Alsheich: « j’aurais démissionné si le drame à Meron s’était produit sous mes ordres »
L'ancien chef de la police a également affirmé que les deux années sans chef de police permanent et les trois années sans budget national ont affaibli la police

L’ancien chef de la police, Roni Alsheich, a déclaré jeudi qu’il aurait démissionné de son poste si la tragédie du mont Meron s’était produite pendant son mandat, et a expliqué que la police est affaiblie par des années d’impasse politique.
Lors d’une interview accordée à la Douzième chaîne, Alsheich, qui a été en poste de 2015 à 2018, s’en est pris à son successeur, Kobi Shabtai, et a déclaré que la tragédie – qui a fait 45 morts et plus de 150 blessés – ne se serait probablement pas produite sous son mandat de chef de la police ou sous ceux qui l’ont précédé, mais qu’il aurait immanquablement démissionné si cela avait été le cas.
Des milliers de fidèles, principalement ultra-orthodoxes, affluent chaque année sur le mont Mero, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Rabbi Shimon Bar Yohai lors de la fête de Lag BaOmer, plusieurs semaines après Pessah. La tragédie de Meron s’est produite le 30 avril 2021, lorsque des milliers de personnes se sont engouffrées dans une allée étroite. Certaines personnes sont tombées sur la passerelle et ont dévalé une volée d’escaliers à son extrémité, tombant sur ceux qui se trouvaient en dessous et déclenchant un effet domino fatal, dans ce qui est considéré comma la pire catastrophe civile d’Israël.
Alors que le chef de la police du district nord de l’époque, Shimon Lavi, a démissionné en juillet, acceptant la responsabilité de la catastrophe, Shabtai est resté à son poste, bien qu’une enquête l’ait déclaré en partie responsable de la tragédie.
Alsheich a déploré le fait que la police ne soit actuellement « pas à son apogée », et a fait valoir que le service a été affaibli après avoir été laissé sans chef permanent pendant deux ans après la fin de son mandat, et n’ayant pas de budget national depuis plus de trois ans.
« Cette négligence », a-t-il accusé, « a augmenté la probabilité de la tragédie de Meron ». Alsheich a reproché à Gilad Erdan, aujourd’hui ambassadeur d’Israël aux Nations unies, qui était ministre de la Sécurité intérieure lorsqu’il était commissaire, de ne pas avoir nommé un chef permanent à la fin de son mandat.

« Au final, cela atterrit sur son bureau. S’il avait proposé une nomination à temps, elle serait passée et il y aurait eu un successeur », a déclaré Alsheich, qui a noté que la « faiblesse fondamentale » du poste était que la durée de son mandat – trois ans – est trop courte.
Alsheich a qualifié la période sans chef permanent de la police – au cours de laquelle deux commissaires intérimaires ont servi – de « processus destructeur ».
« Il est difficile d’en expliquer toutes les conséquences », a-t-il dit. « C’est comme aller à la guerre en Syrie avec des généraux de brigade autour de la table de l’état-major général », a expliqué Alsheich au regard de la situation dans la police, décrivant le manque de nominations de haut niveau permanentes au sein de la police.
À peu près au moment où le mandat d’Alsheich a pris fin, de nouvelles élections ont été convoquées, ce qui a entraîné une longue période d’instabilité au cours de laquelle trois élections successives ont eu lieu en l’espace d’un an. La nomination de Shabtai, choisi par le Premier ministre Benjamin Netanyahu comme chef permanent en 2020, a été retardée par des désaccords entre son parti, le Likud, et le parti Kakhol lavan du ministre de la Défense Benny Gantz.
Au cours de l’entretien, Alsheich a également critiqué la proposition de réforme du leader du parti HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, visant à affaiblir l’autorité judiciaire, qui, si elle était adoptée, pourrait entraîner l’arrêt du procès pénal de Netanyahu. Alsheich a été le chef de la police et un personnage clé dans l’enquête criminelle sur Netanyahu, qui a conduit à son inculpation.
« Tous les matins, je prie pour que les personnes pratiquantes cessent de se concentrer sur le fait d’être le rempart de la corruption publique. À mes yeux, c’est une chose inappropriée qui me blesse à un niveau personnel », a-t-il déclaré.