Appels à la démission de Mansour Abbas
Des appels à la démission du chef du parti Raam se font entendre, suite à son refus de dire si Israël commettait des crimes de guerre contre le Hamas
Le chef du parti islamiste Raam, Mansour Abbas, est critiqué pour avoir refusé de répondre à une question concernant le comportement de l’armée dans le cadre de sa riposte contre les terroristes palestiniens du Hamas lors d’une interview en hébreu.
Abbas, qui s’est fait un nom, en 2021, en devenant le tout premier dirigeant d’un parti politique arabe israélien à faire partie d’une coalition gouvernementale, a déclaré mercredi lors d’une interview à la radio Kan qu’il « n’avait pas de réponse », lorsqu’on lui a demandé s’il pensait qu’Israël commettait des crimes de guerre dans son combat pour démanteler le groupe terroriste du Hamas.
« Je pense qu’Israël est aux prises avec cette question, je n’ai pas de réponse », a-t-il déclaré. « Je crois préférable de laisser les parties prenantes examiner ces questions et y apporter des réponses. »
Le procureur en chef de la Cour pénale internationale, Karim Khan, a annoncé lundi dernier son intention de requérir des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour « avoir provoqué l’extermination, employé la famine comme méthode de guerre, refusé l’accès à l’aide humanitaire et délibérément attaqué des civils lors des combats ».
Lors de cette même déclaration, Khan a annoncé son intention de requérir des mandats d’arrêt à l’encontre de Yahya Sinwar, le dirigeant du Hamas à Gaza, du chef militaire du groupe terroriste, Mohammed Deif ainsi que du chef de l’organisation, Ismail Haniyeh. Il a précisé qu’ils seraient accusés d’extermination, meurtre, prise d’otages, viols et agressions sexuelles.
Israël a fermement rejeté les accusations, reprochant à la Cour d’avoir implicitement comparé les dirigeants israéliens aux terroristes du Hamas.
Semblant saluer les accusations portées contre les dirigeants du Hamas – sans toutefois avoir directement abordé la question de la CPI -, Abbas a déclaré à l’antenne de Kan que le Hamas « devait payer le prix » des crimes commis « sans équivoque possible » contre les civils israéliens lors de l’attaque terroriste du 7 octobre dans le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Les propos du leader de Raam lui ont valu une levée de boucliers au sein de son propre parti.
Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook officielle mercredi soir, le parti Raam a rappelé que, dès le premier jour, il avait dit : « Les guerres n’apportent jamais de solutions » et avait plaidé pour la fin des combats et une solution à deux États pour instaurer une paix durable.
« Tuer des innocents, quelle que soit leur religion, quel que soit l’endroit dans le monde, est considéré comme un crime impardonnable », poursuit le communiqué. « Ce qui se passe dans la bande de Gaza – le fait d’affamer des enfants et des femmes, de bloquer l’aide humanitaire, sans compter le bombardement des hôpitaux et des mosquées – sont des crimes de guerre punissables par le droit international, et ce sont aussi des crimes impardonnables contre l’humanité. »
C’est la position officielle de Raam, conclut le communiqué qui ajoute que « c’est celle de nos organes et institutions officiels ».
Ibrahim Sarsour, qui a présidé le parti de 2006 à 2015, a appelé jeudi le Mouvement islamique à évincer Abbas, affirmant qu’il en avait « fait plus qu’assez ».
« Les déclarations de Mansour Abbas sont les siennes et ne représentent pas les valeurs et principes fondamentaux du Mouvement islamique et du parti Raam », a écrit Sarsour sur Facebook. « Je pense qu’il est temps pour Abbas d’envisager sérieusement de démissionner de son poste à la Knesset et de mettre fin à sa carrière politique. »
Pour clarifier sa position face au tollé, Abbas a publié une courte déclaration jeudi, a indiqué Kan, dans laquelle il a déclaré : « Il n’y a pas de guerres sans crimes contre des civils ou des innocents. Cela s’est produit dans la bande de Gaza pendant sept mois, et cela s’est produit dans les communautés frontalières le 7 octobre. »