Amazonie : Israël envoie une délégation d’experts au Brésil
Une délégation de onze pompiers et experts en sauvetage vont apporter leur aide aux autorités brésiliennes, alors que Bolsonaro est en froid avec l'Europe
Les autorités israéliennes ont annoncé l’envoi dès mardi d’une délégation d’experts en catastrophes naturelles pour aider le Brésil à faire face aux incendies qui ravagent l’Amazonie.
« Une délégation israélienne de pompiers et experts en sauvetage partira mardi soir au Brésil pour venir en aide aux autorités locales », a fait savoir le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le ministère a déclaré qu’une délégation de onze personnes partiraient mardi soir pour aider les autorités brésiliennes dans les opérations de sauvetage.
En août, le nombre d’incendies en Amazonie brésilienne était le plus élevé depuis 2010 et en forte augmentation par rapport à l’année précédente.
Les incendies qui font rage dans diverses régions de l’Amazonie ont mis le Brésil sous une forte pression internationale.
Ils ont entre autres provoqué une crise diplomatique avec la France, dont le président Emmanuel Macron a estimé que la question de la souveraineté sur l’Amazonie était ouverte.
M. Bolsonaro n’a pas accepté une aide de 20 millions de dollars débloquée par les pays du G7 pour lutter contre les incendies, exigeant comme préalable à toute discussion une rétractation de M. Macron.
Le Brésil a par contre accepté l’aide d’Israël, qui avait déjà annoncé la semaine dernière vouloir envoyer « 100 tonnes de matériel anti-incendie ».
Le bureau de Netanyahu avait déclaré qu’Israël enverrait une cargaison de produits chimiques ignifuges, quand Bolsonaro a twitté qu’Israël envoyait un avion spécialisé pour aider aux opérations des pompiers.
On ignore quel type d’équipement a été envoyé et quand.
Les relations entre le Brésil et Israël se sont renforcées depuis l’élection de M. Bolsonaro, un proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a assisté à l’investiture du président brésilien en janvier.
Fin mars, ce dernier s’était rendu en Israël, trois mois après une visite de M. Netanyahu au Brésil. « La coopération politique et stratégique est très étroite entre les deux pays », a d’ailleurs souligné mardi le ministère israélien des Affaires étrangères.
Les promesses de Netanyahu se joignent au concert de craintes de la part de la communauté internationale au sujet des incendies qui ravagent l’Amazonie.
Mais Bolsonaro a accusé la France et l’Allemagne « d’acheter » la souveraineté du Brésil après que le G7, un groupe de démocraties riches, a proposé de débloquer d’urgence 20 millions de dollars pour envoyer des avions bombardiers d’eau supplémentaires. Il avait rejeté cette aide tant que son homologue français Emmanuel Macron ne retirait pas les « insultes » qu’il a proférées contre lui.
Il a fini par accepter l’aide, mais a insisté pour que le pays d’Amérique latine contrôle les fonds et leur utilisation.
Le président chilien Sebastian Pinera a annoncé que son pays enverra quatre avions bombardiers d’eau au Brésil.
C’est possible « grâce au financement des pays du G7 », a déclaré Pinera.
La semaine dernière, le président américain Donald Trump a assuré que les Etats-Unis étaient prêts à aider le Brésil à lutter contre les flammes et critiqué le G7 qui n’a pas consulté Bolsonaro.
Le président brésilien a déclaré aux journalistes qu’il s’entretiendrait avec la chancelière allemande Angela Merkel et a réaffirmé que « notre cher Macron » devait retirer ses propos sur la souveraineté brésilienne en Amazonie avant qu’il accepte de lui adresser à nouveau la parole.
Le président Jair Bolsonaro a estimé vendredi que l’Europe n’avait « pas de leçon à donner » au Brésil sur l’Amazonie, tandis que son ministre des Affaires étrangères se réjouissait de la proximité de son pays avec les Etats-Unis après une entrevue avec Donald Trump.
Bolsonaro a également annoncé en soirée sur Twitter avoir eu un entretien « productif » au téléphone avec Angela Merkel, qui, a-t-il assuré, « a réaffirmé la souveraineté du Brésil » sur les 60 % Amazonie qu’il abrite.
Le chef de l’État a signé tard mercredi un décret interdisant les brûlis agricoles dans tout le Brésil pendant soixante jours pour tenter de freiner la multiplication des incendies en Amazonie face à une pression internationale croissante.
Les militants ont rapidement abandonné leurs espoirs que l’interdiction s’applique à la région reculée d’Amazonie, où la déforestation a pris de l’ampleur cette année, alors que les agences chargées de surveiller les activités illégales étaient affaiblies.
Le jour de l’entrée en vigueur de cette interdiction, 2 300 nouveaux feux ont été détectés, ce qui porte à 87 257 leur nombre total cette année, selon les chiffres du centre de recherche spatials brésilien.
Près de 1 500 des nouveaux incendies sont survenus dans le vaste bassin amazonien.
Cette année surpasse le record de 2010, où 132 106 feux avaient été recensées dans l’ensemble du pays.
C’est l’Etat de Para qui a été le plus touché jeudi, avec 587 nouveaux incendies, soit 67 % de plus que la veille.
La police a arrêté jeudi matin trois personnes qui mettaient le feu à des centaines d’hectares dans zone de conservation au Para.
Des milliers de soldats et de pompiers, ainsi que des avions, ont été déployés depuis le week-end, et le ministère de la Défense nationale a déclaré que les incendies étaient sous contrôle.
Bolsonaro a affirmé jeudi dans une émission en direct sur Facebook que « les incendies de cette année sont inférieurs à la moyenne des dernières années ».