous ne voulons pas dire au Hamas ce que nous faisons actuellement. »

Le porte-parole de Tsahal, le général de brigade Effie Defrin, s’adresse aux journalistes dans la zone du corridor de Morag, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

Une partie de l’ambiguïté de Tsahal a été levée lors de la visite lundi du corridor de Morag et de Rafah.

L’armée israélienne est en train de construire une route à l’intérieur du corridor, jusqu’à présent à un rythme beaucoup plus rapide que celle du corridor de Netzarim, dans le centre de Gaza, qui a pris plusieurs mois.

Jusqu’à présent, ce sont près de six kilomètres de route bitumée – sur les 12 kilomètres prévus – qui s’étendent du kibboutz Sufa à la côte de Gaza, avec une zone tampon de près de deux kilomètres.

Des journalistes ont pu se rendre le long de cette route lors de la visite de lundi, alors que d’intenses explosions provenant de frappes aériennes israéliennes et de démolitions d’infrastructures du Hamas par Tsahal pouvaient se voir et s’entendre.

Des soldats de Tsahal dans la zone du corridor de Morag, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/ Times of Israel)

L’armée a non seulement coupé Rafah de Khan Younès en surface, mais a également localisé deux tunnels majeurs du Hamas reliant les deux villes. Les soldats sont en train de les démolir et sont à la recherche d’autres tunnels dans la zone du couloir de Morag.

Lors de ces opérations, il y a eu quelques combats, surtout au nord de la route du corridor Morag, avec des membres du Hamas du bataillon Sud de Khan Younès. Il s’agit d’une zone dans laquelle l’armée israélienne n’opérait pas pleinement auparavant.

L’armée israélienne estime que des dizaines d’agents terroristes ont été tués depuis le début de l’offensive sur le corridor Morag. Seuls quelques soldats ont été blessés lors de ces combats.

Des explosions dûes à des frappes aériennes israéliennes à Rafah, dans le sud de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

A l’intérieur de Rafah, les soldats de Tsahal ont livré peu de combats contre des membres du Hamas lors de la sécurisation des quartiers de Tel Sultan, Shaboura et al-Jenina par la destruction des infrastructures du Hamas non découvertes jusque-là.

On estime à 250 000 le nombre des Palestiniens ayant évacué Rafah et ses environs depuis que l’armée israélienne a lancé son nouvel assaut sur la bande de Gaza, mais des civils restent dans la ville la plus au sud de la bande de Gaza. L’armée coordonne ses activités avec la Croix-Rouge de façon à les faire évacuer hors des zones de combat.

Une fois que l’armée aura terminé ses opérations dans Rafah, la zone tampon de Tsahal dans le sud de Gaza s’étendra depuis la frontière égyptienne jusqu’à la périphérie de Khan Younès – soit plus de cinq kilomètres – et inclura toute la ville de Rafah.

Ailleurs, la zone tampon avec la frontière avec Gaza a été portée de plusieurs centaines de mètres à environ deux kilomètres.

« Les otages en point de mire »

Plus tôt lundi, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré que la libération des otages de Gaza n’était « pas l’objectif le plus important » du gouvernement et le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’était pas disposé à mettre fin à la guerre pour obtenir la libération des otages, et ce, tant que le Hamas, qui dirige Gaza, ne serait pas renversé.

L’armée israélienne semble voir les choses différemment.

Defrin explique en effet que « les otages sont le point de mire. C’est notre objectif suprême. Chaque soldat ici, du chef du commandement [sud], en passant par tous les commandants de division, jusqu’aux derniers soldats, en est pleinement conscient. »

Une vue de Rafah, dans le sud de Gaza, depuis le corridor de Philadelphie, la zone frontalière entre l’Égypte et Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/Times of Israel)

« Le Hamas est sous pression. Nous pourchasserons le Hamas où qu’il aille. Dans le nord de la bande de Gaza comme dans le sud, et même en dehors de Gaza – absolument partout », assure-t-il.

« Nous n’aurons de cesse de continuer jusqu’à ce que tous les otages soient revenus chez eux, absolument tous, jusqu’au dernier, les vivants et les morts », ajoute Defrin.

Hiram assure lui aussi que « nous sommes focalisés sur la libération des otages. Cette pensée est avec nous au quotidien, dans tout ce que nous faisons. »

Des soldats de Tsahal dans la zone du corridor de Morag, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2025. (Emanuel Fabian/ Times of Israel)

« Malheureusement, la libération des otages passe par une pression accrue sur le Hamas et davantage de combats », poursuit-il.

« Les combats ont atteint un certain niveau d’intensité, mais si nécessaire, nous emploierons davantage d’outils et de capacités pour intensifier les combats, toujours et encore, jusqu’à la libération des otages et la défaite du Hamas », conclut Hiram.

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