Adidas solde peu à peu le divorce avec Kanye West
L'arrêt de la commercialisation des lucratives baskets Yeezy conçues avec le rappeur antisémite avait précipité le groupe dans le rouge fin 2022 et début 2023
L’équipementier sportif Adidas a commencé à tourner la page de sa rupture avec Kanye West en écoulant un premier stock de baskets produites avec le rappeur dont la vente devrait permettre au groupe allemand de réduire la perte annuelle attendue.
Adidas a même dégagé un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 84 millions d’euros au deuxième trimestre, après deux pertes trimestrielles consécutives, selon les résultats communiqués jeudi.
Sur un an, ce bénéfice chute toutefois de 71 % comparé au deuxième trimestre 2022.
La marque aux trois bandes traverse une période chaotique depuis l’arrêt en octobre de sa collaboration avec le rappeur américain, désormais connu sous le nom de Ye, après une série de dérapages antisémites de la star.
L’arrêt de la commercialisation des lucratives baskets Yeezy conçues avec Kanye West avait précipité le groupe dans le rouge fin 2022 et début 2023.
Adidas était également aux prises avec des difficultés sur le marché chinois, longtemps une de ses locomotives.
La situation s’améliore sur ces deux fronts.
Adidas a vendu, fin mai, une partie des stocks de Yeezy qu’elle avait retirées des rayons.
La demande pour ces baskets éclaboussées par la polémique a été forte, générant environ 400 millions d’euros de revenus, a indiqué le groupe jeudi.
Une partie de la somme seulement revient au fabricant. Adidas a précisé jeudi avoir réservé, comme annoncé, 110 millions d’euros à des associations luttant contre le racisme et l’antisémitisme, dont 10 millions ont déjà été versés.
Le montant des royalties prévus pour Kanye West n’a pas été précisé.
Incertitude
La vente de ce premier lot a contribué pour environ 150 millions d’euros au bénéfice d’exploitation de 176 millions d’euros du deuxième trimestre, selon l’entreprise.
Cette opération a aussi permis au groupe bavarois de réduire sa prévision de perte d’exploitation (Ebit) sur l’année, désormais attendue à 450 millions d’euros, contre 700 millions d’euros anticipés avant.
Elle a contribué à des revenus stables au deuxième trimestre sur un an, en faisant abstraction des évolutions de taux de change. Calculé en euros, le chiffre d’affaires sur la période a reculé sur un an de 5 % à 5,34 milliards d’euros.
« La vente de la première partie de l’inventaire Yeezy a bien sûr contribué à notre chiffre d’affaires du trimestre », a reconnu le PDG d’Adidas Bjorn Gulden, cité dans le communiqué.
En Chine, où les ventes avaient chuté d’un tiers en 2022 notamment en raison des blocages sanitaires, l’activité semble repartir avec une hausse de 16% du chiffre d’affaires au deuxième trimestre.
« Nous constatons une tendance positive sur le marché chinois », a observé le PDG arrivé aux commandes du groupe au début de l’année, en pleine tempête.
Mais la conjoncture est difficile en Amérique du Nord, où l’inflation retient les acheteurs et où les ventes ont baissé de 16 % au cours du trimestre.
La prudence est de mise pour le reste de l’année, selon le groupe : « les risques élevés de récession en Amérique du Nord et en Europe persistent, tout comme l’incertitude entourant la reprise en Chine ».
Prudence aussi sur la suite des ventes de Yeezy : un second lot de l’abondant stock est proposé aux amateurs depuis cette semaine et Adidas envisage de renouveler l’opération jusqu’à épuisement des baskets.
Mais les prochaines ventes ne seront pas forcément aussi lucratives, compte-tenu du type de produits proposés, ont souligné jeudi les dirigeants du groupe.
Il a fallu plusieurs mois de réflexion à Adidas pour décider quoi faire des millions de baskets retirées des rayons, équivalant à 1,2 milliard de ventes, la destruction pure et simple ayant été envisagée.