Abbas exige la libération de leaders palestiniens
Abbas quittera la table des négociations si Israël ne procède pas à une vague de libération de prisonniers et n’impose pas un moratoire sur les constructions dans les implantations
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a présenté au président américain Barack Obama deux conditions à la prorogation de la date butoir pour les négociations de paix avec Israël : un gel complet des constructions dans les implantations, et la libération de quelque 600 prisonniers palestiniens supplémentaires désignés par l’Autorité palestinienne elle-même, a déclaré lundi un responsable palestinien au Times of Israel.
Selon Fares Kadoura, ancien ministre palestinien et actuel président du club des prisonniers palestiniens, une organisation non gouvernementale traitant des droits des prisonniers, Abbas aurait exigé la libération de trois dirigeants palestiniens condamnés à de longues peines de prison pendant la Seconde Intifada pour leur implication dans des activités terroristes, en plus d’un moratoire complet sur la construction dans les implantations. Une demande formulée à Obama au cours de leur rencontre aux États-Unis le 17 mars.
Les trois leaders terroristes en question sont des responsables du Fatah : Marwan Barghouti, reconnu coupable pour cinq assassinats en 2004 ; le Secrétaire général du Front Populaire de Libération pour la Palestine Ahmad Saadat, condamné par un tribunal militaire en 2008 pour son implication dans l’assassinat du ministre israélien du Tourisme, Rehavam Ze’Evi, et enfin Fouad Shoubaki, un proche collaborateur de Yasser Arafat, condamné en 2009 à 20 ans d’emprisonnement pour son implication dans l’organisation de la contrebande d’armes vers les territoires palestiniens en 2002, via le navire Karine A.
En outre, Abbas a exigé la libération de prisonniers gravement malades, dont le nombre est évalué à 100-120 personnes, mais également de 19 femmes, d’adolescents de moins de 18 ans, et de prisonniers retenus par Israël en détention administrative. Fares estime le nombre total de détenus concernés à 600 personnes.
Selon lui, les seuls prisonniers dont la libération serait susceptible de bouleverser l’opinion publique israélienne sont les trois leaders du Fatah.
« Si Israël veut dresser des obstacles, il se concentrera sur Ahmad Saadat et Marwan Barghouti. Ils pleurnicheront en affirmant qu’ils sont si dangereux, ce qui n’est évidemment pas vrai », a déclaré Fares.
« Les prisonniers malades seront transférés directement de la prison vers l’hôpital – nous parlons de maladies chroniques telles que le cancer, les maladies cardiaques, la paralysie ou des problèmes psychiatriques sévères. Les femmes – aucune d’entre elles n’a fait quoi que ce soit qui puisse causer un problème dans l’opinion publique israélienne, que des choses insignifiantes. Quant aux enfants, ils ont été arrêtés pour des jets de pierres. Et les détenus administratifs n’ont jamais été inculpés et incluent onze membres élus du Conseil législatif », a-t-il affirmé.
La direction palestinienne ne cèdera « en aucun cas » sur la question des 14 Arabes israéliens inclus dans la phase finale de libération des prisonniers prévue cette semaine, assure Fares.
« Les prisonniers israéliens font partie intégrante [de l’accord], et c’est une question de vie ou de mort. Personne n’a la légitimité de les abandonner », a-t-il dit.
Samedi soir, le Times of Israel a révélé que l’Etat hébreu, soutenu par Washington, a proposé de libérer un nouveau groupe de 400 terroristes palestiniens, en plus du quatrième et dernier contingent dont la libération était prévue ce weekend, si l’Autorité palestinienne accepte de rester à la table des négociations au-delà de la date butoir du 29 avril.
En réponse à ce rapport, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que la question des prisonniers serait résolue « dans quelques jours », mais a insisté sur le fait qu’Israël ne libérerait plus aucun prisonnier, sauf si elle sait exactement ce qu’elle obtiendra en retour.
La libération des prisonniers arabes israéliens exigerait un vote spécial du gouvernement israélien, qui n’a jusqu’à présent pas été planifié.
Lundi soir, Abbas doit rencontrer le Comité exécutif de l’OLP, un corps de 18 membres comprenant les hauts dirigeants du mouvement.
Selon Fares, le chef de l’Autorité palestinienne mettra à jour la direction et prendra des décisions opérationnelles.
« Si nous restons coincés, je ne pense pas que Abou Mazen (Abbas) et la direction acceptent que les choses restent bloquées pour longtemps. Nous devons procéder à de véritables négociations et non pas à des pourparlers qui servent de couverture pour qu’Israël puisse poursuivre la construction dans les implantations ».