Antisémitisme : Adidas rompt finalement son partenariat avec Kanye West
La collaboration entre la marque aux trois bandes et la star américaine a longtemps été l'une des fructueuses du monde de la mode
L’équipementier sportif allemand Adidas, fondé par deux frères membres du parti nazi, a annoncé mardi qu’il arrêtait « immédiatement » sa collaboration avec Kanye West, connu désormais sous le nom de Ye, après une série de remarques antisémites proférées par le rappeur américain ces dernières semaines.
« Après un examen approfondi, la société a pris la décision de mettre fin immédiatement au partenariat avec Ye », a finalement déclaré le groupe dans un deuxième communiqué. « Adidas ne tolère pas l’antisémitisme ou toute autre forme de discours haineux », a-t-il ajouté.
Le groupe allemand a également annoncé mardi « mettre fin à la fabrication des produits » de la marque Yeezy du rappeur. Le rappeur de 45 ans avait accusé Adidas d’organiser sans son approbation des événements marketing liés à la collection de baskets Yeezy, conçues par le rappeur et développées avec l’équipementier allemand depuis 2014 – un partenariat à succès qui a fait de lui un milliardaire.
Dans un premier communiqué, Adidas n’avait pas mentionné les récentes controverses, déclarant que sa collaboration avec le rappeur avait été « l’une des plus réussies de l’histoire de notre industrie » et qu’elle était « ancrée dans le respect mutuel et les valeurs partagées ».
Avec Beyoncé, Stella McCartney et Pharrell Williams, Kanye West compte parmi les célébrités avec lesquelles Adidas a noué un partenariat pour ravir sa clientèle dans le segment lifestyle et plus généralement doper ses ventes, en particulier en ligne.
Des défenseurs des droits humains avaient dénoncé le silence de l’entreprise allemande face aux commentaires du rappeur, connu désormais officiellement sous le nom de Ye, de plus en plus isolé des entreprises et des marques avec lesquelles il travaillait.
« Votre silence est un danger pour les Juifs », avait tweeté à l’intention d’Adidas Jonathan Greenblatt, directeur général de l’Anti-Defamation League, une ONG luttant notamment contre l’antisémitisme. « Nous ne pouvons pas laisser l’antisémitisme de Ye se normaliser – nous devons tous exiger qu’Adidas condamne sa rhétorique raciste en réévaluant leur partenariat. »
La compagnie allemande avait indiqué début octobre qu’elle allait réexaminer sa relation avec Kanye West, sans donner de motif. Il était apparu quelques jours plus tôt portant un t-shirt barré du slogan « White Lives Matter » lors d’un défilé de mode à Paris.
Ce slogan, utilisé par l’extrême droite américaine, détourne le nom du mouvement « Black Lives Matter », qui milite contre le racisme généralisé envers les Afro-Américains.
Quelques jours après cet épisode, Ye a été suspendu de Twitter après avoir tweeté qu’il allait s’attaquer aux juifs dans une publication depuis supprimée par le réseau social car enfreignant ses règles. Il a aussi été suspendu d’Instagram.
Une banderole a été accrochée ce week-end au-dessus d’une autoroute très fréquentée de Los Angeles, sur laquelle on pouvait lire « Kanye a raison à propos des Juifs » et « Klaxonnez si vous êtes d’accord ».
Ses auteurs, de la ligue des Goyim, ont été photographiés en train d’effectuer le salut nazi.
Lundi, l’agence CAA représentant Kanye West, l’une des plus importantes d’Hollywood, a indiqué mettre fin au partenariat.
La société de production MRC a de son côté annoncé annuler un documentaire pourtant déjà terminé sur le rappeur. « Nous ne pouvons soutenir aucun contenu qui élargisse son audience », a déclaré l’entreprise, citée par le Los Angeles Times.
D’autres personnalités du show-business, dont Ari Emanuel, le président d’une autre agence californienne, Endeavor, ont appelé toutes les entreprises à couper les ponts avec le rappeur. « Ceux qui continuent à faire des affaires avec Kanye West donnent à sa haine malavisée un public », a écrit Ari Emanuel dans le Financial Times. « Il ne devrait y avoir aucune tolérance, où que ce soit, pour l’antisémitisme de Kanye West. »
La semaine dernière, la maison de mode Balenciaga avait également mis fin à sa collaboration avec le chanteur.
« Les discours haineux ne sont jamais acceptables ou excusables », a écrit lundi sur Twitter et Instagram son ex-femme, Kim Kardashian, sans mentionner le nom du père de ses enfants. « Je suis solidaire de la communauté juive et je demande que la terrible violence et la rhétorique haineuse à leur égard prennent fin immédiatement », a-t-elle poursuivi.