Drame du mont Meron : le chef de la police du district du nord démissionne
Shimon Lavi s'est retiré en assumant la responsabilité du mouvement de foule meurtrier ; les proches des victimes réclament le départ de Kobi Shabtai
Le chef du district du nord de la police israélienne, Shimon Lavi, a annoncé lundi sa démission en invoquant sa responsabilité dans la bousculade meurtrière qui avait endeuillé les fêtes de Lag BaOmer sur le mont Meron, l’année dernière.
Lavi a remis sa démission au responsable de la police israélienne, Kobi Shabtai, qui l’a remercié pour son travail et qui lui a souhaité bonne chance, selon un communiqué émis par les forces de l’ordre.
« En tant que commandant du district du nord, Shimon Lavi a travaillé dans de nombreux domaines et notamment dans la lutte contre le crime dans la communauté arabe et en faveur du développement des forces de police », a noté le communiqué.
Lavi avait été chargé de gérer les festivités de Lag BaOmer sur le mont Meron en 2021 quand un mouvement de foule avait fait 45 morts sur le site. Vingt-quatre heures après la catastrophe, Lavi avait reconnu la responsabilité de l’échec des autorités à prévenir cette tragédie.
Cette tragédie survenu au mois d’avril 2021 pendant la fête, dans le nord d’Israël, avait été la pire catastrophe civile de l’Histoire du pays. Environ 100 000 fidèles, des ultra-orthodoxes en majorité, étaient présents lors de ces célébrations malgré les mises en garde de longue date concernant la sécurité du site.
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Dans sa lettre de démission, Lavi a, une fois encore, assumé la responsabilité de la bousculade. « Tout de suite après le désastre, j’ai déclaré qu’en tant que responsable de l’événement, j’assumais moi-même la responsabilité de ce qui s’était passé. Et par cela, je parle d’une authentique responsabilité – sans faux-semblant et sans fioriture ».
Il a expliqué avoir attendu un an pour quitter son poste en raison des dossiers pressants qui nécessitaient d’être attentivement traités, comme la lutte contre la criminalité incessante dans les communautés arabes.
Aujourd’hui, a-t-il ajouté, « j’en suis arrivé à la conclusion que le moment est venu pour moi de mettre un terme à mon rôle de commandant du district du nord et de prendre ma retraite des services israéliens de la police », a dit Lavi.
Omer Barlev, le ministre de la Sécurité intérieure, a expliqué regretter la démission de Lavi, rendant hommage à un commandant « exceptionnel » et soulignant ses réussites dans la lutte contre la criminalité dans la communauté arabe.
« L’officier Lavi est un leader, un commandant et, pas moins que cela, il est un individu humain et chaleureux dont l’extraordinaire personnalité était appréciée par ses subordonnés comme par les maires des cités et des villes du nord du pays », a dit Barlev.
Israel Diskind, porte-parole d’un groupe de familles ayant perdu un proche dans la catastrophe du mont Meron et qui est le frère de feu Simcha Bunim Diskind, tué dans ce mouvement de foule, a indiqué qu’il était « impératif » d’assumer la responsabilité de l’incident, ajoutant que cette possibilité n’était pas « une option ». Il a aussi réclamé le départ de Shabtai.
« La démission de Lavi est un appel lancé à tous les responsables du désastre du mont Meron : Prenez vos responsabilités ! Épargnez-vous la honte d’entendre la commission d’enquête vous rejeter et rentrez chez vous », a dit Diskind.
Lavi avait témoigné devant le panel chargé d’enquêter sur la tragédie au mois d’août et il avait affirmé que malgré les inquiétudes portant sur la sécurité, « il n’y a pas eu de limitation sur le nombre de personnes présentes sur le mont Meron – c’est ainsi que les choses se sont passées depuis 30 ans », ajoutant que toute tentative de limiter l’entrée et d’installer des barricades aurait été susceptible d’entraîner « des engorgements supplémentaires et une tragédie encore plus importante ».
L’officier avait déploré « les négligences, depuis de nombreuses années » et « un manque de prise de conscience que l’événement ne cessait de devenir plus important avec le temps et que les infrastructures n’étaient plus adaptées, qu’elles n’étaient plus qu’une solution de fortune ».
Les festivités de Lag BaOmer, cette année, se sont déroulées sous de strictes limitations. Les autorités ont mis en place plusieurs mesures de sécurité pour éviter qu’une catastrophe similaire à celle de l’année dernière ne se répète, limitant l’affluence, imposant un système de réservations par le biais de l’achat de billets et changeant le mode d’organisation de l’événement.
Le gouvernement a aussi réparé les escaliers et les autres infrastructures du complexe pour renforcer la sécurité.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.