Adoption d’une loi obligeant le gouvernement à définir une politique de sécurité nationale
La loi bipartisane impose l'élaboration d'une stratégie en consultation avec les différents organes du gouvernement, affirmant que l'absence de stratégie a contribué à rendre possible le pogrom du 7 octobre

Une loi obligeant le gouvernement à définir une politique de sécurité nationale a été adoptée mardi à la Knesset par 19 voix contre 0, après avoir été examinée en troisième et dernière lecture.
Ce projet de loi bipartite, présenté par le député de l’opposition HaMahane HaMamlahti Gadi Eisenkot et le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset Yuli Edelstein (Likud), exige que le Conseil national de sécurité élabore une stratégie de sécurité nationale en consultation avec les ministères des Affaires étrangères et de la Défense, les agences de renseignement et d’autres organismes gouvernementaux.
Dans les notes explicatives du projet de loi, Edelstein et Eisenkot affirment que l’absence de politique de sécurité explicite fondée sur des règles non écrites a nui aux préparatifs et à l’état de préparation du pays face aux menaces, ouvrant la voie aux tragiques événements du 7 octobre 2023. Ce jour-là, le groupe terroriste palestinien du Hamas a lancé une invasion dévastatrice du sud d’Israël, faisant plus de 1 200 morts, principalement des civils, tandis que 251 autres personnes ont été enlevées et emmenées de force dans la bande de Gaza.
Cette stratégie, qui devra être approuvée par le gouvernement dans les 150 jours suivant son élaboration et faire l’objet de mises à jour régulières, identifiera les défis auxquels Israël est confronté en matière de sécurité nationale, définira ses objectifs stratégiques et fournira une « évaluation critique » de la stratégie actuelle en la matière.
« La loi a également été adoptée à la lumière des enseignements tirés de l’attaque du 7 octobre, qui a clairement mis en évidence l’absence d’un concept de sécurité nationale », a déclaré Eisenkot, affirmant que cette loi vise à maintenir Israël « fort et puissant afin d’assurer l’existence de l’État pour toujours ».
Le matin du pogrom du 7 octobre, le Hamas a conduit quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes à faire irruption dans le pays, submergeant les forces déployées le long de la frontière avec Gaza ainsi que les équipes de sécurité locales. Les terroristes ont semé la terreur pendant des heures, massacrant tous ceux qu’ils trouvaient, y compris des centaines de personnes assistant à un festival de musique en plein air, jusqu’à ce que l’armée israélienne puisse monter une riposte efficace.

À la suite des massacres, les médias et les enquêtes officielles ont révélé que, dans les mois et les années qui ont précédé cet assaut sanglant, les services de renseignement et de surveillance avaient indiqué que le Hamas pourrait lancer une offensive majeure. Mais ces informations ont été largement ignorées en raison de ce qu’on a appelé les « idées préconçues » ou concepetzia en hébreu, à savoir l’idée défendue par le gouvernement selon laquelle le Hamas aurait été dissuadé de lancer une attaque à grande échelle par crainte des conséquences. En revanche, une grande attention avait été accordée à la menace représentée par le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, considéré comme une force armée bien plus puissante.
De hauts responsables de la sécurité ont reconnu leur échec et beaucoup ont démissionné, notamment le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzl Halevi. Le chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, a également annoncé qu’il quitterait ses fonctions ce mois-ci, invoquant sa responsabilité personnelle dans l’incapacité de son agence à empêcher l’assaut du 7 octobre.
Les répercussions de la guerre à Gaza ont posé des défis tactiques à Israël. Les supplétifs régionaux de l’Iran, notamment le Hezbollah au Liban, des groupes en Irak et les Houthis au Yémen, ont tous commencé à attaquer Israël pour soutenir le Hamas. Israël a décimé le Hezbollah et ses dirigeants lors d’une guerre qui s’est achevée par un cessez-le-feu en novembre. Il a également mené des raids aériens en représailles contre l’Iran, qui avait tiré des centaines de missiles balistiques sur Israël lors de deux attaques l’an dernier, et contre les Houthis, qui ont continué à tirer régulièrement des missiles, dont les derniers en date mardi soir. Les frappes contre l’Iran et le Yémen ont permis à Israël de tester sa capacité à mener des frappes à longue portée nécessitant un ravitaillement en vol.
Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a rejeté les appels à la création d’une commission d’enquête nationale sur les défaillances qui ont conduit à l’attaque du Hamas et sur la gestion de la guerre qui a suivi, affirmant qu’un tel panel ne devrait être mis en place qu’une fois les combats terminés. La campagne militaire israélienne vise à détruire le Hamas, à renverser son régime à Gaza et à libérer les otages, dont 55 sont toujours en captivité, dont au moins 33 ont été confirmés comme décédés par Tsahal, et 20 qui seraient encore en vie. Les autorités israéliennes ont fait part de leurs vives inquiétudes concernant le sort de deux autres personnes.
Les sondages ont toujours montré qu’une écrasante majorité d’Israéliens soutiennent la création d’une commission d’enquête nationale sur les massacres du 7 octobre, notamment un sondage réalisé en mars qui a révélé que 75 % des Israéliens sont favorables à une telle commission.