Allemagne : Explosion des incidents antisémites en 2024
Un organisme de surveillance allemand constate un bond des actes antijuifs, alimentés par la guerre entre Israël et le Hamas, dont un tiers est attribué à l’extrême-droite

Le nombre d’incidents antisémites en Allemagne a presque doublé l’année dernière, sur fond de guerre en cours entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, selon un organisme allemand semi-officiel chargé du suivi de ces actes.
Le Federal Reporting and Information Center on Antisemitism (RIAS) a déclaré avoir recensé 8 627 actes antisémites en 2024, incluant violences, actes de vandalisme et menaces contre des personnes juives en Allemagne. Ce chiffre représente presque le double des 4 886 incidents enregistrés en 2023, et dépasse largement les 1 957 cas de 2020.
« Objectivement, le risque d’être ciblé en tant que Juif en Allemagne a augmenté depuis le 7 octobre 2023 », a déclaré mercredi Benjamin Steinitz, directeur du RIAS, lors d’un point presse consacré à la publication du rapport. Il faisait référence à la date du pogrom perpétré par le Hamas, qui a déclenché la guerre actuelle à Gaza.
« Mais les débats sur ce qui constitue une expression d’antisémitisme semblent occuper davantage l’espace public que l’empathie envers les victimes », a-t-il déploré.
La principale catégorie d’incidents répertoriés par le RIAS – environ 25 % du total – relève de ce que l’organisme qualifie « d’antisémitisme anti-israélien ». Cela inclut des critiques de la politique de l’État d’Israël, que certains considèrent comme relevant du débat politique légitime dans une démocratie.
Dans un rapport publié le mois dernier, l’organisation juive Diaspora Alliance a remis en cause la méthodologie du RIAS, notamment son assimilation de certaines critiques d’Israël à de l’antisémitisme.
Jossi Bartal, membre de l’Alliance, a estimé que l’approche du RIAS « délégitime la critique de l’État israélien et considère toute expression de l’identité palestinienne comme suspecte ».
Interrogé à ce sujet lors du briefing, Benjamin Steinitz a répondu que ce rapport déformait la mission du RIAS. « Je pense que l’objectif de cette publication était de présenter notre travail comme controversé, et de discréditer les témoignages des victimes. »
La violence, les actes de vandalisme et les menaces antisémites se sont multipliés ces dernières années, les Allemands d’extrême droite commettant environ trois fois plus de méfaits que les islamistes, selon le rapport du RIAS.
Pour l’Allemagne, le suivi rigoureux de ces actes et la lutte contre l’antisémitisme s’inscrivent au cœur de l’effort d’après-guerre visant à expier la Shoah, perpétrée contre les Juifs d’Europe sous le régime nazi.